Rencontre avec Béatrice Legayic, présidente de l’association Te api nui o te tifaifai.

Service de l’Artisanat Traditionnel – Pu Ohipa Rima’i

  Au fil de la culture

Expression artistique née d’un métissage inattendu, introduit par les missionnaires il y a environ 2 siècles et inspiré par les formes naturelles et artistiques polynésiennes, le tifaifai n’en finit pas de surprendre, tant par l’habileté et la patience qu’il requiert que par la créativité inépuisable dont il fait preuve, évoluant au fil des goûts et des besoins.

 

Collectif ou solitaire, avec appliques ou en mosaïques, utilisé ou soigneusement rangé, d’avis de Polynésiennes, le « vrai » tifaifai est avant tout celui qui est cousu à la main. Et c’est aussi celui que l’on a authentiquement reçu en cadeau lors d’une occasion particulière ; le tifaifai prend alors tout son sens en devenant un héritage, un patrimoine qui fait la fierté des familles.

Aujourd’hui, sa fabrication comme son utilisation se sont élargies. Couverture, couvre-lit, objet d’apparat, de décoration ou célébration, simple souvenir, le tifaifai remplit bien des fonctions, selon le sens que son propriétaire lui attribue, selon le style que les « tifaifaiseuses », comme les nomment Michèle De Chazeaux et Marie-Noëlle Frémy*, lui donnent, selon la raison pour laquelle il a été imaginé et conçu.

Motifs stylisés tirés de la nature ou de l’art, scènes de vie, assemblages géométriques, qu’ils soient d’inspiration traditionnelle ou moderne, éclatants de couleurs ou tons sur tons, dessinés à main levée ou tirés d’un précieux calque, les tifaifai donnent beaucoup à voir et à découvrir en façonnant, à leur manière, l’identité polynésienne.

 

Entrez dans la collection

 

Ces deux tifaifai qui vous sont présentés sont tirés de la collection de l’association Te api nui o te tifaifai. Ils ont tous les deux été primés lors d’un salon du tifaifai et acquis par l’association, qui constitue ainsi au fur et à mesures des éditions une collection très intéressante.

La première œuvre s’inspire d’un tifaifai d’antan – un éventail -, thème du salon de 2011. On appelle cela un tifaifai tahirihiri. C’est Béatrice Hoata qui l’a réalisé, il est entièrement cousu à la main. La finesse des points est tout à fait remarquable, tout comme la découpe qui rappelle une véritable sculpture. Environ quatre mois de travail sont nécessaires pour finaliser un tifaifai comme celui-là.

Le second tifaifai est une création d’inspiration contemporaine. Angelina Teave a imaginé cette pièce d’après le thème du salon de 2009, « les fruits du fenua ». Le jury a été séduit par son originalité, ses couleurs mais aussi par la qualité du travail réalisé.

Cette année, les artisanes devront s’inspirer du ape d’antan (feuille de taro) pour tenter de remporter le prix du plus beau tifaifai et entrer ainsi dans la collection de l’association.

 

 

 

Encadré

Tifaifai, tifa, tifai…

Le verbe tifa signifie joindre, assembler ; tifai en tant que nom désigne une pièce d’étoffe servant à raccommoder un vêtement tandis qu’utilisé comme verbe, il prend le sens de réparer. Dans son acception courante, le tifaifai est une « couverture faite d’un drap sur lequel on a cousu des appliques ou encore couverture faite de morceaux de tissu ».

 

encadré

15ème salon du tifaifai : Pratique

– Du 6 au 15 mai, de 9h à 17h

– A la mairie de Papeete

– Entrée libre

+ d’infos : 72 96 30

 

 

* Michèle De Chazeaux et Marie-Noëlle Frémy, « Le tifaifai », éditions Au Vent des îles, d’après le dictionnaire de l’Académie Tahitienne.

Vous aimerez aussi...