Hiro’a n° 145 – Dix questions à Nathalie Villereynier, responsable pédagogique et chef du chœur des adultes du CAPF

Dix questions à Nathalie Villereynier, responsable pédagogique et chef du chœur des adultes du Conservatoire artistique de la Polynésie française

 

JvLxfJpQ

«Mon cœur a toujours vibré pour le fenua! »

Propos recueillis par Lucie Rabréaud

 

Après plusieurs années passées à Tahiti où elle a fondé et géré sa propre structure de musique, puis quelques années en métropole au conservatoire de Bordeaux, Nathalie Villereynier est revenue s’installer au fenua. Elle est devenue la responsable pédagogique et chef du chœur des adultes du Conservatoire artistique de la Polynésie française.

 

Quel a été votre parcours avant d’arriver au Conservatoire artistique de la Polynésie française ?

Je suis originaire de Bordeaux où j’ai suivi des études musicales spécialisées au conservatoire. J’y ai également exercé en tant qu’enseignante. J’ai travaillé dans le chant, comme pianiste accompagnateur mais aussi dans la coordination car j’ai refondé un département autour de l’accompagnateur. J’y ai fait mes armes.En 2002, j’ai pris une disponibilité et je suis venue m’installer à Tahiti où je suis restée pendant dix ans. J’ai dirigé une école musicale. Mon cœur a toujours vibré pour le fenua ! Puis j’ai dû rentrer en métropole pour des raisons personnelles. Je suis revenue à Bordeaux où j’ai repris mon poste au conservatoire. Pour finalement de nouveau m’installer à Tahiti depuis cette année !

 

Comment est né cet amour du chant et de la musique ?

C’est une frustration de ma maman. Elle avait cette envie d’être artiste, de faire les beaux-arts, mais elle n’a pas pu… Pour moi, la musique a toujours été une passion, jamais un métier. C’était quelque chose d’évident. On peut s’évader, chercher à se connaître, à se développer. J’aime beaucoup la pratique collective, je suis dans cet élan de partage.

 

Pendant votre premier séjour à Tahiti, aviez-vous déjà des liens avec le Conservatoire artistique de la Polynésie française ?

Je travaillais en réseau avec eux, car je dirigeais une structure autour du chant choral. Nous avions des projets avec le CAPF, les instances éducatives, la Cathédrale de Papeete et tout un panel d’acteurs du secteur privé. Ces expériences m’ont beaucoup apporté pour travailler dans le secteur public. Quand je suis revenue, Fabien Dinard, le directeur du CAPF, m’a proposé ce poste de responsable pédagogique. Je prends également la suite de Jean-Marie Dantin à la direction du chœur des adultes.

 

Quel est le rôle du responsable pédagogique ?

Le responsable pédagogique fait le lien entre le corps enseignant, avec ses desiderata et ses doléances, et la direction. J’assure autant un suivi du corps enseignant que des CHAM (classes à horaires aménagés musique) et des réflexions pédagogiques, je gère aussi les demandes des parents. C’est beaucoup de médiation. Un peu comme un chef de chœur : tu diriges un chœur, tu fédères des cœurs, tu organises, tu disposes, pour que l’intérêt ressorte et l’amour surgisse ! Je réalise que tout a un lien dans mon parcours car l’accompagnateur est un pianiste qui se met à disposition pour accompagner un artiste mis au premier plan, que ce soit un musicien ou un chanteur. Il est là pour suivre, suggérer. Le responsable pédagogique est aussi dans l’accompagnement mais d’une autre manière.

 

C’est une place de l’ombre ?

On en a parfois la vision d’une place ingrate mais elle est essentielle. Que ce soit en tant que pianiste accompagnateur, chef de chœur ou responsable pédagogique, c’est toujours l’accompagnement qui m’intéresse.

 

Est-ce un rôle difficile ?

Oui. Il faut être flexible, adaptable. être autoritaire mais pas trop. Il faut beaucoup écouter. Comme le chef de chœur ! J’ai finalement «digéré» tout mon apprentissage précédent pour, peut-être, être prête à endosser ce rôle. J’ai beaucoup d’idées que je souhaite partager, mais pour le moment, je suis dans l’écoute et l’observation.

 

Est-ce une façon de continuer à vivre la passion pour la musique ?

J’ai fait le tour de l’enseignement comme je le voulais, j’ai créé une structure, j’arrive à un âge qui est un tournant et ma maturité m’amène à une idéologie pédagogique. Peut-être un peu utopique, mais qui rêve, avance ! Ce qui m’intéresse est comment développer une pédagogie adaptée à la nouvelle société, à la rapidité, à ces univers différents, aux enfants zappeurs, à des parents impliqués dans le contenu.

 

Est-ce un avantage ou un inconvénient de ne jamais avoir fait partie du corps enseignant du CAPF ?

Je pense que Fabien Dinard souhaitait avoir du sang neuf pour bénéficier d’une observation neutre. Les personnes qui m’ont précédée ont fait un travail minutieux, très important, mais la direction souhaitait un nouveau regard. Nous sommes tous là pour le même objectif : la formation des enfants.

 

Avez-vous des objectifs en tant que chef de chœur ?

Je reprends le projet d’opéra italien transcrit en tahitien de Jean-Marie Dantin et Gaby Cavallo. Ce spectacle, prévu pour mi-mai 2020, réunira l’orchestre symphonique, les chœurs, les arts traditionnels, l’ensemble du Conservatoire. C’est un grand challenge ! Comme celui de responsable pédagogique, d’ailleurs puisqu’il faut réussir à convaincre le corps enseignant et la direction.

 

Il y a aussi cet objectif qui guide le CAPF depuis plusieurs mois sur le travail entre les arts classiques et les arts traditionnels…

L’idée est celle d’une transversalité entre les arts classiques et les arts traditionnels.C’est une volonté de politique culturelle. Il faut échanger, pratiquer, fusionner, partager, s’enrichir de l’autre.

 

Vous aimerez aussi...