Hiro’a n°158 – Le saviez-vous : Oscar Descamps : passion percussions !

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LE SAVIEZ-VOUS ? – Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau

p 32 COURS BATTERIE OSCAR-12 NOVEMBRE 2020

Oscar Descamps : passion percussions !

Rencontre avec Oscar Descamps, ancien élève du Conservatoire artistique de Polynésie française. Texte : F. Cibard – Photos : CAPF

Il s’appelle Oscar et fut médaille d’or du Conservatoire de la Polynésie française en percussions il y a trois ans : de retour pour quelques semaines au fenua, cet ancien élève de Stéphane Rossoni, qui poursuit des études supérieures de musique à Lille, a remplacé au pied levé son professeur tombé malade. Une occasion inattendue de plonger dans le bain.

Hiro’a avait prévu de rencontrer Oscar Descamps, brillant grand élève de Stéphane Rossoni en classe de batterie-percussions au Conservatoire, à l’occasion de son retour pour quelques semaines au fenua. Car en Métropole, la plupart des établissements culturels sont fermés à cause de l’épidémie, notamment le pôle supérieur de musique de Lille où ce jeune homme termine ses études et prépare son diplôme d’État. Quand Oscar a appris que son professeur était malade, il a spontanément proposé au directeur de l’établissement, Fabien Dinard, de le remplacer pour une semaine. Pari gagné pour ce pédagogue en herbe, qui a les rythmes et la scène dans le sang, et une belle histoire de famille, également : son père, Jérôme, est professeur de trombone et d’éveil musical au Fare Upa Rau et sa mère, Christine, est également artiste. Interview d’un jeune homme passionné et passionnant.

Oscar, tu reviens au Conservatoire trois années après ton premier départ et ta médaille d’or. Qu’y a-t-il donc dans ton bagage ?

Oscar Descamps : « J’ai étudié trois ans au pôle supérieur de musique et de danse de Lille. J’ai pris beaucoup de cours, fait beaucoup de rencontres, j’ai eu de nouveaux amis musiciens. Il y a eu beaucoup de travail dans des espaces différents, de nouvelles scènes, de nouvelles villes et de nouveaux publics. Et j’ai autant apprécié les grandes scènes de Musiques actuelles que les petits espaces partagés avec les enfants. J’ai accumulé de l’expérience, en fait. Je pense aux cours concernant la production, ou bien encore la musique électronique. Mais l’expérience était encore plus large, avec la pratique de la musique contemporaine dans des musées, dans des expositions, des festivals. Un beau travail aussi avec la musique à l’image, et la composition. »

Tu prépares également un diplôme d’État : à quelle voie te destines-tu ?

O. D. : « Je prépare effectivement un diplôme d’État en batterie-musiques actuelles, c’est ce qui va me permettre de pouvoir enseigner la batterie un peu où je veux. Disons que j’ai encore du mal à me projeter. J’attends de voir ce qui se propose à moi. Une chose est sûre : je suis sur la voie de “musicien, interprète et créateur”. C’est l’intitulé de mon diplôme. C’est assez juste : je crée mes propres musiques, je les joue soit en solo, soit en famille ou dans les groupes que j’ai intégrés ou même formés en Métropole et à Tahiti. »

C’est une drôle d’expérience, partir élève et revenir professeur !

O. D. : « Oui ! J’étais arrivé lundi pour saluer mon professeur, qui était tombé malade. Les cours se sont très bien passés. Tous les élèves sont contents et moi d’autant plus. Stéphane Rossoni a réussi à créer un véritable esprit de classe. Même si tous les cours sont individuels avec lui, on se connaissait, on a joué ensemble. Il y a toujours eu un bel esprit. Et là, j’ai intégré la classe en tant que professeur. C’est une sorte de continuité, car les grands élèves ont toujours donné des conseils aux plus jeunes. »

Ton père a-t-il eu une influence particulière sur tes choix ?

O. D. : « Bien sûr. Il m’a apporté beaucoup d’ouverture sur les musiques vers lesquelles on ne va pas forcément quand on est enfant. Il a également un groupe de Free Jazz, c’est quand même assez costaud à écouter. À côté de ça, pouvoir jouer pour les enfants, les comptines avec ma maman, c’est vraiment très chouette, et très beau aussi de jouer ces comptines que l’on écrit en famille, que l’on arrange. Normalement, quand on a écouté du Mozart, des comptines et du Free Jazz toute la journée, on est prêt à tout entendre ! »

Et les rythmes polynésiens, ça compte, pour toi ?

O. D. : « Évidemment ! C’est en arrivant en Métropole que je me suis rendu compte des atouts, des connaissances, de la culture que j’avais. Connaissance des instruments polynésiens, de la rythmique des pehe. C’est vraiment la Polynésie que je peux proposer et que j’ai envie de travailler, de mélanger. Pas forcément de moderniser. Ce n’est pas la démarche. C’est plutôt de réaliser que toutes les musiques sont une seule et même entité. Tout est possible. Prendre comme élément de départ pour une composition ou un album un rythme polynésien sur un tō’ere ou un fakete, c’est ce que je vais faire. C’est tellement évident d’intégrer ces rythmes à la batterie. Les percussions polynésiennes sont un terreau très fertile de création, de composition musicale. Si l’on rajoute le ’ukulele et les hīmene, c’est tellement riche ! »

légendes

Quand Oscar Descamps passe de l’apprenti à l’enseignant.

Cours de batterie avec Salomé.

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