Hiro’a n°161 – Le saviez-vous ? Le digital pour promouvoir son art

Le saviez-vous ?

Centre des Métiers d ’Art (CM A) – Pu ha΄a pi΄ira΄a toro΄a ri ma΄i

Rencontre avec Vaihere Tauraa, artiste plasticienne et enseignante en arts plastiques au Centre des métiers d’art. Texte : Lucie Rabréaud – Photo : Vaihere Tauraa

 

Le digital pour promouvoir son art

Vaihere Tauraa

Sa première exposition individuelle annulée pour raisons sanitaires, Vaihere Tauraa ne s’est pas découragée et a organisé l’événement… virtuellement. Un grand succès : une interaction plus forte avec le public, une large audience débouchant sur des propositions professionnelles et la vente de toutes ses œuvres !

C’est au mois de décembre dernier que Vaihere Tauraa avait prévu de présenter sa première exposition individuelle. Mais voilà, d’autres restrictions sanitaires ont eu raison de sa tenue. Pour promouvoir l’exposition, Vaihere avait chargé Meraki production, dirigé par sa sœur, d’assurer sa communication. Toutes deux vont donc réfléchir au moyen d’organiser tout de même l’événement mais d’une manière différente : il sera entièrement virtuel. Les photos des œuvres sont donc postées régulièrement sur la page Facebook de l’artiste, aux mêmes dates que celles de l’exposition annulée, jusqu’au live animé par Vaihere sur cette même page et toujours visible actuellement. Quatorze œuvres, réalisées entre 2017 et 2020, déjà exposées à Tahiti, en galerie, au Musée de Tahiti et des îles et certaines appartenant à des commanditaires, ont ainsi pu être présentées pendant cette exposition virtuelle intitulée «  To’u Mana’o  ». Le direct sur Facebook a permis à Vaihere d’expliquer chacune d’entre elles  : sa démarche, la signification, la symbolique, ses outils…

Une initiative qui a demandé de l’organisation  : Vaihere a déménagé tout son salon pour en faire une salle d’exposition temporaire  ! Elle s’est également entrainée au live avec plusieurs tests et a surmonté son trac pour expliquer son travail, partager sa vision avec le public le plus large possible. «  J’ai touché plus de gens que lors d’une exposition classique  », se félicite Vaihere, heureuse de cette expérience réussie, et notamment des échanges avec les internautes qui ont joué le jeu, en posant des questions pendant le live. «  C’était un plaisir de parler de mes œuvres, cette interaction avec le public n’existe pas lors d’une exposition classique.  » Et l’intérêt d’une exposition virtuelle est qu’elle est disponible à n’importe quel moment et ici, pas de honte à passer les portes d’un musée ou d’une galerie, il suffit d’allumer sa tablette ou son ordinateur.

La crise sanitaire oblige à trouver des alternatives. La solution digitale se développe de plus en plus et s’avère, pour Vaihere, un grand succès à bien des égards  : par le contact et les échanges avec les «  visiteurs  » mais également financièrement puisque les œuvres qui étaient à vendre ont toutes trouvé acquéreurs. Elle a aussi reçu des propositions de travaux et d’exposition dont une qui se déroulerait en France.

L’année 2020 qui avait été plutôt difficile s’est donc bien terminée pour l’artiste plasticienne. «  Je pensais faire un live pour une dizaine de personnes mais j’ai eu beaucoup plus de succès ! » Aujourd’hui, elle souhaite garder ce lien qu’elle a construit avec le public sur Facebook. Son envie est aussi de rendre accessible son travail à toujours plus de gens. L’art, qui se fait plus rare en ces temps incertains, fait du bien, il permet de s’évader, de rêver mais aussi de réfléchir. Par sa détermination, Vaihere Tauraa y contribue.

Vaihere Tauraa : artiste et enseignante

Cette enseignante au Centre des métiers d’art, diplômée du CMA et de l’école supérieure d’art et de design de Toulon Provence Méditerranée, est aussi artiste plasticienne. Ses sujets guident le choix des médias  : peinture, sculpture mais aussi acrylique, stylo, filament PLA, plâtre, projections vidéos, cire… Elle prend celui qui lui semble le plus adéquat pour révéler sa pensée  : «  Je traite mes sujets tantôt avec légèreté tantôt avec gravité avec le médium répondant au mieux à mes envies, que ce soit de la peinture, de la photo ou de l’installation », écrit-elle dans le livre qui accompagne l’exposition virtuelle. Elle trouve son inspiration autour d’elle  : «  J’aime inviter les gens à se poser des questions sur toutes sortes de sujets  : l’identité, l’actualité, ce qui me traverse  », explique-t-elle.

Un livre pour « laisser des traces »

Vaihere a également édité un livre comme catalogue de l’exposition pour «  laisser des traces  ». C’est Tokainiua Devatine, professeur au Centre des métiers d’art, qui a préfacé l’ouvrage. Il explique le travail de l’artiste plasticienne  : «  Les œuvres de Vaihere questionnent notre humanité dans toute sa complexité, ses paradoxes et ses transgressions.  » To’u Mana’o, qui signifie «  ma pensée, ma vision  » en français, était comme une rétrospective de la création de l’artiste de ces dernières années. «  Ma démarche artistique évolue avec mes préoccupations qui se centrent principalement sur l’Humain, surtout le “nous”. Le “nous” d’hier, le “nous” d’aujourd’hui et le “nous” à venir.  » Ce catalogue est aussi une première  pour Vaihere qui permet à son public de prendre le temps de revoir une œuvre pour mieux la comprendre. Non seulement ses œuvres participent à la construction de la collection d’art contemporain polynésien mais ce livre «  permet de faire état, pour aujourd’hui et dans les temps à venir, d’une conscience artistique polynésienne et de mettre en valeur les expressions plastiques actuelles autochtones de la Polynésie. En effet, encore peu d’artistes polynésiens ont fait la démarche de publier un livre de leurs œuvres et de laisser des témoignages de ce qui fait sens pour eux sur le chemin de leur vie  », écrit Tokainiua Devatine. «  D’une sensibilité aigue et avec générosité, Vaihere nous invite à partager son intimité, ses escales artistiques. Je lui suis en cela reconnaissant car ce qu’elle nous offre est rare et précieux », conclut-il.

Ce livre est disponible sur simple demande à son auteur (page Facebook : VAi VAi).

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