Hiro’a n°157 – La Culture bouge : Maryline Pahutoti, le tapa dans les veines

Rencontre avec Maryline Pahutoti, experte en tapa. Texte : Pauline Stasi-

Photo : Maryline Pahutoti

Maryline Pahutoti, le tapa dans les veines

 

En novembre, le 50e salon des Marquises devait réunir de nombreux artisans de cet archipel à l’instar de Maryline Pahutoti. Originaire de Fatu Hiva, l’artisane est baignée dans le monde du tapa depuis sa jeunesse. Au fil des années, la Marquisienne, qui habite désormais dans l’île de Ua Pou, a fait de sa passion pour cette étoffe confectionnée à partir d’écorces, son métier.

 

 

Il suffit de parler à Maryline Pahutoti de tapa pour que tout de suite, la Marquisienne devienne prolixe et sa voix, chantante. Initiée par sa marraine, alors qu’elle n’a que quatorze ans, l’existence de Maryline Pahutoti tourne depuis autour de cet art ancestral des Marquises. Et, il faut bien l’avouer, près de trente ans plus tard, l’osmose est parfaite entre le tapa et la Marquisienne. ≪ Cela fait partie intégrante de la culture de ma famille, mon arrière-grand-mère faisait déjà des tapa, puis elle a transmis cela à ma grand-mère et ainsi de suite, jusqu’à ce que ma marraine Mareva Gilmore, réputée comme l’une des meilleures spécialistes du tapa, me l’apprenne à mon tour ≫, explique Maryline Pahutoti, fière de ses racines. Au fil des années, la Marquisienne est devenue une experte de cet art local. Désormais, il n’a plus aucun mystère pour elle. ≪ Pour avoir une belle écorce, il ne faut pas couper le bois n’importe quand ! Pour le banian, c’est lorsque la lune est noire ; pour le murier, il faut attendre la pleine lune et pour le ’uru, il ne faut pas de lune. Tout cela est important pour faire un beau tapa ≫, confie la connaisseuse.

 

Entre 300 à 400 motifs différents de tapa

Mais une fois le bois coupe en bonne et due forme, le chemin est encore long pour aboutir au tapa idéal. Il faut ensuite battre le bois. Pour cela, Maryline Pahutoti possède un trésor inestimable : un battoir datant de quatre générations. ≪ On m’a déjà proposé de le garder dans un musée, mais je ne veux pas, j’aime travailler avec lui ≫, souligne malicieusement la Marquisienne. Une fois l’écorce prète, reste à Maryline Pahutoti la délicate mission de peindre les motifs. Là encore, elle détient de nombreux atouts. ≪ J’utilise un pinceau fabriqué avec des cheveux, c’est très important. Ma famille m’a aussi légué quatre générations de motifs, cela représente entre 300 à 400 motifs. Je les connais tous. En fonction du tapa, je vais dessiner des motifs différents, parfois ce sera des hiéroglyphes, d’autres fois, des motifs représentant la naissance, un guerrier, par contre, je peins rarement la mort ≫, confie la Marquisienne, dont on ressent l’amour absolu pour cet art. Et si Maryline Pahutoti a exposé à Paris, à Nouméa ou encore à Hawaii, et aime expliquer avec passion les motifs à ses clients, une chose passe avant tout : la transmission de ce savoir-faire. ≪ Notre culture est très forte, il est important que les jeunes prennent la relève, c’est mon vœu le plus cher ≫, avoue-t-elle d’un ton plein d’espoir.

 

PRATIQUE

  • En raison de la crise sanitaire le 50e salon des Marquises a été annulé.

Pour plus de renseignements : 40 545 400

  • www.artisanat.pf

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