Hiro’a n°158 – Trésor de Polynésie : Techniques artisanales : une première formation réussie !

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TRÉSORS DE POLYNÉSIE – Service de l’Artisanat traditionnel (ART) – Pu Ohipa rima΄i

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Techniques artisanales : une première formation réussie !

Rencontre avec Mareva Orbeck, artisane spécialisée dans le coquillage de plage, et Sabine Tautu, présidente de l’association d’artisanat Taatira’a a te Mau Vahine Ganaia. Texte : Audrey Duchein – Photos : ART

En octobre 2020, le Service de l’artisanat traditionnel a organiséa à Ana’a une formation pratique destinée à valoriser et à professionnaliser son secteur. Vingt-quatre artisans des atolls de Ana’a et de Faaite, aux Tuamotu, ont ainsi pu acquérir connaissances, compétences et méthodes de travail dans la confection et la création de bijoux et de décorations en coquillages de plage. Un matériau prisé par la formatrice, Mareva Orbeck, qui revient sur le succès de cette expérience. Avec Sabine Tautu, présidente de l’association d’artisanat Taatira’a a te Mau Vahine Ganaia, elle partage son enthousiasme pour le renouvellement des savoir-faire techniques de sa communauté.

Mareva Orbeck est partie durant deux semaines, le cœur rempli d’entrain et les valises pleines d’outils, pour transmettre son amour de la création. Cette artisane, férue de coquillages de plage, était attendue par des artisans des atolls de Ana’a (13 femmes et un homme) et de Faaite (10 femmes), pour une nouvelle formation initiée par le Service de l’artisanat traditionnel. Sa mission : leur partager savoirs, savoir-être et savoir-faire en matière de fabrication et de confection de parures, bijoux, colliers et autres ornements en coquillages marins, une matière première naturelle abondante sur les plages de l’archipel des Tuamotu. Mareva a débuté en enseignant quels coquillages pouvaient être ramassés et comment les préparer. « C’était une nouveauté, il fallait être sur place pour montrer. » Il a suffi de présenter les possibilités offertes par ces coquillages pour vaincre les premières résistances au changement. « Quand les participants ont découvert ce que nous pouvions faire avec, alors la motivation et l’intérêt pour ces coquillages sont arrivés ! Ils ne s’attendaient pas à ce résultat. » Mareva a ensuite poursuivi sur ses techniques pour effectuer des couronnes grâce au nī’au blanc tressé, ou encore celles pour décorer les miroirs et les verres. Les démarches administratives concernant la professionnalisation de l’activité ont également été présentées. Et rien n’a visiblement échappé aux participants. En seulement deux semaines et avec un investissement de chacune – « elles allaient ramasser des coquillages tous les soirs, perçaient et enfilaient même le week-end » – le travail a pu être récompensé. « La nouveauté a bien fonctionné. Deux expositions ont été organisées et les māmā ont pu tirer un chiffre d’affaires conséquent en seulement deux fois quatre heures. Les touristes locaux ont apprécié les créations et les artisanes ont pu ajouter à leurs collections de nouveaux modèles qui fonctionnent. »

Un constat partagé par Sabine Tautu, présidente de l’association, également enthousiaste pour la découverte et le renouvellement des savoirs et des savoir-faire de la communauté d’artisans de Ana’a et de Faaite : « Après le départ de Mareva, les māmā de Ana’a étaient heureuses d’avoir pu renouveler leurs créations et utiliser des coquillages plus faciles à ramasser. Et je souhaite qu’elles puissent continuer sur cette voie. En effet, dans les années qui viennent, nous allons profiter du passage de l’Aranui et de l’affluence des touristes. Un embarcadère sera construit et nos artisans auront une place de choix pour valoriser leurs talents. »

Une réussite donc pour cette première formation du Service de l’artisanat traditionnel consacrée à un savoir-faire technique et des perspectives prometteuses pour l’artisanat dans nos îles.

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