Hiro’a n°157 – Le saviez-vous ? Le Heiva se prépare à une refonte de son règlement

Le saviez-vous ?

 

Rencontre avec Manouche Lehartel, chorégraphe et responsable du comité de refonte du Heiva i Tahiti et Vaiana Giraud, responsable de la communication de la Maison de la culture. Texte : E.C. – Photo(s) : TFTN archives

 

Le Heiva se prépare à une refonte de son règlement

 

Le règlement du Heiva i Tahiti tel que nous le connaissons aujourd’hui a été entièrement rédigé en 2001. Le ministère de la Culture a souhaité profiter de l’année blanche 2020 due à la crise sanitaire pour le mettre à jour. Dans une « démarche participative », un comité d’experts a été réuni par le ministre, piloté par la chorégraphe Manouche Lehartel. Le comité a organisé une vaste consultation des chefs de troupe et acteurs du Heiva i Tahiti pour recueillir leurs analyses et leurs suggestions.

  

La refonte du règlement, cela fait un moment qu’on en parle ≫, confie Vaiana Giraud, responsable de la production à la Maison de la culture. C’est que le texte a bientôt vingt ans et ne répond plus au contexte actuel sur certains points. ≪ En 2001 déjà, on a tenu compte des changements des modes de vie, on ne pouvait plus continuer à faire des spectacles de 1 h 30 à 2 heures ≫, précise Manouche Lehartel. Si ce règlement a fait ses preuves, les demandes de modification toujours plus pressantes des chefs de groupe à chaque réunion préparatoire du Heiva i Tahiti appelaient un travail de fond.

On a une nouvelle génération très présente, il faut qu’elle puisse faire part de ses attentes ≫, reprend Vaiana.

Rendre plus cohérent et alléger

C’est donc avec eux que le règlement va s’élaborer comme en 2001, après un travail de consultation des groupes, dans une démarche ≪ participative . Des membres des jurys de la dernière décennie, la plupart des chefs de pupu Hīmene Tumu, de pupu ’ori Hura Tau et Hura Ava Tau actifs, des chefs d’orchestre ainsi que des auteurs de thèmes ont été auditionnés, énumère Manouche Lehartel. Leurs analyses et leurs suggestions sont refondues dans l’élaboration du règlement 2020 et de nouvelles fiches de notation sont rédigées en conséquence. Ces documents seront ensuite soumis à la validation des chefs de groupe et éventuellement révisés en fonction de leurs retours. ≫ Objectif? Donner plus de cohérence au texte et alléger les fiches de notation de façon à dégrossir le travail du jury qui pouvait se retrouver avec quinze pages de notations à étudier. Mais il s’agit aussi de protéger ce même jury, parfois victime des foudres de mauvais perdants.

 

Un contexte adapté à ce travail de fond

A la tête d’un petit comité d’experts en chants et en danses traditionnels – dont Vaihere Pohue-Cadousteau, auteure et cheffe de groupe, Moana’ura Tehei’ura, chorégraphe et metteur en scène indépendant, Myrna Tuporo, dite Mama Iopa, grande spécialiste du chant –, Dayna Tavaearii et Ma Zinguerlet, également spécialistes en chant traditionnel, ainsi que des représentants de l’organisation, Te Fare Tauhiti Nui, la chorégraphe a donc pour mission de piloter ce ≪ chantier ≫ que le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu, lui a confié. Et cette ≪ année blanche ≫ due à la crise sanitaire offre la possibilité de se consacrer à cette question récurrente, y compris au niveau du jury. ≪ Il y a eu l’intervention de Matani Kainuku en 2017, celle de Moana’ura Tehei’ura en 2018, puis de Jean-Marie Biret en 2019. Ils se sont tous accordés sur la nécessité de réviser ces documents dans leur ensemble ≫, ajoute Manouche Lehartel, précisant par ailleurs que ≪ les fiches de notation des concours ont été partiellement remaniées au fil du temps ≫. Le moment s’y prête d’autant plus qu’il permet aux groupes d’échanger sans être ≪ parasités ≫ ni ≪ tentés ≫ de suggérer des changements qui vont dans leur sens en marge de la compétition. ≪ On sent bien selon les années que les modifications sont demandées en fonction de telle ou telle contrainte que rencontre chaque groupe sur son propre spectacle ≫, commente Vaiana. De quoi donc aborder plus sereinement de nombreuses questions comme l’âge des musiciens ou le manque de dynamique et de visibilité de certains ≪ concours dans le concours ≫, à l’instar de celui des orchestres imposés, notés pendant tout le Heiva sur les mêmes rythmes. ≪ C’est intéressant d’avoir le regard de toutes ces personnes, indique Vaiana. Sur certains points, il y a peut-être une lassitude. Comment donner envie aux artistes de s’impliquer davantage, de leur donner plus d’enjeux ? ≫ Une question parmi tant d’autres à laquelle il appartient au comité d’experts de répondre, de concert avec tous les intéressés, à travers un règlement remanié de ce concours phare. Les réunions de validation permettront de finaliser les règlements d’ici la fin de l’année, afin d’ouvrir les inscriptions au concours dans la foulée. Le Heiva i Tahiti fêtera ses 140 ans d’existence en 2021, une belle occasion d’inaugurer ces nouveaux textes !

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