Hiro’a n°145 – Le saviez vous : Mahealani Amaru : « Nous avons notre forme de théâtre »

Le Saviez-vous ? Conservatoire artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau

Mahealani Amaru : « Nous avons notre forme de théâtre »

Rencontre avec Mahealani Amaru, ancienne élève du Conservatoire et étudiante de l’École supérieure professionnelle de théâtre du Limousin. Texte : Alexandra Sigaudo-Fourny  – Photo : Thierry Laporte

Il y a des parcours singuliers qui peuvent insuffler aux jeunes de Polynésie de l’audace, de la persévérance et surtout ce sentiment incroyable que tout est possible. Mahealani Amaru est au début de ce parcours et, déjà, elle nous inspire en traçant un chemin jusque-là jamais emprunté par un Polynésien. Cette élève du Conservatoire a intégré l’Académie de l’Union, l’École supérieure professionnelle de théâtre du Limousin.

Mahealani Amaru ne manque pas de paradoxes. Derrière une voix très douce et encore enfantine se cache une grande détermination ; et celle qui jure aller là où le vent l’emporte a en réalité déjà une idée bien précise de son avenir. Comme beaucoup de petites filles, Mahealani a démarré la danse traditionnelle à l’âge de sept ans pour le plaisir de monter sur scène. Sous la houlette de Erena Uura, elle évolue à l’antenne du Conservatoire, à Pirae, et passe un à un les cycles d’études jusqu’à intégrer le niveau supérieur et obtenir le DET (diplôme d’études  traditionnelles) dont la médaille d’or vient récompenser douze ans de formation. Tout au long de ce cursus, la jeune fille travaille la chorégraphie, suit des cours de culture générale sur la Polyn.sie et étudie le ‘ōrero avec John Mairai. « Je n’ai jamais pris de cours de théâtre dit classique, mais pour moi le ‘ōrero et la danse sont en quelque sorte le théâtre polynésien », souligne Mahealani qui a appris la langue tahitienne avec sa grand-mère dans le cadre du ha’api’ira’a tapati, l’école du dimanche. L’année de sa médaille d’or est aussi celle de son bac et du concours pour intégrer la première classe préparatoire supérieure de théâtre consacrée aux talents ultra-marins à l’académie de l’Union, à Limoges, et dirigée par Jean Lambert-wild. Mahealani réussit les trois avec brio. Commence alors pour cette jeune Polynésienne une nouvelle aventure, de nouvelles rencontres et une découverte de soi et de ses envies dans le Limousin.

Écrire pour le théâtre

Cette classe préparatoire, elle l’a presque découverte par hasard. « Par le bouche à oreille au Conservatoire. Je ne m’étais jamais imaginé aller étudier du théâtre en France, mais je me suis dit pourquoi pas. J’ai été séduite par ce côté ultra-marin et surtout par la prise en charge de la formation que ce soit sur le plan financier ou administratif. Et puis John Mairai, mon professeur de ‘ōrero m’a fait prendre conscience de l’opportunité qui s’offrait à moi. Il avait raison ! » Elle qui se rêvait anthropologue ou professeure de tahitien a trouvé sa voie à Limoges. Après cette année préparatoire, Mahealani est la première Polynésienne à intégrer une école nationale de théâtre. Qu’a-t-elle d’ores et déjà appris de cet art ? « À Tahiti, on pense que le théâtre est réservé aux personnes aisées ou aux Européens, mais je peux dire aujourd’hui que le théâtre est universel. Nous avons notre forme de théâtre polynésien et je veux un jour partager à Tahiti ce que j’ai appris là-bas. Je voudrais, à l’issue de mes études*, me lancer dans l’écriture de pièces pour dénoncer de nombreuses choses qui me touchent. » Une voix du Pacifique s’éveille.

*Les élèves obtiennent au bout de trois ans d’études un diplôme national supérieur professionnel de comédien.

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