Hiro’a n°144 – Pour vous servir : Au SPAA, des stagiaires CVD à votre service

Service du patrimoine archivistique et audiovisuel (SPAA) – Te piha faufa’a tupuna

Rencontre avec Hoani Clark et Manuarii Hanere, stagiaires CVD (corps des volontaires au développement) et Francis Stein, chef du service du patrimoine archivistique et audiovisuel. Propos recueillis par Francis Stein. Photos : SPAA

Au SPAA, des stagiaires CVD à votre service

Le dispositif « Corps de volontaires au développement » a pour objectif principal de favoriser l’adaptation à l’emploi et l’insertion professionnelle des futurs jeunes cadres polynésiens âgés de moins de trente ans, sans emploi et détenteurs d’un diplôme de deux ou trois années d’études après le baccalauréat, dans des secteurs d’activités publics ou privés. Le service du patrimoine archivistique et audiovisuel accueille actuellement deux volontaires, Hoani Clark et Manuarii Hanere. Ces deux stagiaires mettent ainsi un pied dans la vie active et comptent sur cette expérience pour enrichir leurs activités professionnelles futures.

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Quelles raisons vous ont poussés à choisir le SPAA comme lieu de stage ?

Hoani Clark : J’étais très intéressée par le SPAA, car ce service conserve toutes sortes de « trésors patrimoniaux » indispensables lorsqu’on mène des recherches scientifiques, historiques et foncières.

Manuarii Hanere : Dans le cadre de mes études universitaires, j’avais effectué un stage au sein du SPAA. Dès l’obtention de ma licence, j’ai souhaité approfondir les points que je n’avais pas pu voir lors de ce premier stage. C’est pourquoi j’ai postulé.

 

Quelle est la particularité du stage que vous y effectuez ?

HC : Je suis en direct avec les archives comme le fonds de justice et les revendications des terres.

MH : Pour ma part je traite les commandes des usagers.

Cela demande-t-il des qualités particulières ?

HC : Il faut savoir s’adapter et maitriser la bureautique, les outils informatiques.

MH : Il faut aussi avoir une bonne mémoire afin de ne rien oublier lors du traitement des commandes. Cela nécessite de retenir le fonds où se trouvent tels ou tels documents. Enfin, il faut être à l’aise au contact du public.

Sur quel type de tâches travaillez-vous ?

HC : J’ai effectué le tri de fonds d’archives. Je me charge notamment de l’indexation des minutes de première instance et je numérise des documents pour ensuite les estampiller et les assembler si plusieurs pages sont associées comme les généalogies.

MH : J’accueille les usagers, je les conseille, les oriente. Je traite les commandes avec la rédaction d’attestations et de courriers.

Comment procédez-vous pour satisfaire les demandes des usagers ?

HC : Je m’applique à mettre à jour des tableaux d’indexation pour faciliter la recherche de documents demandés.

MH : Afin de satisfaire chaque usager, il est important d’avoir toutes les informations nécessaires au traitement des commandes dont ils nous font part. De plus, il nous faut être courtois et aimables.

Quelles sont vos préférences en termes de prestations rendues en faveur du public ?

HC : Ce que je préfère, c’est la recherche en magasin et la préparation des documents demandés par les chercheurs.

MH : J’aime le travail bien accompli. Certains usagers ont des demandes très importantes, et j’aime lorsqu’ils sortent du SPAA satisfaits avec tous les documents commandés, mais également les réponses que nous leurs avons apportées.

Rencontrez-vous des difficultés particulières ?

MH : Comme toujours lorsqu’il est question de services, nous devons assurer nos prestations quel que soit l’effectif présent par exemple.

Combien de personnes vous rendent visite quotidiennement ?

HC : Pour ma part, il n’y a que les chercheurs qui nous rendent visite. On en reçoit quotidiennement un à deux.

