Hiro’a n°154 – Dossier : Fa’aiho : faire renaître la culture

Dossier

Maison de la Culture (TFTN) – Te Fare Tauhiti Nui

Rencontre avec Vaiana Giraud, responsable de la production et de la communication de la Maison de la culture ; Mylene Raveino, responsable des activités permanentes de la Maison de la culture ; Enoch Laughlin, président de la Fédération des sports et jeux traditionnels. Texte : Lucie Rabréaud – Photos : TFTN

 

Fa’aiho : faire renaître la culture

 

La rentrée de la Maison de la culture sera marquée cette année par la première édition d’un festival culturel rassemblant toutes ses activités : ateliers, musique, lecture, danses, spectacles, soirée littéraire, sports, contes, concerts… Un enthousiasmant cocktail culturel !

Après ces quelques semaines d’annulation de spectacles et de fermeture de toutes les activités de la Maison de la culture, l’établissement veut renouer avec son public et fêter sa rentrée. Impulsé par le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu, cet événement a été souhaité et organisé pour « relancer la culture ». Ce festival de rentrée intitulé Fa’aiho, qui signifie « faire renaître », va réunir tous les acteurs et artistes qui gravitent autour de la Maison de la culture, du mercredi 12 au samedi 15 aout. Quatre jours remplis de spectacles, d’animations, de lecture, de concerts, de conférences, d’échanges, d’initiations… Bref, quatre jours consacrés à la culture dans sa forme la plus large. « Nous voulons remettre tous ces artistes et intervenants culturels sur le devant de la scène, les reconnecter avec leur public », explique Vaiana Giraud, responsable de la production et de la communication de la Maison de la culture. Tous les espaces seront donc occupés : le paepae a Hiro et ses alentours, la Médiathèque, la salle de projections, la salle Muriāvai, le Petit et le Grand théâtre, le chapiteau. La Maison de la culture poussera même ses murs jusqu’aux jardins de Paofai ou se dérouleront des concerts et le Tū’aro Mā’ohi. Pour la première fois, il sera possible de rencontrer directement les professeurs et les animateurs des ateliers de la Maison de la culture, qui viendront présenter leur activité et proposer des initiations. Des rallyes lecture, consacrés au fonds polynésien, seront organisés tous les jours dans la bibliothèque enfants. A la Médiathèque, les adultes pourront assister à des rencontres éditeur/auteur et a une soirée littéraire spéciale « épidémies ».

Sur le paepae a Hiro, le public pourra participer à des initiations au yoga, au tai-chi, au ’ukulele, ou assister à des conférences-rencontres et déjeuner en musique en écoutant un trio musical. En soirée, le programme sera aussi riche avec, au Petit théâtre, un concert de Félix Vilchez le mercredi et samedi soir, une représentation des Comptineurs le jeudi soir, Papa Tihota, Toto et Tashi et les Pukan’s vendredi soir. Tandis qu’au Grand théâtre, deux groupes de danse se partageront les soirées : Hei Tahiti et Tamariki Poerani. « L’organisation de ce festival est un challenge pour nous car il part dans plusieurs directions artistiques différentes. Il y a des choses très variées programmées en journée et en soirée, on sort des cadres, on se fait plaisir, sourit Vaiana Giraud. Cela montre aussi la richesse et le foisonnement culturels qui existent ! » La Maison de la culture paye un cachet aux artistes qui se produiront pour participer à la relance économique après ce premier semestre difficile et laisse l’entrée libre pour le grand public afin que les visiteurs soient les plus nombreux possibles à profiter de ce festival festif et éclectique !

 

Pupu hīmene et musique moderne

Chaque soirée du festival, les jardins de Paofai accueilleront un groupe de pupu hīmene et un groupe de musique moderne. Tuakana le premier soir, puis Verua, Sissa-sué O’kota’i et Eono, les soirées suivantes. La soirée commencera par les chants traditionnels polynésiens et se terminera avec le groupe de musique moderne. Mais l’interlude entre les deux parties sera particulièrement intéressant puisqu’ils devront proposer une transition ensemble. Une rencontre des genres qui se veut joyeuse et originale !

  • Tous les jours du festival, dans les jardins de Paofai, à partir de 18h30.

