Hiro’a n°158 – La culture bouge : Happy Hour at Home : savourez concerts et conférences depuis votre salon !

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LA CULTURE BOUGE Maison de la Culture (TFTN) – Te Fare Tauhiti Nui

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Happy Hour at Home : savourez concerts et conférences depuis votre salon !

Rencontre avec Alexandre Tenailleau, chargé de communication de TFTN, Steve Angia du groupe Sissa Sue O’Kota’i, Mareva Leu de l’association Littéramā’ohi, le chanteur Eto et Fariki du groupe Toa Ura. Texte : Lucie Rabréaud – Photo : D.R

Poursuivre la diffusion de la culture malgré les contraintes sanitaires en place… La Maison de la culture dématérialise les contenus culturels pour les partager sur sa plateforme numérique Culture chez vous et donne rendez-vous au public le vendredi, de 19 à 20 heures pour les « Happy Hour at Home ».

Comment diffuser la culture alors que tout regroupement est interdit ? Au cours de l’année 2019, la Maison de la culture réfléchissait à étendre davantage son champ de diffusion et ainsi, répandre la culture polynésienne jusque dans les coins les plus reculés de nos territoires, mais aussi au monde entier. En 2020, cette idée s’est retrouvée boostée par la situation sanitaire et ses conséquences. Les événements habituels annulés, les regroupements interdits, la plateforme Culture chez vous prenait tout son sens. « L’établissement s’est naturellement tourné vers un usage accru du numérique pour satisfaire ses habitués, mais également capter de nouveaux visiteurs virtuels. » Ainsi, l’établissement continue à assurer ses missions de promotion et de diffusion de la culture polynésienne. Depuis son lancement lors du spectacle Te Aho Nunui du groupe O Tahiti E en août, puis lors du Festival Fa’aiho en septembre, la plateforme Culture chez vous rencontre un succès grandissant. Plusieurs centaines d’internautes profitent de spectacles, émissions, pie ce de théâtre ou concerts depuis leur salon, en live ou en VOD et bien souvent gratuitement.

En complément d’un catalogue qui compte déjà plusieurs dizaines de spectacles sur de nombreuses thématiques, la Maison de la culture donne désormais rendez-vous au public pour des « Happy Hour at Home » tous les vendredis de 19 à 20 heures et jusqu’au 18 décembre. « Ces « capsules » culturelles mettront en valeur plusieurs disciplines culturelles au travers de personnalités, de chanteurs, d’associations, de groupes de danse ou encore de spécialistes. » Les artistes et spécialistes évolueront à huis clos, en petit comité, au Petit théâtre, et Te Fare Tauhiti Nui se charge ensuite de transmettre les émotions jusque dans vos fare… L’objectif de ces tournages est de permettre à la population d’avoir accès à des contenus de qualité et variés mais aussi d’aider les artistes ou conférenciers qui n’ont malheureusement pas eu beaucoup d’opportunités de retrouver leur public cette année. Ces émissions culturelles seront à retrouver gratuitement en ligne, en live et en replay. De nouveaux contenus sont en préparation, avec prochainement des rendez-vous de découvertes et d’initiations à de nombreuses disciplines : japonais, yoga, poterie… une partie des enseignants de l’établissement se sont prêtés au jeu, pour des capsules variées et passionnantes.

PRATIQUE

• Proposés en fin de semaine, pour un effet after work assuré, il suffira de se rendre dans l’espace « Culture chez vous » du site internet www.maisondelaculture.pf les vendredis, de 19 heures à  20 heures, pour vivre un moment de culture unique en accès libre.

• Vendredi 4 décembre, 19 heures : concert du groupe Toa Ura

• Vendredi 11 décembre, 19 heures : Parau tumu/ paroles autochtones avec l’association Littéramā’ohi

• Vendredi 18 décembre, 19 heures : concert du groupe Sissa Sue O’Kota’i de Steve Angia

Encadré 1

Connectez-vous

Pour être sûr de ne rien rater, abonnez-vous à notre page Facebook : Maison de la Culture de Tahiti, et suivez la programmation précise des « Happy Hour at Home ». Et si l’informatique n’est pas votre truc, que vous n’êtes pas à l’aise sur ordinateur, que vous n’avez jamais suivi un concert, un spectacle ou une conférence en ligne mais que vous aimeriez commencer un jour, la Maison de la culture vous accompagne et vous guide étape par étape (renseignements au 40 503 100).

