Hiro’a n°170 – Dossier : 50 ans, ça se fête !

Dossier

Rencontre avec Jean-Christophe Shigetomi, chargé de projet, Ambre Marza, médiatrice Culturelle, Alexandre Tenailleau, chargé de communication et Mylène Raveino, responsable des activités permanentes à la Maison de la Culture. Texte : Valentine Livine, TFTN et mentions.

50 ans, ça se fête !

GraffITI 50 ans

Te Fare Tauhiti Nui a cinquante ans. Un événement que la structure célèbre comme il se doit de décembre 2021 à janvier 2022 au travers d’animations et expositions pour tous les goûts et tous les âges. Le voyage commence avec une exposition historique.

C’est à Jean-Christophe Shigetomi que TFTN a confié la lourde responsabilité d’une exposition historique. Lourde car il en faut de l’expérience pour synthétiser cinquante ans d’histoire tout en captivant le public.

En passeur de mémoire passionné et accompli, Jean-Christophe Shigetomi a relevé le défi avec un incommensurable plaisir ! Plonger dans les archives, partir sur le terrain déterrer les souvenirs, raviver les mémoires, vérifier les sources. C’était aussi l’occasion de rencontrer ses anciens collègues, amis, ou figures emblématiques de la culture en Polynésie.

« ce travail de recherches a été intense, mais je le vis de l’intérieur, ça me transporte. J’applique une méthodologie rigoureuse pour vérifier chaque dire, chaque information. Je souhaite transmettre, laisser une trace écrite de la richesse de notre histoire. Ce travail passionnant a du sens : celui d’instruire les générations futures pour qu’elles fassent mieux que nous. »

Préparer l’exposition historique a également offert de beaux moments à Jean-Christophe Shigetomi. Entre souvenirs d’enfance, d’adolescent ou d’homme qui refont surface, il a vu certains événements avec un œil neuf. « À ma grande surprise, j’ai découvert Henri Hiro. Je pensais le connaitre pourtant, mais je me suis rendu compte que je ne comprenais pas qui il était en profondeur. Grâce à mes recherches pour l’exposition, j’ai compris. Et j’en suis très heureux. »

Histoire et QR codes

« L’exposition est disséminée au sein de la Maison de la culture. Le public chemine à la découverte de panneaux thématiques sur des supports de bambous tressés. Il découvre (ou redécouvre) via la lecture, les photos d’archives, mais aussi le son et l’image. »

Pour rythmer la visite, des QR codes sont insérés sur les panneaux. De courtes captures sonores et visuelles nous immergent un peu plus dans les thématiques développées par l’exposition. Seul aux commandes, Jean-Christophe aura eu besoin d’environ une année de travail, en jonglant avec les contraintes sanitaires, pour retracer le parcours de TFTN : du Petit au Grand théâtre, des bibliothèques aux directeurs successifs, du Heiva à la place To’atā… Il nous amène au cœur de TFTN, au cœur des pierres, au cœur des murs, au cœur des hommes et des femmes qui ont fait, et qui font aujourd’hui vivre la Maison la culture.

Une exposition virtuelle, vivante et permanente

Le second rendez-vous anniversaire est virtuel et propose une exposition en ligne. Mylène Raveino et Ambre Marza ont accompli un travail titanesque. Grâce à elles, nous pouvons découvrir gratuitement une partie du fonds d’œuvres de TFTN. Plongée virtuelle, mais non moins incroyablement réaliste, au travers de vingt-trois ans d’expositions. Mylène Raveino a quasiment toutes les œuvres en tête, avec leur référence. Cela a grandement facilité le travail d’Ambre Marza, médiatrice culturelle des activités permanentes (animations de vacances, expositions, événements ponctuels…). Parmi toutes les œuvres dont dispose TFTN, il a fallu faire un choix. « nous avons gardé unique- ment celles qui sont emblématiques, autant d’une époque que d’un style et d’un artiste. Une fois le tri effectué, nous avons pensé le cheminement, réalisé de nombreuses relectures pour arriver au résultat final », raconte Mylène. « nous avons isolé des thématiques majeures  : Photographies, contemporains, Années 1980, Œuvres abstraites, encre de chine, Aquarelles… afin de montrer le fonds d’œuvres dans toute sa diversité. »

