Hiro’a n°161 – Le saviez-vous ? 16 octobre 1960 : premier atterrissage à Faa´a

Le saviez-vous ?

Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA) – Te Piha faufa΄a tupuna

16 octobre 1960: premier atterrissage à Faa´a

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Texte Alexandra Sigaudo-Fourny à partir des sources suivantes  : Tahiti Pacifique n°441 – « Première liaison aérienne Paris-Tahiti », Tahitije t’aime – Portrait de Sylvain par son fils Teva publié par Teva Sylvain, les archives des Nouvelles à disposition du Service du patrimoine archivistique et audiovisuel et avec l’accord de la Dépêche de Tahiti. Nos remerciements à Raymond Huang pour les informations et photographies personnelles de Jean-Claude Soulier.

Le 16 octobre 2020 a marqué les 60 ans de l’aéroport de Tahiti-Faa’a et les premières liaisons aériennes Paris-Tahiti avec la compagnie aérienne TAI. Jean-Claude Soulier, ancien rédacteur en chef adjoint de la Dépêche de Tahiti et membre de l’Amicale des anciens de la TAI, souhaitait monter une exposition pour l’occasion.  Il nous a malheureusement quittés avant de pouvoir mener son projet à terme. Retour sur cette aventure de construction d’un aérodrome sur le lagon qui a définitivement ouvert la Polynésie française vers le monde extérieur.

Orly, Athènes, Karachi, Saïgon, Jakarta, Darwin, Brisbane, Nouméa, Nandi et… Bora Bora. En 1958, les premiers vols de la compagnie aérienne TAI en partance de Paris suivent la route des Indes pour rejoindre la Polynésie française appelée les Territoires français de l’Océanie. À cette époque, Bora Bora est la seule piste accessible, vestige de la présence de l’armée américaine sur l’île, pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre du Pacifique. Pour atteindre Tahiti, il faut encore embarquer sur un hydravion de la RAI (qui deviendra Air Tahiti) et amerrir dans la baie de Papeete. «  Ce transfert aéromaritime offrit aux premiers voyageurs de la ligne une expérience touristique très pittoresque, dans une ambiance de fête typiquement polynésienne, à chaque arrivée ou départ de “l’avion de Paris”  », raconte Jean-Claude Soulier dans le magazine Tahiti Pacifique publié en octobre 2020. C’est l’arrivée des premiers touristes accueillis par les premières hôtesses polynésiennes, à l’instar de Paulette Viénot qui, quelques années plus tard, sera une véritable légende dans le secteur du tourisme, avec son agence Tahiti Nui Travel.

Paul Bernard, président de la TAI, rêve, lui, de voyageurs faisant le tour du monde sur des «  ailes françaises  » (TAI et Air France). Avec ses comparses, il soutient et milite pour la création d’un aérodrome à Tahiti. En 1958, le gouvernement français décide de financer ce projet. «  Malgré les difficultés qui s’annoncent, la décision est prise de choisir le site de Faa’a. La piste sera construite sur le lagon. L’expérience de ce type de travaux est alors très limitée, puisque seuls les Américains ont déjà réalisé des pistes opérationnelles du même genre dans le Pacifique durant la guerre et des pistes définitives à Hawaii en utilisant le corail. Le chantier de Tahiti-Faa’a constitue donc, pour les ingénieurs français, un banc d’essai pour l’utilisation du corail et la mise au point de ses conditions d’utilisation  », écrit Jean-Claude Soulier dans Tahiti Pacifique. Dans l’ouvrage Tahiti je t’aime – Portrait de Sylvain par son fils Teva publié par Teva Sylvain, on apprend que Robert Auzelle, architecte urbanisme, est à l’origine de la construction sur le platier : « Il a identifié cet emplacement grâce à une photographie de Sylvain sur laquelle il a dessiné l’emplacement de la piste du futur aéroport international de Faa’a. »

Deux ans de travaux

Le chantier va durer deux ans et le charmant motu Tahiri, tout comme l’accès à la mer pour les habitants de Faa’a, vont disparaître au profit d’une piste de 1  965  mètres. En parallèle, des négociations sont menées entre la France et les États-Unis pour permettre aux compagnies françaises d’accéder à la côte Pacifique des États-Unis. La TAI doit se charger notamment de la ligne TahitiLos Angeles, Air France assurant de son côté la liaison Paris-Montréal-Los Angeles. Plus tard, la TAI obtiendra les droits pour effectuer avec ses DC8 la liaison Paris-Los Angeles.

Le 16 octobre 1960, la foule est là pour accueillir son premier avion, un DC7C de la compagnie TAI. «  L’appareil est couronné comme il se doit par un immense collier de fleurs, pendant que les danseuses du groupe Heiva de Madeleine Moua se produisent et que les premières hôtesses polynésiennes couronnent les passagers, alors que appareils photos et caméras crépitent à tout-va. Durant plusieurs heures, ce sera un défilé permanent des habitants de tout Tahiti venus admirer le bel oiseau en provenance de Métropole. Le jour même, il repartira à destination de Honolulu et de Los Angeles. Le pari est gagné, avec la TAI, c’est la route de Tahiti qui vient de s’ouvrir. » L’aéroport sera inauguré officiellement le 4 mai 1961.


Jean-Claude Soulier, une vie de photos

Si Jean-Claude Soulier avait à cœur de raconter l’histoire de l’aéronautique dans le Pacifique, c’est parce qu’il faisait partie de cette grande famille avant d’embrasser le journalisme. Né en 1936, il avait quitté l’école d’Air France pour intégrer la TAI en 1954 en tant que technicien en maintenance. Pendant plusieurs années, il opère sur la zone Afrique et Extrême-Orient avant d’être affecté en 1959 à Tahiti. Ne souhaitant pas être muté à nouveau, il quitte la TAI en 1961 et s’installe définitivement en Polynésie française. Très jeune, Jean-Claude a développé une passion pour la photographie et, lors de son affectation à l’aéroport de Faa’a, il traînait avec lui sa caisse à outils et son appareil photo. Sa qualité de technicien lui facilitait l’accès en zone réglementée et lui permettait de photographier les personnalités qui débarquaient à Tahiti. C’est ainsi qu’il fit la connaissance du directeur du journal des Nouvelles pour qui il a développé la rubrique arrivée/départ en tant que pigiste. Après son départ de la TAI, il monte un laboratoire de photos et multiplie les activités annexes. En 1963, il intègre la rédaction des Nouvelles, puis en 1964 celle du Journal de Tahiti. Il finit par quitter la rédaction pour ouvrir un magasin de photos, l’agence Tiare Photo qui ne connaît pas le succès escompté. En 1979, il rejoint la Dépêche de Tahiti et y restera jusqu’à sa retraite en 2001. Jusqu’à sa disparition, il a collaboré avec l’OPT pour la philatélie, le marketing d’Air Tahiti et Tahiti Pacifique. Il a été nommé Chevalier de l’ordre de Tahiti Nui en 2001.

Bernard 2020 (15)

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