Hiro’a n°162 – 10 questions à Sara Aline, formatrice en communication et disciplines positives

« Apprendre à apprivoiser ses émotions » 

Le bureau des Activités permanentes de la Maison de la culture propose, depuis le mois de mars, « L’atelier émotion ». Animé par Sara Aline, présidente de l’association Parent autrement et formatrice en communication et disciplines positives, il a pour vocation d’aider les enfants à reconnaître et à mieux gérer leurs émotions. 

 10 questions 1 sara

Pourquoi avoir mis en place un tel atelier ?  

«  J’ai beaucoup travaillé avec les enfants. J’ai été notamment professeure éducatrice en classe maternelle, et les émotions ressortent beaucoup chez les petits. Les enfants comme les adultes environnants ne sont pas forcément outillés pour répondre aux émotions, pour les accueillir. Je trouve que l’intelligence émotionnelle devrait faire partie des fondamentaux de l’éducation. » À qui s’adresse ce nouvel atelier ? « Cet atelier est destiné à tous les enfants âgés de trois à dix ans. Pour les jeunes enfants, je demande à ce qu’au moins l’un des deux parents soit présent ; même pour les enfants plus âgés, je préfère qu’il y ait aussi un parent. La présence d’un parent permet de pérenniser davantage les outils, car cet atelier n’est pas seulement un travail individuel, mais familial. Si l’enfant intègre des outils mais pas sa famille, cela fonctionnera moins bien. »  

Ce travail sur les émotions de l’enfant doit donc se faire en collaboration avec les parents ?  

«  Tout à fait. C’est un travail d’équipe. Les émotions passent beaucoup plus rapidement quand l’enfant se sent entendu par ses parents. Il faut passer des moments, des temps de qualité avec son enfant. Il faut nourrir la connexion entre parent et enfant, c’est l’une des clés pour éviter les violences éducatives ordinaires. »  

Que sont les violences éducatives  ordinaires ? 

 «  Il existe beaucoup de violences éducatives ordinaires. Il ne faut pas dire à un enfant d’arrêter de pleurer, car s’il pleure, c’est qu’il en a besoin ; il ne faut pas nier ce qui se passe à l’intérieur de lui. Cela peut avoir des conséquences chez l’enfant. Il peut devenir rebelle et peut ne plus écouter ses parents, ces violences peuvent aussi le rendre introverti, il va alors tout camoufler à l’intérieur de lui.  Quand un parent crie ou tape sur son enfant, c’est parce qu’il est démuni face à la situation, il ne sait plus quoi faire. »  

Comment peut-on contrôler les émotions ?  

« Autant pour les adultes que pour les enfants, la première étape consiste à repérer les émotions quand elles arrivent. Il faut les sentir, les ressentir au niveau des sensations corporelles. La colère va être chaude, la tristesse plutôt froide. À partir du moment où on va voir arriver les émotions, on va pouvoir mieux les gérer, car lorsqu’elles sont déjà là, c’est trop tard, elles explosent. Ensuite, la seconde étape consiste à les exprimer, à les faire sortir. C’est seulement ensuite que l’émotion pourra redescendre, la respiration est très fondamentale. »  

Concrètement, comment se déroule un atelier ?  

« Je vais aborder une émotion par atelier, l’atelier dure une heure. J’utilise de nombreux outils, dont des livres que j’ai écrits : l’un porte sur la colère, l’autre sur la tristesse. Ces livres vont me servir de support, je prévois d’en sortir un sur la joie et un autre sur la peur. Au début de l’atelier, on va lire l’histoire, puis on va faire un retour sur cette histoire, les enfants vont discuter, échanger. Ensuite, ils vont pouvoir choisir chaque outil, présent dans le livre, qui leur plait. On va ainsi mettre en situation les outils proposés dans le livre. À la fin de l’atelier, on fera un récapitulatif avec la roue des choix. Les enfants choisiront ainsi les outils qu’ils préfèrent. Ils peuvent aussi en inventer d’autres. »  

Quels sont ces outils ?  

« Il existe de nombreux outils. Parmi eux, il y a une bouteille d’eau remplie de morceaux colorés flottants que l’on peut agiter.  Les enfants peuvent aussi, lorsqu’ils sont tristes ou en colère, dessiner leurs émotions, puis chiffonner et jeter le dessin. Les options sont multiples et font l’objet d’un temps de création pour que l’atelier puisse se poursuivre à la maison en cas de besoin. Il est important de préparer ses outils en amont, comme cela l’enfant fera le chemin mécaniquement et instinctivement. Il n’aura plus besoin de solliciter sa réflexion pour recourir à ce genre d’outils. »  

Les outils doivent-ils être en adéquation avec l’émotion ressentie ? 

 «  Par exemple, dans le cas de la colère, déchirer une feuille très fort comme un art martial en criant très fort, c’est un peu comme si l’enfant pousse, expulse sa colère à l’extérieur, la fait sortir de lui. Onpeut aussi crier dans un coussin, sauter. L’important est que la technique d’expulsion soit au même niveau que sa colère. »   

Comment sont considérées les émotions dans notre société ?  

«  Les émotions sont souvent cachées, minimisées, voire même dénigrées dans notre société. Les adultes disent souvent à l’enfant d’arrêter de pleurer ou de ne pas faire son bébé ou des phrases comme “cela suffit”, “ça va maintenant”, “du calme”… Je peux le comprendre, car certaines situations nous mettent dans l’inconfort. Il est difficile de voir son enfant souffrir, on souhaite qu’il aille mieux. Mais ces phrases ne devraient pas être dites, car il ne faut pas faire taire les émotions. Il faut apprendre à mieux les gérer. Il faut les exprimer d’une façon respectueuse pour tous, c’est-à-dire respectueuse de la personne en souffrance, mais également de l’environnement, car on ne peut pas exprimer non plus ses émotions au détriment des autres. »  

En quoi est-ce important d’apprendre à gérer ses émotions ? 

« C’est un pouvoir que l’on a sur nous, sur nos vies. Au lieu de les subir, on apprend à les connaître, on arrive à vivre avec. On les apprivoise et on découvre qu’elles sont comme des signaux d’alerte pour nous prévenir quand quelque chose ne va pas, on tombe alors sur les besoins. On peut approfondir les ateliers, car quand on commence à parler des besoins, ce sont des besoins universels comme un besoin d’appartenance, d’amour, d’attention. On va alors toucher la réelle raison de la colère, de toute émotion. » 

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Pratique  

L’atelier s’organise en deux créneaux, un mercredi par mois : pour les 7-10 ans (avec ou sans parents) de 14h à 15h ; pour les 3-6 ans (avec un parent) de 15h à 16h. • Prochain rendez-vous, mercredi 28 avril en salle Moana  

  • Entrée libre, dans le respect des mesures sanitaires en vigueur. 
  • Renseignement au bureau des Activités permanentes : 40 544 546 – 40 544 536ou [email protected] 
  • Facebook : Médiathèque de la Maison de la Culture

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