N°127 – A la découverte du phare de la Pointe Vénus

Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel (SPAA) – Te piha faufa’a tupuna2 Fi4-37-74  TAHITI - Le Phare et le Monument de Cook - Pointe Vénus, Haapape

 

Rencontre avec Jean-Michel Garrigues, chef du Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel. Texte SF. Photos SPAA.

 

Construit à la pointe Vénus, à Mahina, l’unique phare de Tahiti compte cette année plus d’un siècle et demi d’existence. Il est, depuis 150 ans, toujours en activité.Du haut de ses 32,85 mètres, ce grand édifice est emprunt d’histoire.

 

Tout commence dans les années 1860. Le commandant de la Roncière, alors Commissaire impérial aux Îles de la Société sous le règne de la reine Pomare IV, ordonne la construction d’un ouvrage particulier et inédit en Polynésie. Ayant observé toute la richesse marine du territoire, l’homme comprend que les phares sont indispensables à l’amélioration de l’activité maritime et commerciale. Il choisit donc un lieu : la pointe Vénus. Pourquoi cet emplacement ? La baie de Matavai est le lieu de mouillage de nombreux navigateurs, dont Samuel Wallis, premier Européen à être arrivé à ce même endroit en 1767. C’est aussi là que sont arrivés à Tahiti les membres de la société missionnaire de Londres venus évangéliser la Polynésie.Le cap de la Pointe Vénus estdonc le point de l’île qu’il importe le plus de signaler aux paquebots et navigateurs arrivant à Tahiti. Quant à son nom, on le doit au souvenir de la mission du capitaine Cook en 1769, dont le but était l’observation de la planète Vénus.

 

Pierre de taille

 

En 1865, les premiers matériaux nécessaires à la construction du phare, dont le système d’éclairage, arrivent de France. Quinze ouvriers mangaréviens sont mis à disposition par la Mission catholique pour l’édification du phare. Il sera construit avec des pierres provenant des exploitations de sable de l’archipel des Gambier.Au XIXième siècle, les Mangaréviens sont les seuls à savoir bâtir des édifices en pierre de taille, ils sont d’ailleurs à l’origine de la cathédrale de Papeete. Pour le phare, ils utilisent des moellons (pierre calcaire) et des coraux avec des pierres de taille aux angles. A l’époque, la tour est érigée sur 25 mètres de hauteur, elle sera surélevée de 7 mètres en 1963. Les travaux du phare et de ses annexes se terminent en 1867. Le 1er janvier 1868, le feu est allumé, et quelques mois plus tard, le 23 avril 1868, le phare est inauguré par le commandant de la Roncière et Monseigneur Pompallier, évêque d’Auckland.A cette occasion, la foule est au rendez-vous. En plus des nombreux invités, une soixantaine de Tahitiens assistent aux festivités. Le phare va pouvoir remplir sa mission : guider les navigateurs.

 

Monument du patrimoine
Une mission qu’il remplit depuis 150 ans à une exception près : durant la Seconde mondiale, les quatre faces du phare, situé alors dans une cocoteraie,auraient étépeintes de cocotiers afin de le camoufler. Ainsi, il ne pouvait plus servir de point de repère à la flotte ennemie*. Aujourd’hui, ce monument est emblématique de notre patrimoine culturel matériel. Premier phare du Pacifique Sud, il est protégé et entretenu par le Service des Phares et Balises de la Direction de l’Equipement. Après avoir été plusieurs fois rénové, il reste fermé au grand public pour des raisons de sécurité.

 

 

 

*cf. Albert T’SERSTEVENS, « Tahiti et sa couronne ».

 

 

 

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