Hiro’a n°139 : Pour vous servir : Une voie d’excellence pour le théâtre

Rencontre avec Frédéric Cibard, chargé des relations publiques et de la communication du CAPF et Christine Bennett , professeure de théâtre au CAPF.

 

 

Pour vous servir voie d'excellence pour le théâtreTexte : Lucie Rabréaud – Photos : CAPF et Lucie Rabréaud

 

Une voie d’excellence pour le théâtre

Le département théâtre du conservatoire artistique de la Polynésie française s’est enrichi cette année d’un cursus théâtre, véritable formation initiale diplômante. De quoi faire rayonner le théâtre et promouvoir le travail et le talent des élèves. 

Ils sont tous installés autour de Christine Bennett. Ils réfléchissent ensemble à leur prochain travail : une vidéo. Quel sujet ? Quelles histoires ? Une jeune fille arrive, elle a plein d’idées, s’enthousiasme-t-elle en s’asseyant avec le groupe. Depuis le mois de septembre, le département théâtre du conservatoire artistique de la Polynésie française s’est doté d’un cursus théâtre. À l’image de ce qui existe dans les autres départements (arts classiques, arts traditionnels), les élèves en théâtre pourront passer des examens et obtenir des diplômes valorisant leur apprentissage de l’art dramatique. « Le département théâtre passe à un autre niveau avec ce cursus. Cela lui donne du sérieux. Ce ne sont pas des cours de théâtre ou l’on vient ou pas, c’est une véritable formation ou les élèves sont évalués par un jury de professionnels », précise Christine Bennett, professeure de théâtre. Si l’enseignement reste le même, la découverte des textes, des auteurs, de l’art de la mise en scène et des différentes esthétiques, les élèves du cursus sont suivis et leur progression validée par un diplôme. Ces diplômes ne seront pas encore reconnus comme les diplômes délivrés par les conservatoires métropolitains mais ils offriront une appréciation du niveau des élèves. Trois cycles composent le cursus. Ils sont ouverts aux adolescents à partir de quinze ans, après une audition d’entrée. Le premier, d’une durée d’un an, permet une découverte de l’art théâtral. Le deuxième cycle d’une durée de un à deux ans s’organise autour de quatre enjeux principaux : acquérir et entretenir une disponibilité corporelle et vocale ; aborder le jeu théâtral par l’improvisation et la pratique du jeu, par l’exploration des répertoires du théâtre ; acquérir les bases d’une culture théâtrale ; et explorer divers modes et techniques d’expression théâtrale et aborder d’autres disciplines. À la fin du deuxième cycle, les élèves obtiennent leur brevet d’études théâtrales. Le troisième cycle dure un à trois ans. Le travail s’organise sur l’entrainement corporel et vocal, le travail d’interprétation, la culture théâtrale, la maîtrise d’outils. Des intervenants extérieurs participent à l’enseignement à travers des ateliers. Un certificat d’études théâtrales valide la réussite de l’examen. Le cycle d’enseignement professionnel initial d’une durée de deux à trois ans est une extension optionnelle du troisième cycle. Les élèves y approfondissent tout l’enseignement théâtral et obtiennent leur diplôme d’études théâtrales. Les volumes horaires augmentent avec les niveaux.

« Tout au long des études de l’art dramatique, l’élève apprend à développer des qualités artistiques personnelles, quelle que soit la voie qu’il choisit, la pratique en amateur ou la préparation aux écoles professionnelles. Il s’agit d’offrir à l’élève une vision globale du théâtre et de la scène, une approche du monde professionnel, une ouverture artistique et culturelle au-delà de la discipline dominante », indique le Conservatoire. Il est donc ouvert à tous : aux amateurs qui veulent devenir des amateurs éclairés et a ceux qui veulent devenir des professionnels.

 

Témoignages

Lino Cosso, 14 ans, élève de théâtre qui pourra intégrer le cursus à 15 ans.