 

Une soirée débat sur les épidémies dans la littérature et les arts

Le moment semblait tout à fait propice pour aborder ce thème ! Après une première soirée littéraire organisée autour de l’œuvre de Victor Segalen en novembre 2019, la deuxième se déroulera dans le cadre du festival Fa’aiho sur « les épidémies dans la littérature et les arts ». John Mairai traitera du thème « de l’épidémie a la fiction » ; Riccardo Pineri de La lune et cent sous de Maugham ; Carole Atem de l’épidémie de peste dans l’armée du roi Soleil racontée dans les Mémoires de d’Artagnan écrits par Courtilz de Sandras ; Jean-Christophe Shigetomi de l’année 1863 quand la variole décima les populations de Nuku Hiva et de Ua Pou ; et enfin Daniel Margueron interviendra en vidéoconférence sur la mémoire des épidémies dans la littérature polynésienne. « Ce n’est pas une thématique qui serait sortie en temps normal mais elle nous a paru intéressante après avoir traversé la pandémie de Covid-19, explique Mylène Raveino, responsable des activités permanentes de la Maison de la culture. Pour nous, cette épidémie est quelque chose de complètement nouveau mais il y en a eu beaucoup par le passé. Cette soirée nous permet de prendre du recul et de voir les traces laissées par ces maladies dans l’art et la littérature. » La soirée sera précédée par la projection du film Mort à Venise de Luchino Visconti.

  • Jeudi 13 aout, projection de Mort à Venise dans la salle de projection, à 15h00.
  • Soirée débat a la Médiathèque adultes à partir de 18h00.

 

Contes et légendes en marquisien, tahitien, français et langue des signes !

Pour cette soirée, les légendes seront racontées en marquisien, tahitien, français et en langue des signes. Edgar Tetahiotupa racontera Te hu’uku’a A’otona – la plume rouge a A’otona, en marquisien ; Léonore Caneri contera l’origine des premiers tatouages avec l’histoire de Matamata-arahu et Tu-ra’i-Po, que Fanny Wittmer signera en langue des signes française ; et Teiva Manoi, dit Minos, racontera la légende des jumeaux de Tipaerui en reo Tahiti et en français. Une soirée « légendes » exceptionnelle !

  • Vendredi 14 aout, sur le paepae a Hiro, à partir de 18h00.

 

A la rencontre des professeurs et animateurs des ateliers

Pour la première fois, le public va pouvoir rencontrer les professeurs et animateurs des ateliers de la Maison de la culture, et même tester ! Installés autour du paepae a Hiro, ils présenteront leur activité aux visiteurs et certains proposeront des initiations : japonais, tahitien, langue des signes française, yoga, théâtre, tai-chi, tressage, espagnol, Pilates… Ils seront tous présents par intermittences sur la durée du festival. Une occasion unique de venir choisir ses activités de l’année en discutant directement avec son futur professeur ! Il sera possible de s’inscrire sur place.

  • Du 12 au 15 aout, de 9h00 à 17h00, autour du paepae a Hiro.

 

Rendez-vous dans les jardins de Paofai pour le Tū’aro Mā’ohi

Habituellement organisé pendant les festivités du Heiva i Tahiti, le Tū’aro Mā’ohi aura lieu pendant le festival Fa’aiho, les samedis 8 et 15 août. L’ensemble des épreuves se déroulera dans les jardins de Paofai. « Notre objectif est de maintenir ce patrimoine culturel ancestral coute que coute, faire vivre, transmettre et promouvoir notre culture au travers de nos sports ancestraux : les Tū’aro Mā’ohi, et de faire participer un maximum d’athletes, en particulier ceux des communes de Tahiti, Moorea et Maiao », explique Enoch Laughlin, le président de la Fédération des sports et jeux traditionnels. Les compétitions n’auront pas la même ampleur que les années précédentes car elles devront se passer des ’aito des archipels, « faute de disponibilité aérienne sur certaines îles, de sélectives n’ayant pu se tenir et en raison d’un manque de financement privé et d’une révision à la baisse du budget ».

Malgré ces conditions difficiles causées par le Covid-19, « l’ensemble de nos associations souhaite relever le défi et maintenir le Heiva Tū’aro Mā’ohi, précise Enoch Laughlin. Pour le monde du Tū’aro Mā’ohi local, participer à cette édition constitue la finalité de plusieurs années d’entraînement, de préparation. C’est aussi affirmer la constance des efforts, la confiance dans l’avenir ». Enoch espère que ce rendez-vous mettra en valeur les efforts des organisateurs pour promouvoir les sports et jeux traditionnels et qu’il « redonnera enthousiasme, gaieté, joie à notre public et à nos athlètes ». Au programme, les courses de porteurs de fruits le samedi 8 aout et le lancer de javelot, lever de pierre, coprah et grimper au cocotier, le samedi 15 août. Des animations et spectacles traditionnels seront également proposés au public.