Une fois les œuvres choisies, il a fallu les numériser. Un travail de fourmi réalisé par Ambre. « J’ai photographié la majeure partie de ce que nous souhaitions proposer aux visiteurs. Ensuite, j’ai traité chaque photo pour homogénéiser l’ensemble. Puis, nous sommes passées par un logiciel d’héberge- ment en ligne et nous avons entièrement construit l’espace virtuel. Je me suis chargée de l’aspect technique comme la création des salles d’exposition, le positionnement des œuvres, la mise en ligne des informations (biographie de l’artiste, dimension et nom de l’œuvre…). » Deux prestataires ont aidé Ambre et Mylène, l’un pour les interviews d’artiste en ligne sur YouTube, l’autre pour la capture et modélisation 3D des sculptures et objets en relief.

« Le but de cette exposition est vraiment de permettre à tous d’admirer les œuvres qui ont jalonné et marqué l’histoire de TFTN. Nous avons réalisé quelques entorses aux règles pures d’exposition, agrandi certains tableaux pour en valoriser la profondeur, mais au final, le rendu vaut le détour. Nous sommes fières, et fébriles aussi, de vous proposer cette exposition permanente », ajoute Ambre. En effet, le lien de l’exposition reste actif pour au moins les cinquante prochaines années  ! De quoi prendre le temps de visiter le fonds d’œuvres depuis chez vous, confortablement installé, et d’y replonger autant de fois que l’envie vous prend.

 

Encadré

Navigation fluide

Sur ordinateur ou autre support, la navigation est fluide. Le cheminement naturel conduit à visiter les différentes salles sans se perdre et, au besoin, une carte vous rappelle votre positionnement.

Respect de la propriété intellectuelle

Les œuvres sont protégées par des droits d’auteur. Tout visiteur est invité au respect de la propriété intellectuelle : pas de capture d’écran donc !

L’expo virtuelle en chiffres

1 musée virtuel

191 tableaux

142 artistes

30 sculptures

29 interviews

8 salles d’exposition

Pratique

L’exposition sera accessible à partir du site internet de la Maison de la culture www.maisondelaculture.pf, dans la rubrique des « 50 ans ».

Un lien vers le site d’hébergement vous immergera dans le musée virtuel. Attention, le chargement de la page dépend de la connexion internet de chaque usager.

 

Texte 2

La BD des 50 ans, un ouvrage remarquablement fort

Quand l’histoire de la Maison de la culture est divisée en cinq thèmes mémorables, proposée à des lycées et travaillée en concertation, cela donne un ouvrage très beau, unique et puissant.

La 21e édition du Salon du livre, en novembre, a été l’occasion de présenter la BD de TFTN. L’initiative, nous la devons à Mylène Raveino (alors responsable du département des activités permanentes) et Louisa Marmol (en charge de la médiathèque). « Pour honorer les cinquante ans de TFTN, j’ai pensé à la BB pour parler aux jeunes d’un vieil établissement ! », raconte Mylène Raveino. « Tout le monde connait la Maison de la culture, y a mis les pieds au moins une fois. C’est un lieu fédérateur et emblématique. Dès le départ, l’idée était de co-créer avec des établissements scolaires. Une fois le projet validé par la DGEE, j’ai isolé cinq thématiques que nous avons proposées à cinq lycées. »

Une BD aux multiples visages

Le lycée Tuianu Le Gayic a travaillé sur la thématique du renouveau culturel impulsé par Henri Hiro, le lycée Gauguin sur la médiathèque, La Mennais sur les expositions d’art via un hommage à Bobby, à Uturoa, on a opté pour le thème du Heiva et l’Isepp a choisi de travailler sur le Fifo. « Chaque groupe d’élèves a créé une fiction déclinée sur dix planches. C’est ce qui rend très vivante cette bande dessinée, lui donne de multiples visages, autant dans l’écriture, le traitement des thématiques, que le visuel avec des identités très marquées et différentes, explique Mylène. Nous leur avons fourni les informations pour faciliter leur travail, nous sommes allées à leur rencontre pour dynamiser la thématique et la rendre plus concrète. »

