Hiro’a n°140 – Culture bouge : Hina, Maui… un mythe au théâtre

Rencontre avec Titaua Porcher, auteure de Hina, Maui et compagnie

Texte et photo : Lucie Rabréaud

La première pièce de théâtre écrite par Titaua Porcher va être jouée à la Maison de la culture. Hina, Maui et compagnie est une histoire contemporaine et mythologique !

Hina et Maui sont amoureux. Fous amoureux ! Un peu au désespoir des parents de Hina qui aimeraient voir leur fille faire autre chose que d’envoyer des textos ou des Snapshat à son copain. Mais voici Vaihi qui débarque, le fils d’un ami des parents. Un beau jeune homme très envoûtant… un peu trop, jusqu’à faire dérailler Hina au grand désarroi de Maui. Cette histoire, très XXIe siècle, s’inspire d’une légende des temps immémoriaux : celle du cocotier. Après avoir écrit un livre, paru aux éditions Au vent des îles, Titaua présente sa pièce sur la scène du paepae a Hiro à la Maison de la culture. L’histoire de la belle Hina et de l’anguille du lac Vaihiria est une des légendes préférées de l’auteure. C’est de ce texte qu’elle s’est inspirée pour raconter de manière totalement différente un mythe qui l’a toujours fascinée. « J’avais cette idée en tête depuis très longtemps. J’ai lu de grands auteurs qui ont transposé cette matière ancestrale dans des pièces de théâtre. Prendre un mythe et l’adapter dans notre vie contemporaine ! » Réécrire une légende peut vite se transformer en polémique, mais Titaua Porcher pense le contraire : « Cette idée de ne pas toucher aux légendes ne m’est jamais venue à l’esprit. Réécrire un mythe n’a rien d’irrévérencieux. Pour qu’une culture soit vivante, il faut la faire vivre. Jung disait que les mythes sont comme la tête d’Orphée, après leur mort, ils continuent à chanter. » Pas d’impertinence donc, juste une envie d’amener certaines personnes à s’intéresser aux légendes. Car après avoir découvert cette pièce de théâtre, pas de doute, il faudra aussi relire la légende du cocotier !

Dans cette légende, pas de manichéisme, mais des symboles qui restent ouverts aux interprétations. « C’est ce que j’aime dans cette histoire, elle résonne comme un mystère. » L’idée est aussi de faire rire. La rencontre de Vaihi avec les dieux Ta’aroa et Tu est particulièrement savoureuse : « Ô truculence luminescente », « Ô béatitude intersidérale », « Ô luxuriance apocalyptique »… Vaihi sait comment parler aux dieux ! Qui ne connaissent pas bien leurs classiques : « Dans ce cas, alea jacta est », conclut Ta’aroa après leur discussion. « Aller où ? » répond Tu. « C’est ça le burlesque : prendre des entités sacrés et les désacraliser », explique Titaua Porcher. Il y a d’ailleurs eu quelques hésitations pour cette maître de conférences en littérature française et francophone à l’université de la Polynésie française. « Ce n’est pas facile d’être jugée par ses pairs. J’ai écrit pas mal de blagues ou de jeux de mots pas très intellectuels, mais c’est voulu ! » Pour elle, le théâtre est d’ailleurs un mode d’expression privilégié pour la culture polynésienne et il faut le promouvoir. Il n’est pas réservé aux élites et peut être plus accessible que celui, plus difficile, de Racine ou Molière. Déjà Titaua pense à sa prochaine pièce : il s’agira de l’histoire d’Omai, présenté à la cours du roi George III où il fit sensation avant de revenir en Polynésie, à Huahine.

La pièce est mise en scène par Titaua Porcher et Pascal Ortega.

Dans le rôle de :

Hina : Hinatea Savoie

Maui : Ariitea Meyer

John : Edouard Malakai

Mimi : Karyn Vii

Vaihi : Manu Bonnefin

Tama : Poehei

PRATIQUE

Représentation les 29 et 31 mai, sur le paepae a Hiro, à la Maison de la culture.
Tarifs : 2000 Fcfp / 1000 Fcfp pour les moins de 12 ans
Billets en vente sur place et en ligne sur www.maisondelaculture.pf
Infos : 40 544 544 ou www.maisondelaculture.pf

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