Encadré 2

Steve Angia et son groupe Sissa Sue O’Kota’i

« Nous devions faire l’événement To’are en novembre, mais malheureusement, le concert a été annulé à cause de la situation sanitaire. Ces Happy Hour at Home sont une bonne chose car les artistes ne sont pas confinés : ils peuvent toujours s’exprimer ! C’était dur moralement toutes ces annulations, surtout que certains d’entre nous n’ont pas de travail fixe et ils dépendent de ces événements. On est obligés de s’entraider. Mais on comprend bien sûr ces annulations, compte tenu de la situation sanitaire. Je suis allé voir la plateforme numérique de la Maison de la culture et je trouve que c’est une bonne solution. Au moins, la culture continue à être diffusée. Quand ils nous ont contactés, nous avons tout de suite accepté le concept. C’est sûr que ça va être bizarre, l’ambiance va être différente mais l’important est de continuer à partager notre culture avec les Polynésiens et à l’international. D’ailleurs, nous sommes en train de préparer des shows en story sur Instagram. À l’international, le public qui connait notre culture et Tahiti n’attend que ça ! On le fait pour le fenua, on ne baisse pas les bras ! »

Mareva Leu de l’association Littéramā’ohi

« Je vais souvent voir la plateforme numérique Culture chez vous de la Maison de la culture. Le mouvement a été mondial : beaucoup d’établissements et d’acteurs culturels ont mis à disposition des contenus sur l’Internet. On se retrouvait enfermé du jour au lendemain, il a fallu trouver des échappatoires ! Le Fifo a également partagé du contenu en mettant des films en ligne, visibles gratuitement. La culture devait rester active et vivante. Avec l’association Littéramā’ohi, nous avons eu la chance de faire le Pīna’ina’i. C’était différent, en live mais sans public… Une première ! J’avais peur qu’on ne se sente pas dans le truc, qu’on ne soit pas transcendé comme à chaque fois mais pas du tout ! Nous avons tous été à fond. Dès qu’on monte sur le paepae a Hiro, qu’on se retrouve sous le ora, on sent le mana. Pour ce Happy Hour at Home, l’association Littéramā’ohi va proposer des lectures de textes d’auteurs autochtones. Nous gardons notre objectif principal : promouvoir et valoriser la littérature autochtone. Quelques membres de l’association ont choisi des textes qu’ils souhaitaient partager pour cet événement. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais j’espère toucher les gens et les faire venir à la littérature autochtone. La Maison de la culture adapte tous leurs contenus et événements à la situation, ce qui n’est pas facile. On a la chance de tenir quelques événements en dépit des circonstances. Les acteurs de la culture, que ce soit dans les arts, la musique, la danse, ont montré leur capacité d’adaptation cette année. Tout le monde a été créatif et imaginatif. Je trouve ça transcendant ! C’est une belle preuve de résilience. On se réinvente tous les jours ! »

Encadré 3

Eto

Eto a inauguré le 20 novembre les concerts de Happy hour at home. Il nous en a parlé avant de monter sur scène : « Le décor reprend l’idée d’un salon avec des canapés, une table basse… J’ai donc préparé, avec mes musiciens, un « concert salon » ! Je trouve le concept génial. Il y a eu beaucoup d’annulations cette année, c’était compliqué de mettre en place des projets. Je trouve ça super qu’ils aient pensé à nous : pouvoir encore faire des concerts et proposer un événement de qualité grâce aux équipes de la Maison de la culture, c’est une grande satisfaction. Nous touchons un cachet pour notre prestation, ce qui montre que nous sommes reconnus. Ça fait plaisir. Le fait que ça se déroule sans public ne me gêne pas. Je prendrai un petit moment pour parler de mes compositions, je ferai comme si les gens étaient là, devant moi. J’ai déjà fait des live Facebook pendant le confinement et même si les gens n’étaient pas devant moi, ils étaient là, derrière leur écran, ils réagissaient, envoyaient des messages, demandaient des chansons. Il y avait beaucoup de réactivité et de partage. L’important est aussi qu’on s’éclate sur scène car il n’y a pas beaucoup de moments comme ça cette année. Et pour la première fois, je ne vais proposer que des compositions. Il n’y aura pas de reprises, que du Eto ! C’est un super projet et j’ai hâte d’y être. »

Fariki de Toa Ura

« Happy Hour at Home nous offre l’opportunité de nous produire sur scène, ce qui n’a pas du tout été le cas depuis le début de l’année. Faute de concerts, nous avons profité de cette pause pour composer et écrire, faire de nouveaux morceaux. On est prêts pour faire un album mais c’est un gros investissement, alors ça attendra. Du coup, nous avons des morceaux inédits à présenter et cet Happy Hour at Home sera l’occasion de les chanter et les jouer. Comme nous sommes aussi connus à l’étranger, notamment au Japon et au Mexique, on espère qu’ils vont nous voir et réaliser qu’on existe toujours ! C’est sûr que sans public, l’ambiance ne sera pas la même mais l’envie est toujours là. On ne voit pas le public mais on sait qu’il sera là, derrière son écran. C’est une bonne chose ces nouveaux événements. La Maison de la culture compose avec les conditions et rebondit. Cela fait plaisir de voir qu’ils pensent aux artistes. J’ai moi-même regardé des live sur l’Internet, notamment l’hommage à Jean-Claude Teriierooiterai, j’ai appris beaucoup de choses, c’était très intéressant. Nous allons reprendre les répétitions, se revoir, montrer au public qu’on est là et se faire plaisir. On veut aussi transmettre un message à la population : bien écouter les consignes des autorités et se protéger. On a hâte qu’une solution soit trouvée à cette maladie et que la vie reprenne son cours. »

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