Hiro’a n°175 – Le saviez-vous… Opération Bobcat

LSV Bobcat

Le saviez-vous ?

Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA) – Te Piha faufa΄a tupuna

Rencontre avec Jean-Christophe Shigetomi. photos : Mémoire polynésienne,   porteur du chantier Bobcats 2022

Opération Bobcat, 1942-2022

L’année 2022 est riche en commémorations pour l’île de Bora Bora. Il y a 300 ans, en 1722, le navigateur hollandais Jacob Roggeveen était le premier Européen à identifier l’île. Plus près de notre histoire contemporaine, en 1942, l’opération Bobcat inscrivait Bora Bora dans la grande histoire.

Il y a 300 ans, Pōpora de son nom polynésien, était identifiée par le navigateur hollandais Jacob Roggeveen. Son expédition, partie le 1er août 1721 des Provinces-Unies aux Pays-Bas à la recherche de la Terra Australis Incognita, se composait de trois navires : l’Africaansch Galey qui sera perdu à Takapoto, atoll des Tuamotu du nord, le Thienhoven et le Den Arend. La perte d’un navire aux Tuamotu invite le Hollandais à ne pas débarquer à Bora Bora. L’île ne sera finalement abordée par le capitaine James Cook qu’en 1769.

Mais il y a aussi 80 ans, l’opération Bobcat allait être gravée dans l’histoire et la mémoire collective de cette île.

Le 17 février 1942, lorsque les forces navales américaines abordent Bora Bora, l’implication des Établissements français d’Océanie dans la Seconde Guerre mondiale est désormais entière. Sous le code de Bobcat, l’île sera l’un de leurs premiers terrains d’opérations militaires extérieures. Et pas seulement une base de ravitaillement des convois en route dans le Pacifique sud, mais aussi une aire d’essai pour toutes les opérations militaires amphibies qui suivront dans le grand Pacifique puis en Europe. Pour les populations de Bora Bora alors épargnées par la guerre, l’opération Bobcat provoque leur éveil, certes brutal, sur le monde extérieur et une entrée de plein fouet dans le 20e siècle, bien avant l’île de Tahiti. Ce choc entre deux mondes sera notamment dénoncé par James Normal Hall, auteur de Lost Island. Mais l’île de Bora Bora gagne aussi une notoriété internationale pour devenir le fleuron de l’industrie touristique polynésienne, un mythe des mers du Sud.

Le SPAA avait publié un Cahier des archives de la Polynésie, l’Archipol no 13, spécialement consacré à l’opération Bobcat, « Bora Bora en 1942 ». Les ressources archivistiques du SPAA se complètent depuis des recherches entreprises sur ces quatre dernières années par Jean-Christophe Shigetomi et notamment la consultation des archives américaines ainsi qu’un accès à des fonds privés inédits. Ces ressources ont contribué à la réalisation, par la société Bleu Lagon, d’un film documentaire de 52 minutes qui a été projeté au Fifo en 2022, Sur les traces des GI à Bora Bora, et doivent conduire à la publication d’un quatrième opus sur les Tahitiens dans les guerres.

Des fresques et des sites

Néanmoins, ce matériau documentaire s’assortit également de nouveaux outils d’informations historiques pour les populations et les visiteurs férus d’histoire militaire. Dès votre arrivée à l’aérodrome de Motu-Mute à Bora Bora, un panneau illustré de cinq mètres en salle d’embarquement vous racontera la construction et l’exploitation des deux pistes ouvertes en 1943. Les textes sont en tahitien, anglais et français. Une fresque de sept mètres de long d’un DC 4 d’Air Polynésie vous rappellera l’envolée des ailes tahitiennes.

Une autre fresque murale de quelque dix mètres de long vous racontera aussi les Américains à Bora Bora. Elle se situe au restaurant Beach Club à Mātira et constitue une première étape incontournable dans le circuit touristique de l’île. Elle est composée de diverses illustrations qui ont été réalisées par Jean-Louis Saquet, graphiste de renom. Les textes sont en français et en anglais.

Le restaurant Yacht Club accueille tout autant un ensemble d’informations historiques et iconographiques sur l’US Navy lors de l’opération Bobcat.

Les infrastructures lourdes installées par les forces américaines constituent la principale trace de leur présence sur l’île pendant la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, leur accès demeure toujours difficile, car elles sont principalement situées sur des domaines privés et souffrent par ailleurs du manque de signalétique et d’informations historiques correspondantes. Ce qui n’est plus le cas de la batterie de deux pièces de marine de sept pouces à la pointe Ti’ara’a-vāhine-i-fiti’u’u, à Ha’amaire, dans le district de ‘Anau.

Grâce à ses propriétaires et avec le concours de l’association Mémoire polynésienne, le site a été réhabilité, les canons nettoyés de leurs graffitis. La batterie et le poste de guet disposent désormais de panneaux d’informations historiques sur les conditions d’installation de ces deux pièces par les CB (Construction Battalion) surnommés les Seabees ou cigales de mer et de leurs servants du 13th Coast Artillery. Les textes sont en tahitien, français et anglais. L’entrée du site est payante pour une somme très modique, l’entretien étant assuré par ses propriétaires.

Le site internet de Tahiti Tourisme relaye désormais l’ensemble de ces informations historiques et touristiques, en termes d’activités touristiques.

Enfin, le site de Ha’amaire devrait bénéficier des premières expériences en réalité augmentée permettant de premières reconstitutions historiques accessibles au moyen de tablettes et de smartphones. L’association Mémoire polynésienne et la société Extra Art figurent notamment parmi les huit lauréats nationaux de l’appel à projets lancé par le ministère des Armées pour les outils numériques innovants dans le tourisme de mémoire.

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