  • Dans les jardins de Paofai, les samedis 8 et 15 août.

 

PRATIQUE

  • Du 12 au 15 août, à la Maison de la culture
  • Les 8 et 15 août, Tū’aro Mā’ohi dans les jardins de Paofai
  • Retrouvez tout le programme sur www.maisondelaculture.pf
  • Ou sur la page Facebook Maison de la Culture de Tahiti.
  • L’entrée est libre et gratuite

 

Et dès la rentrée…

Ateliers mais aussi spectacles et concerts, la rentrée 2020 est comme chaque année riche et excitante ! Les ateliers de la Maison de la culture reprendront à la mi-août avec, au programme, dix-sept activités différentes. Plusieurs seront dédiées à l’apprentissage des langues avec l’anglais, l’espagnol, le japonais, la langue des signes (LSF), le mandarin et le reo Tahiti. Ces cours sont ouverts à tous les niveaux : du débutant au confirmé. Des activités seront spécifiquement orientées vers la culture polynésienne avec un atelier de réflexion culturelle (origine du concept mā’ohi, étoiles, lune et calendrier du fenua, généalogie, cosmogonie et mythologie, l’espace-temps, les marae et leurs rituels et cérémonie d’accueil, etc.) et un atelier de ’ukulele percussif, tous deux animés par Libor Prokop.

Deux ateliers mettent en avant les activités artistiques : le tressage, animé par Marie Ruaud et un atelier créatif, pour explorer différents techniques et courants artistiques et stimuler ses capacités créatrices afin de les utiliser dans tous les domaines de la vie, animé par Majo Sotomayor. Et une nouveauté est inscrite au programme cette année avec l’aquarelle, un atelier ouvert à tous, quel que soit son niveau. Agnès Morel enseignera les bases de cette technique, les jeux de lumière, les valeurs, les ombres, la palette, le travail en volume…

Enfin, on retrouve l’atelier échecs, pour s’initier ou se perfectionner ; tout ce qui touche au bien-être avec la gym et le Pilates pour les grands et l’éveil corporel pour les petits animé par Isabelle Balland ; du tai-chi pour entretenir sa forme a tout âge ; du yoga pour un moment de calme et d’harmonie et du théâtre pour découvrir le métier de comédien ou prendre confiance en soi. Les ateliers se dérouleront le midi ou en fin d’après-midi en semaine et, grande nouveauté de la rentrée 2020, trois ateliers auront lieu le samedi matin. Les horaires de la Maison de la culture s’élargissent pour répondre aux besoins des usagers qui peuvent désormais aller à la Médiathèque le samedi matin et toujours profiter des expositions dans la salle Muriāvai en ce début de week-end.

Du côté de l’activité nocturne de la Maison de la culture, plusieurs rendez-vous désormais incontournables sont au programme. Honneur à la musique polynésienne avec le concours Ta’iri Paumotu qui met en avant la frappe particulière paumotu à travers un concours (8 octobre), le concert Tu’iro’o qui promeut et soutient des musiciens et chanteurs confirmés du fenua, cette deuxième édition rendra hommage à Barthélémy et Coco Mamatui (10 octobre).

La Maison de la culture poussera ses murs en produisant des spectacles à l’extérieur notamment le concert Ta’urua Hīmene dédié aux chants polyphoniques traditionnels qui se déroulera à la pointe Vénus (24 octobre) mais aussi une nouveauté avec ce projet de mettre le ’ori Tahiti et la danse moderne en valeur dans un lieu naturel. Une façon de promouvoir la danse et l’environnement de Tahiti ensemble, l’un et l’autre se valorisant mutuellement.

Pour rester dans la danse, la dixième édition du spectacle Pina’ina’i, qui associe danse et littérature, se déroulera au mois d’octobre. Le concours attendu du

Hura Tapairu est prévu du 25 novembre au 5 décembre.

Expositions artistiques, semaine de la BD, spectacles en coproduction avec le Conservatoire artistique de la Polynésie française, le festival Cinématamua, organisé cette année dans le cadre de la Nuit des musées, complètent le programme foisonnant et prometteur de TFTN. Restez connectés sur les réseaux sociaux pour ne louper aucune date !

 

PRATIQUE

  • Du 12 au 15 août, à la Maison de la culture
  • Les 8 et 15 août, Tū’aro Mā’ohi dans les jardins de Paofai
  • Retrouvez tout le programme sur www.maisondelaculture.pf
  • Ou sur la page Facebook Maison de la Culture de Tahiti.
  • L’entrée est libre et gratuite

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