Un travail en concertation

Louisa Marmol a chapeauté la partie technique. « Je suis intervenue très tôt avec les élèves pour les guider dans la rédaction d’un scénario, recentrer leurs idées pour gagner en cohérence, relire leurs planches, les conseiller sur les polices d’écriture à utiliser… Je les ai aussi accompagnés dans la mise en page d’une planche comme, par exemple, comment et où situer le texte, comment organiser l’espace pour guider la lecture. Cette technicité, qu’ils ont vite absorbée, offre un ouvrage qualitatif et professionnel. »

En mise en bouche de chaque histoire, deux pages d’introduction : l’une présentant la thématique, l’autre les élèves et leurs professeurs. On plonge ensuite dans dix pages parfaitement exécutées par chaque groupe de lycéens. Au total : cinq fictions, cinq styles différents, cinq façons de s’approprier la culture et l’histoire de Te Fare Tauhiti Nui.

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Pratique

Les BD dans les CDI

Pour remercier les élèves-créateurs et leurs professeurs, chacun a reçu son exemplaire. La BD a également été distribuée dans tous les CDI des établissements scolaires. Elle est disponible à la vente au prix de 1 500 Fcfp, éditée par ΄Ura Éditions grâce au financement du ministère de la Culture.

 

Texte 3

Le street art s’invite à l’anniversaire !

Pour ses cinquante ans, Te Fare Tauhiti Nui fait peau neuve. Oti ! Finis les murs blancs ou défraichis.sur une initiative d’Alexandre Tenailleau, chargé de communication, le graff envahit les façades.

Ancien graffeur et artiste explorant de nombreux univers, Alexandre avait à cœur d’embellir et donner vie aux façades de son lieu de travail. Les cinquante ans de la Maison de la culture étaient l’occasion parfaite d’allier passion et célébration. Deux graffeurs professionnels ont presque carte blanche pour investir les murs, le cahier des charges étant mince, mais inflexible : respecter les thématiques à traiter. Jops et Abuze, aidés de leurs équipes, vont (et ont déjà) réaliser des fresques autour du Heiva, de la culture, de l’événementiel, de l’identité de TFTN…

Plus de 500 m2 à investir

La surface est belle, le premier mur à changer d’aspect est aussi le plus vaste : le mur d’accueil à l’entrée de l’Établissement. Face à To΄atā, il lui fait écho, répondant aux festivités par des peintures de danseuse, orchestre traditionnel, tū’aro mā΄ohi, colliers, fleurs, costumes, tatouages… Le Heiva en est le thème central.

On continue avec le hall du Grand théâtre autour de la thématique de l’événementiel. Le parcours se poursuit vers le guichet unique, puis vers le gros bloc dans le parking, face à la mer, qui portera une fresque dédiée à la vie marine. Le numérique est également un des thèmes déclinés par Jops et Abuze car TFTN investit énormément cette sphère depuis 2020. La salle Muriāvai, dédiée aux expositions d’art, va également changer d’aspect pour que l’art soit présent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la salle.

Le dernier mur à se métamorphoser sera celui du Petit théâtre, face au Paepae a Hiro. Le logo de TFTN ornera alors l’accueil de la salle mythique, en plein cœur de l’Établissement.

Travaux de nuit, aperçus de jour !

Les artistes et leurs équipes travaillent essentiellement la nuit. Ils ont touché les premiers murs le lundi 15 novembre, et ont attaqué peu de temps après. Les usagers et équipes de TFTN ont eu le bonheur de suivre l’avancée des projets artistiques à chaque passage. Un véritable plaisir que de découvrir chaque jour un nouvel élément du tableau !

Une nouvelle peau pour TFTN, une transformation attendue, en cohérence avec l’esprit du lieu : celui du partage, de la culture, de la joie, de l’accueil et de la découverte.

Abuze, rendez-vous tous les dix ans

L’artiste vit une histoire particulière avec la Maison de la culture, comme un anniversaire intime, un rendez-vous privilégié. Tous les dix ans, la vie du graffeur est rythmée par TFTN. Sa première peinture légale était le logo de la structure dans le Grand théâtre, puis, dix ans plus tard, le tableau sur le bloc du parking. Encore dix ans après, en 2021, la décoration des murs de TFTN avec Jops.

 

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