MH : Cela varie. Il y a certains jours où le nombre de visiteurs peut atteindre la cinquantaine voire plus, et d’autres ou nous en recevons moins d’une vingtaine. Nous avons moins de visiteurs pendant les périodes de vacances scolaires. Si la majorité des visiteurs ont entre 35 et 75 ans, nous constatons la visite d’un nombre croissant de jeunes.

Quels constats tirez-vous de l’état des documents d’archives dont les usagers sollicitent des copies ?

HC : La plupart des documents d’archives sont anciens et donc fragiles. Le fait d’avoir numérisé certaines archives permet de ne pas manipuler les documents originaux.

MH : Certains de nos documents sont en bon état, d’autres ont été détériorés par le temps et l’humidité et malheureusement nous n’avons pas toujours d’autres copies. Certains documents ont été mal protégés avant leur versement au SPAA, ce qui explique leur rapide détérioration.

A quoi ces documents peuvent-ils bien leur servir ?

HC : Les usagers veulent généralement avoir accès aux archives pour les aider dans leurs démarches foncières. Cela permet également aux chercheurs de trouver des informations scientifiques et historiques pour compléter leurs recherches.

MH : Pour la plupart, il s’agit d’affaires foncières. Pour d’autres, il s’agit de constituer leur arbre généalogique.

Quelle est votre définition personnelle des archives ?

HC : De mon point de vue, c’est un héritage du patrimoine qu’il est nécessaire de conserver pour tous.

MH : Les archives participent au travail de mémoire. Ce sont les seules traces que nous possédons à l’heure actuelle sur l’histoire de notre fenua.

Si un jour vous disposiez d’un budget conséquent pour développer la valorisation du patrimoine archivistique et historique, quelles seraient vos priorités ?

HC : J’effectuerais la rénovation du bâtiment, j’optimiserais les magasins de conservation et la salle argentique.

MH : Mes priorités iraient à la numérisation des documents avant qu’ils ne se détériorent. De plus, un travail sur le bâtiment serait à envisager afin de mieux conserver toutes les archives qui nous sont versées.

Si l’on vous confiait les clés des magasins d’archives pour une semaine, dans lequel souhaiteriez-vous découvrir le passé historique du fenua ?

HC : Je voudrais découvrir le fonds 152W, plan cadastral pour apprendre le nom des terres des îles de la Polynésie, en particulier les terres de la commune de Paea.

MH : A mon sens, tous les magasins seraient à visiter, car si on veut absolument découvrir notre passé historique, il ne faut pas se limiter à la découverte d’un seul magasin, mais au contraire être curieux et les visiter tous.

Avez-vous eu l’occasion de recevoir des gens de votre île, de votre famille ?

MH : Pour ma part oui. J’ai même eu la surprise de voir des gens que je ne connaissais pas du tout mais qui portait le même nom de famille que moi. Certains d’entre eux m’ont appris le lien qui pouvait nous unir.

Cette expérience au SPAA va-t-elle vous servir pour vous insérer dans la vie active ?

HC : C’est ma première expérience dans la vie active donc oui.

MH : Oui et à tous les niveaux : tant dans le relationnel avec les usagers que dans la manière de travailler en équipe.

Qu’envisagez-vous comme métier ?

HC : Je souhaite devenir professeur de tahitien-lettres. Travailler au sein du SPAA me permet de découvrir les archives qui y sont conservés pour pouvoir faire mes recherches et rédiger mon mémoire.

MH : A l’heure actuelle le métier d’agent archiviste me plairait beaucoup.

Quel message voudriez faire passer sur le SPAA ?

HC : Malgré un effectif limité, le SPAA, conserve du mieux qu’il peut les archives du pays et notamment les revendications des terres qui peuvent être consultées par tous. J’invite la population à s’intéresser à ces « trésors patrimoniaux » et à participer à la conservation de ces documents d’archives. Les équipes du SPAA sont toujours ravies d’accueillir des visiteurs.

MH : Le Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel est le garant de notre passé. Il faut venir y faire un tour et pourquoi pas y travailler, car bien que la tâche soit titanesque, cette mission est source de satisfaction. Certains documents privés ou publics, nous apprennent beaucoup de notre passé.

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