N°134 – Des œuvres emblématiques du patrimoine polynésien présentées à Londres

 

Musée de Tahiti et des îles (MTI) – Te Fare Manaha

 

Rencontre avec Miriama Bono, directrice du musée de Tahiti et des îles. Texte : Meria Orbeck.

 

C’est un événement dans le monde de la culture océanienne : la grande exposition Oceania est ouverte depuis le 29 septembre dernier à la Royal Academy of Arts de Londres. Miriama Bono, la directrice du musée de Tahiti et des îles, faisait partie de la délégation polynésienne invitée à son inauguration et à la cérémonie de bénédiction.

 

C’est accompagnées des chants traditionnels maoris que les différentes délégations représentant la Nouvelle-Zélande, les Tonga, les Fidji, les Îles Cook, Hawaii, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Polynésie française ont célébré l’ouverture de l’exposition londonienne consacrée aux arts océaniens.

Ouverte du 29 septembre au 10 décembre 2018, cette exposition réunit environ deux cents œuvres océaniennes exceptionnelles. Elles sont issues de riches collections ethnographiques historiques datant du XVIIIe siècle à nos jours. Des ornements de coquillages, de jade et de céramique aux magnifiques pirogues, en passant par les superbes figures de dieux insulaires, Oceania explore des thèmes importants tels que les voyages, la création de lieux et la rencontre. L’exposition comprend également des œuvres majeures produites par des artistes contemporains explorant l’histoire, l’identité et les changements climatiques.

Pour Miriama Bono, la directrice du musée, invitée à Londres pour l’inauguration aux côtés du ministre de la Culture, « c’était très émouvant de voir tous ces objets en vrai parce que pour la plupart, je ne les avais jamais vus autrement qu’en reproduction. Leur état de conservation, notamment, est remarquable. C’est le cas par exemple, des dessins de Tupaia. Le papier est à peine jauni, et les détails, que l’on ne voit pas à l’œil nu sur une reproduction, sont vraiment impressionnants. C’était émouvant de voir comme il avait représenté chaque arbre avec chaque feuille qui était dessinée, chaque racine… Il avait vraiment un grand sens du détail, au-delà de l’aspect esthétique. C’était fort et émouvant pour tous les membres de la délégation. »

Certaines œuvres pourraient revenir en Polynésie

Ainsi, une quinzaine des œuvres exposées sont originaires de la Polynésie, notamment des pièces majeures comme la figure du dieu A’a des Australes, le dieu Rao des Marquises, le tiki à deux têtes et d’autres encore. Un remarquable taumi (plastron) confectionné avec des poils de chien, des petites plumes et des dents de requin a particulièrement retenu l’attention de Miriama Bono, par le travail minutieux qu’il a dû demander.

Au-delà de l’événement, ce déplacement a été l’occasion d’avoir un échange très enrichissant avec les autres communautés du Pacifique sur leurs propres problématiques de conservation et de défense de leur culture. De plus, pour le musée, la rencontre avec Stéphane Martin, président-directeur du musée du Quai Branly et les responsables des collections océaniennes du British Museum permettra des prêts éventuels d’objets de leurs collections en vue de la réouverture de la salle d’exposition permanente en 2021. Cela permettrait au grand public de pouvoir admirer ces chefs-d’œuvre de près, car même si plusieurs pièces présentées dans le cadre de l’exposition Oceania viennent de Polynésie française, elles n’ont pas été vues au fenua depuis des décennies.
Exposition Oceania

Jusqu’au 10 décembre 2018

Royal Academy of Arts, Londres

www.royalacademy.org.uk/exhibition/oceania

 

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