N°123 – Les Tuhaa Pae chantent leurs spécificités

 

Maison de la Culture (TFTN) – Te Fare Tauhiti NuiIMG_6606

 

Rencontre avec Vaiana Giraud, chargée de la communication et de la production à la Maison de la culture et Mama Iopa, enseignante de chants traditionnels au Conservatoire artistique de la Polynésie française. Texte Lucie Rabreaud.

 

 

Créé en 2015 par la Maison de la Culture en partenariat avec le Conservatoire artistique de la Polynésie française, le Heiva Tärava propose aux groupes de chants traditionnels de prendre le devant de la scène. Après une édition consacrée au Tärava Tahiti en 2015, puis au Tärava Raromatai en 2016, les Tuhaa Pae étaient les vedettes cette année.

 

 

La troisième édition du Heiva Tärava a mis en avant les chants polyphoniques des Australes, dans le cadre de ces rencontres organisées par la Maison de la Culture en partenariat avec le Conservatoire Artistique de la Polynésie française permettent de valoriser les groupes de chants traditionnels hors de tout concours.

 

Cette année, ce sont les Australes qui étaient les stars de cette édition. « Nous sommes très étonnés de voir une telle augmentation du nombre de groupes participant au Heiva i Tahiti en catégorie Tarava Tuhaa Pae. En 2012, ils étaient trois. Cette année, nous avons eu six groupes dans cette catégorie. Nous constatons que des groupes se créent, des gens se passionnent pour ces chants et les jeunes générations s’impliquent. Cela nous a donc paru être la bonne année pour leur dédier cet événement », précise Vaiana Giraud. Six groupes ont participé (Te Pape ora no Papofai, Tamarii Rapa no Tahiti, Pupu tamarii Papara oire, Tamarii pereaitu, Tamarii tuhaa pae no Mahina et Papara to’u fenua) dont quatre primés lors du Heiva i Tahiti 2017. Le niveau était donc élevé. L’événement était d’ailleurs porté par des spécialistes, notamment par Mama Iopa qui a mis en œuvre cette rencontre. Plusieurs fois membre et présidente du jury du Heiva i Tahiti, plusieurs fois lauréate au Heiva i Tahiti, chef du groupe Te Pape ora no Papofai et enseignante de chants traditionnels au Conservatoire, c’est elle qui a écrit le hïmene ‘ämui final. Pierrot Faraire, plusieurs fois lauréat et membre du jury du Heiva i Tahiti, a également animé la soirée auprès d’elle.

 

Chaque groupe représentait une île différente permettant aux oreilles averties d’apprécier les spécificités de chacune. Des chants qui invitent aussi à danser. Et tous racontent leur histoire, leur terre, leur montagne, leur vallée et leurs rivières… Pierrot Faraire n’a pas manqué entre chaque groupe de parler des spécificités des îles des Australes, rappelant le nom de villages, des montagnes, parfois en se moquant gentiment des habitudes des uns et des autres. La soirée s’est terminée avec l’ensemble des chanteurs par un hïmene ‘ämui sensationnel, qui ferait aimer le chant traditionnel polynésien à n’importe qui !

 

Interview / Mama Iopa : « L’histoire de la Polynésie se transmet à travers ces chants »

 

Qu’est-ce que le tärava Tuhaa Pae ?

 

Le mot tärava a plusieurs significations en tahitien : allonger les jambes, tärava te avae ; tärava c’est aussi la longueur de la route, te tärava no te puromu ; c’est aussi la largeur du terrain, te tärava no te fenua ; et dans le domaine du hïmene, tärava c’est l’âme du chanteur qui s’en va, ça part du bas vers le haut, te tärava ra te varua, c’est l’âme qui accompagne la mélodie, les paroles chantées. Le chanteur prend plaisir à chanter et il se sent en paix dans le chant. Le tärava Tuhaa Pae est le tärava des îles Australes.

 

Qu’a-t-il de différent avec le tärava Tahiti, le tärava Raromatai… ?

 

Les noms des voix sont les mêmes : fa’a’ara’ara, la première voix qu’on entend, le maru tamau des hommes, le perepere… Ce sont les mêmes noms, mais la tonalité et le rythme diffèrent. Le tärava Tuhaa Pae est très rapide. Plus rapide que le tärava Tahiti ou Raromatai. C’est pour cela que les mamans se mettent à danser ! C’est très rapide et très entrainant.

 

Que chante-t-on dans les tärava Tuhaa Pae ?

 

Dans le tärava Tuhaa Pae comme dans les autres tärava, on raconte les légendes du Pays, on parle beaucoup aussi des histoires de la bible. On chante aussi les lieux, les origines des noms.

 

Pourquoi est-ce important que les jeunes générations apprennent les tärava?

 

C’est très important d’apprendre le hïmene, le tärava, le hïmene ruau, car à travers ces chants, ils prennent connaissance de leur histoire, des noms des montagnes, des rivières, des passes, des grands aito, des grands rois et héros d’antan. L’histoire de la Polynésie se transmet à travers ces chants. Tant que l’Eglise protestante chante les tärava, ils ne disparaitront pas. Le Heiva Tärava Tuhaa Pae a permis de montrer nos chants de manière plus libre, sans les contraintes du concours du Heiva i Tahiti.

 

 

 

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