« C’est mon père, Pierre Cosso, acteur (La Boum 2), qui m’a donné envie de faire du théâtre. J’ai toujours été passionné et j’aime le voir jouer, que ce soit au cinéma ou au théâtre. Le théâtre me permet de m’exprimer autrement. Ça me défoule ! Je n’ai pas honte, je change de personnage, je peux être quelqu’un d’autre et je me sens libre. Je suis des cours de théâtre a l’école également et les cours au Conservatoire m’aident beaucoup. Peut-être que je travaillerai dans le théâtre plus tard mais aujourd’hui c’est juste une idée comme ça, je ne suis pas encore sur de ce que je veux faire comme métier. En tout cas, je veux continuer à prendre des cours de théâtre et à progresser. J’aime beaucoup Le Petit prince, on m’a déjà proposé de jouer cette pièce mais c’était trop compliqué pour moi à l’époque, aujourd’hui j’aimerais le faire ! Monter sur scène reste un challenge. J’ai déjà interprété un rôle devant un public, mais c’était les parents des élèves du cours de théâtre, ce n’était donc pas trop difficile. Nous avons tous joué la scène que l’on travaille depuis la rentrée. J’ai joué Octave dans Les Fourberies de Scapin. J’ai eu le trac et puis une fois sur scène, on se lâche ! Le plus difficile était d’entrer sur scène ! Retenir le texte, ça va. Quand tu connais bien l’histoire, le texte vient tout seul. »

 

Vainepuana Lemaire, 16 ans

« J’ai envie de devenir avocate mais je suis quelqu’un d’assez timide, le théâtre est donc une façon pour moi de m’ouvrir et d’avoir plus d’éloquence. Je voudrais avoir plus d’aisance à parler en public. Je me rends compte pendant les oraux en classe que ce n’est pas trop ça. J’ai commencé le théâtre il y a six mois. J’ai choisi de suivre le cursus théâtre du Conservatoire car on peut prendre le théâtre comme option au bac, j’aurai donc plus de points et nous avons de véritables examens à passer avec le cursus, cela force à travailler. Je veux continuer jusqu’à la fin de ma terminale. Le théâtre permet aussi de s’évader de la vie quotidienne. On joue des personnages qui sont différents de nous, on vit la vie de quelqu’un sans vraiment sortir de la nôtre. C’est difficile de monter sur l’estrade. Au début, je devais reprendre le début de la scène dix fois, car des que j’y allais, je me rétractais et il fallait recommencer ! Mais je sens que je progresse. Lors de l’évaluation, j’ai réussi à mettre de côté ma timidité et à réussir ma scène. Je suis fière de moi. Il faut continuer dans cette lancée ! »

 

Justine Vergier, 17 ans

« J’ai commencé le théâtre il y a trois ans et j’ai tout de suite eu un déclic ! J’ai longtemps cherché un hobby, une passion, j’ai fait du sport, de la danse mais c’est vraiment le théâtre qui me complète le plus. Je vais souvent voir des spectacles et j’ai toujours été passionnée par le cinéma et le théâtre, de voir des gens jouer et vivre des choses qu’ils ne vivent pas forcément dans la vie de tous les jours. C’est ce qui me plait : me mettre dans la peau de quelqu’un d’autre et partager avec le spectateur. J’aime voir les émotions sur les visages des spectateurs. Ça me touche beaucoup. J’ai choisi de suivre le cursus, car j’aimerais beaucoup faire du théâtre mon métier. Le cursus est une voie plus exigeante, il y a des examens à la fin de l’année et donc des diplômes à la clef. Le cursus permet de garder une trace de tout ce que j’ai fait, appris et engagé. Je pourrai valoriser mon niveau. Un diplôme de cursus théâtre donnera un certain cachet, une certaine valeur et une reconnaissance de ma formation théâtre. J’aimerais continuer dans un conservatoire et entrer dans une école d’art dramatique. Je sais que peu sont élus. C’est pour cette raison que je vais passer d’autres diplômes dans d’autres domaines pour m’assurer un plan de secours mais j’ai cette force pour passer des auditions, essayer d’en faire ma vie, mon métier. J’y crois ! »

 

Pratique

  • Pour s’inscrire, il faut remplir une fiche d’inscription (en téléchargement sur www.conservatoire.pf ou disponible sur place)
  • à déposer au secrétariat
  • Plus d’infos 40 501 414

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