« Notre richesse culturelle est une chance »

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Vous la connaissez comme présentatrice et journaliste sur TNTV, vous la verrez bientôt sous un jour « culturel » dans sa prochaine émission : Taina Fabre a en effet créé une nouvelle version de « Mana Culture », plus personnelle, accessible et positive.

Peux-tu nous raconter ton actu, ce qui t’as occupé ces derniers jours ?

Depuis le mois de juillet, je travaille sur le nouveau concept de l’émission « Mana Culture »*, qui sera présentée dès le mois de septembre sur TNTV. Parallèlement, je réalise des portraits dans le cadre d’un partenariat avec l’évènement « Tahiti entrepreneur forum ». Nous avons un autre projet de module sur lequel nous travaillons pour la rentrée. Hors TNTV, j’écris des articles pour le magazine Boss.

Comment en es-tu venue au journalisme, à l’audiovisuel ?

J’ai toujours été attirée par cet univers. Petite, je me demandais comment les gens pouvaient rentrer dans ce petit écran et je voulais réussir à y entrer aussi… Bien que timide, j’ai d’abord commencé par présenter de petites rubriques dans l’émission « Api Hour », alors que j’étais encore étudiante en BTS Informatique. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de présenter des émissions (« xtrême tunning » et « tinu shopping ») pour des sociétés de productions externes. Mon diplôme en poche, on m’a proposé un remplacement pour « Ciné nui », qui a finalement duré plusieurs années. Travailler avec Ramzi fut une des expériences les plus enrichissantes de ma carrière. J’ai également pu vivre l’expérience du direct avec l’émission quotidienne « Firi Firi », aux côtés de Jeanne Peckett. Les émissions se sont alors enchaînées, « Manava », « Yoz », « Iaorana Kids »… J’ai voulu en apprendre davantage, en travaillant à la rédaction des sports avec Olivier Huc et Johan Bouit, où j’ai pu apprendre à réaliser un reportage de A à Z (écrire, filmer, monter). Puis j’ai intégré la rédaction de TNTV où j’ai appris à traiter des sujets d’actualité. Ces différents chemins m’ont permis d’explorer de nombreuses facettes du métier de journaliste. Aujourd’hui, je sais mieux ce que je veux mais surtout que j’ai encore beaucoup à découvrir.

Parle-nous de l’émission de « Mana Culture »…

C’est une émission que j’ai conçue et que je réalise entièrement en plus de la présenter. La création de ce projet me tenait particulièrement à cœur. J’ai traversé une période de quête identitaire où il m’est apparu indispensable de fouiller dans le passé de nos ancêtres ; je pensais que de connaître notre histoire m’aiderait à me trouver. Je n’ai pas forcément trouvé les réponses que je cherchais mais j’ai trouvé beaucoup plus : un apaisement. Cette démarche a contribué à la création du concept de « Mana Culture ». Je suis « demie », née en Métropole, élevée à la polynésienne par ma mère, immergée dans la culture française de mon père et du pays dans lequel je vivais. A 16 ans, je suis venue vivre en Polynésie. Si en France, j’étais la petite polynésienne aux yeux des autres, en Polynésie, j’étais la popa’a, je n’arrivais pas à trouver ma place. Je pensais qu’être demie était une tare, mais en grandissant et forte de nombreuses rencontres, j’ai compris que c’était une richesse. Pour cela, j’ai souhaité créer une émission culturelle ouverte, valorisante pour tout le monde en présentant des personnes d’ici ou d’ailleurs qui font la Polynésie d’aujourd’hui.

Il est question que Mana Culture présente des sujets du magazine Hiro’a, peux-tu nous en dire plus ?

Hiro’a,  « l’identité »… Ce magazine en est le reflet. Les personnages qu’il met en avant, les objets du patrimoine, les lieux culturels, historiques ou mythiques… Tout cela fait l’identité polynésienne. Il m’a souvent inspiré et j’avais envie de le valoriser, avec mes modestes moyens, en présentant aux spectateurs les sujets que le mensuel propose.

Quelle est ta définition de la culture ?

Nos croyances, nos peurs, nos façons de penser sont le résultat d’enseignements et de transmissions conscientes et inconscientes du passé. C’est notre culture. Je suis fascinée par le comportement humain. Revenir dans le passé est à mon sens une manière de mieux comprendre des comportements de la société. L’histoire en Polynésie est très riche et je trouve regrettable de ne pas la faire connaître davantage.

Quelle a été ta meilleure expérience culturelle ?

Je ne peux pas vraiment parler de meilleure « expérience » culturelle. J’aime me rendre sur des sites comme les marae, même si parfois j’y ressens d’étranges sensations. Le mana qui émane de ces lieux sacrés est très fort. Autrement, toutes mes rencontres dans le cadre de « Mana Culture » m’ont énormément apporté.  Avec les artistes et les historiens qui me racontent le fenua, j’apprends beaucoup, sur la vie, les gens et aussi sur moi. Je suis heureuse de pouvoir partager ces moments avec les téléspectateurs.

Une problématique culturelle qui te tiens à coeur ?

Je pense que la culture polynésienne n’est pas assez valorisée ! Sa richesse est une chance pour chacun en plus de représenter un vrai atout touristique…. Les artistes d’ici ont un talent fou et ne sont pas suffisamment pris au sérieux, de nombreux sites historiques sont abandonnés. C’est aussi une des raisons pour laquelle l’émission existe. Quel dommage que cet aspect soit tant négligé. En France ou ailleurs, des villes ont été sauvées grâce à leur patrimoine historique, culturel ou artistique. La Polynésie dispose de tout, pourquoi ne pas véritablement miser sur cette voie pour le développement touristique de notre Pays ?

Si demain on te donnait des crédits pour développer une action culturelle, que ferais-tu en priorité ?

On m’a déjà donné cette opportunité, puisque je réalise mon émission sur la culture et que je participe à ma manière à la promotion des évènements culturels et artistiques du fenua. Autrement, je donnerais plus de moyens aux institutions culturelles pour qu’elles puissent continuer à se développer.

Quelques mots sur l’avenir de TNTV ?

A l’heure où je vous parle, nous ne savons rien de plus sur l’avenir de notre chaîne. Personnellement, je reste positive, mais travailler sans avoir de cap est très difficile ! On navigue à vue. Je me focalise sur la rentrée, je dois terminer mon émission… On a encore jusqu’au 31 décembre 2011, autant continuer à fond jusque là, on verra ensuite.

Le mot de la fin ?

La culture fait partie de nous, il ne faut pas l’ignorer mais la valoriser. J’espère que mon émission vous plaira et que les messages positifs seront bien perçus.

 

* « Mana Culture », diffusée à partir de septembre sur TNTV, est une émission hebdomadaire de 13 minutes de proximité culturelle et artistique. Son but est de faire connaître des artistes, de promouvoir les évènements culturels ainsi que l’histoire polynésienne à travers ses sites.

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