Hiro’a n°147 – Pour vous servir : La Polynésie, en sons et en images

147

POUR VOUS SERVIR – Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (Spaa ) – Te piha fau fa’a tupuna

DueRVmcw

La Polynésie, en sons et en images

 

Rencontre avec Sébastien Damé, responsable du département du patrimoine audiovisuel multimédia Internet au sein du Service du patrimoine archivistique et audiovisuel, et Hugues Nena, technicien audiovisuel. Texte : Charlie Réné – Photos : Charlie Réné et Spaa

 

Des bobines aux DVD, plus de 40 000 supports vidéo sont conservés à Tīpaeru’i. On y trouve des milliers d’heures de films tournés en Polynésie française au fil des décennies. Le département du patrimoine audiovisuel multimédia et Internet (DPAMI) travaille à sa numérisation et à sa valorisation.

 

Quand on pense aux archives, viennent en tête les milliers de documents officiels, de livres rares, de correspondances historiques qui sont conservés par le SPAA. Et pourtant, le service veille sur bien d’autres trésors. De grandes bobines de film, de petites cassettes audio, du 8mm ou du

1 pouce, des VHS, CD ou DVD… À Tīpaeru’i, c’est une bonne partie de la production audiovisuelle du fenua qui est conservée sur 800 mètres de linéaires, sous atmosphère contrôlée. D’étiquette en étiquette, on croise des centaines de reportages sur le pays, ses archipels sa culture, ses populations, des heures d’émissions de télé, des films institutionnels ou de famille, des originaux d’enregistrements de chansons, des clips musicaux ou des spots publicitaires… Ce sont plus de 43 000 supports, au total, sur lesquels veille le département du patrimoine audiovisuel multimédia et Internet (Dpami ). Il ne s’agit pas seulement de conserver ces précieux fonds, enrichis chaque année des dépôts publics et privés : tout le défi consiste à les valoriser. « Beaucoup de boîtes de production sont à la recherche de séquences ou d’images de la Polynésie, récente ou d’époque », explique Sébastien Damé, le responsable du DPAMI. « Les particuliers ou les chercheurs peuvent aussi les consulter, sur rendez-vous, et nous avons fréquemment des collaborations pour les diffuser lors d’événements. » Une valorisation qui passe systématiquement par l’accord des ayants droit – parfois très difficiles à contacter – et qui implique la numérisation des documents.

 

Hugues Nena, artisan de la numérisation

C’est la spécialité d’Hugues Nena qui, de l’ancien Institut de la Communication audiovisuelle (Ica) au Spaa , côtoie depuis plus de douze ans une collection qu’il connaît mieux que quiconque. Dans son bureau aux allures d’atelier, les magnétoscopes, lecteurs vinyles ou cassettes, transcodeurs

et moniteurs s’empilent. « Entre les Betacam, Betamax, Video 8, ou les DVC, il y a plus d’une dizaine de formats avec, à chaque fois, un lecteur différent », précise-t-il. « C’est du vieux matériel, aujourd’hui rare et cher. Alors il faut y faire très attention. » Un brin bricoleur, le technicien doit fréquemment nettoyer les machines à la main, remplacer une pièce ou réparer des cassettes abîmées. « Les gens pensent que la numérisation ça se fait comme ça, mais ça prend énormément de temps », insiste-t-il. « Il faut régler les appareils, les logiciels, convertir dans le bon format, faire les sauvegardes sur nos deux serveurs… Ça ne laisse pas beaucoup de temps pour regarder. » C’est à Cédric Doom, l’archiviste du DPAMI, que revient la tâche de « regarder » et de « dérusher » le film. En lecture plus ou moins rapide, il en identifie les éléments importants par mots clés : date, période, réalisateur, action ou thématique (pêche, perle, aviation…), personnes ou bâtiments reconnaissables… Un référencement indispensable pour que la collection puisse être valorisée. « Toutes ces données sont compilées dans une base qui regroupe aujourd’hui plus de 30 000 médias référencés », reprend Sébastien Damé. Le plus gros est fait, donc, « mais il reste du travail pour des années. » ◆

 

(((Légende)))

Hugues Nena numérise les fonds privés et publics.

Vous aimerez aussi...