N°118 – Heiva i Tahiti : la grandeur de nos traditions

Maison de la Culture (TFTN) – Te Fare Tauhiti NuiHeiva2015-rahiri-3

Conservatoire Artistique de Polynésie française (CAPF) – Te Fare Upa Rau

Service de l’artisanat traditionnel (ART) – Pu Ohipa Rima’i

 

Rencontre avec Heremoana Maamaatuaiahutapu, ministre de la Culture, Coco Hotahota, chef de Temaeva, Vaiana Giraud, responsable de la production et de la communication à la Maison de la Culture, Matani Kainuku, président du jury, et tous les organisateurs d’événements dans le cadre du Heiva i Tahiti 2017. Texte : ASF.

 

 

Le Heiva i Tahiti est là ! Ces derniers jours, les toere ont résonné plus que jamais dans les vallées et les parkings mal éclairés de l’île. Les gestes mille fois répétés se sont faits plus précis. Entre fatigue et excitation, les groupes sont fin prêts à monter sur la scène de To’ata, prêts à affronter le jury, prêts à vivre et à partager leur vision de la tradition et de la culture. Le Heiva ne s’arrête pas uniquement à un concours de danses et de chants, c’est aussi un moment de communion entre une population et sa culture. Marche sur le feu, sports traditionnels, artisanat, spectacle sur le marae, autant de temps forts à ne pas rater en ce mois festif de juillet.

 

« Nous sommes revenus à des proportions normales, l’année dernière nous étions dans quelque chose d’exceptionnel », a assuré le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu lors de la présentation du programme du Heiva i Tahiti 2017. Douze groupes de danse seront cette année sur la scène de To’ata à partir du 6 juillet et pour six soirées. Huit dans la catégorie des amateurs Hura ava tau et quatre seulement chez les professionnels Hura tau. Quant aux groupes de chant, ils sont 16 cette année. Qu’à cela ne tienne, les organisateurs nous promettent un Heiva de qualité et, au regard du nombre de participants dans la catégorie amateur, on peut d’ores et déjà pronostiquer de belles surprises.

 

La suprématie des Tarava Tuha’a pae

 

Les voix s’élèveront également à To’ata. Pour cette édition 2017, ils seront seize chorales à monter sur scène et à nous bercer de leur hīmene. Depuis toujours le chant traditionnel détient une place privilégiée, c’est surtout une véritable opportunité pour les îles de montrer à Tahiti la force de leur culture, de leur singularité et de leur histoire. Cette année, le Tarava Tuha’a pae est, pour la première fois, la catégorie la plus représentée avec six groupes contre cinq pour le Tarava Tahiti et tout autant pour le Tarava Raromatai. C’est d’ailleurs un groupe en Tarava Tuha’a pae qui ouvrira les festivités juste après le rahiri, cette cérémonie ancestrale où chefs de groupes et membres du jury se réunissent une feuille de bananier dans la main avant de la déposer au sol. Symbole de paix et de sérénité, ce rituel a pour but de sceller l’engagement de chacun à se respecter mutuellement, quels que soient les résultats. C’est un moment fort de l’ouverture du Heiva.

 

Temaeva, 55 ans de danse et de création

 

Au-delà du concours, l’autre temps fort à ne pas rater concerne la soirée de la remise des prix. Le 19 juillet, les organisateurs honoreront le groupe Temaeva fondé et dirigé par Coco Hotahota. En 55 ans d’existence, cette troupe a marqué de son empreinte le Heiva en multipliant les récompenses et les prises de position. Son chef de groupe, exigeant et précurseur, a souvent bousculé les esprits pour dénoncer les dérives du monde contemporain, n’hésitant pas, par exemple, à habiller ses danseurs de boîtes de conserve. Ce 19 juillet, ne parlez pas d’hommage à Coco Hotahota pour qui ce mot signifie la fin, mais plutôt d’une célébration de la culture polynésienne. Tout au long de la soirée, nous revivrons l’histoire de ce groupe et de son fondateur à travers des projections d’archives issues de Polynésie 1ère et du service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel et quelques passages de danse avec des anciens membres de la troupe. Le Heiva i Tahiti 2017 s’annonce riche en émotions.

 

 

Pratique

Du 6 au 22 juillet

Soirées de concours les 6, 7, 8, 13, 14 et 15 juillet à partir de 18 h 00

Mercredi 19 juillet : soirée de remise des prix à 19 h 30 (entrée libre avec ticket à récupérer sur place).

Vendredi 21 juillet : soirée des Lauréats (chants et danses), à 18 h 00

Samedi 22 juillet : soirée Taupiti i T’oata (2e et 3e groupes primés en danse), à 18 h 00

Détail des soirées et tarifs dans notre programme et sur www.heiva.org, le nouveau site dédié entièrement au Heiva i Tahiti. Disponible en version française et anglaise, cette nouvelle plateforme permet aux internautes d’avoir toutes les informations sur l’ensemble des festivités liées au Heiva 2017, mais aussi sur les éditions passées depuis 2012.

 

 

 

Interview de Coco Hotahota

 

« On ne peut pas évoluer sans une base solide »

 

Temaeva est à l’honneur cette année, est-ce que cet hommage vous rend fier du chemin parcouru ?

 

Je n’aime pas trop cette idée d’hommage ! Est-ce qu’on considère que c’est la fin ? Moi, je n’ai pas envie de m’arrêter, j’ai une dette immense vis-à-vis de ce pays qui m’a tant donné. Jusqu’à mon dernier souffle, j’essaierai de rendre ma dette en produisant des spectacles. Je vous le dis déjà, je serai au Heiva en 2018 !

 

En 55 ans d’existence la culture a évolué, qu’est-ce qui a vraiment changé selon vous ?

 

Beaucoup de choses ont changé : les mentalités, la société, les institutions du Pays. Ce qui m’agace, c’est le peu d’engagement pour préserver les pas traditionnels. La modernité ne me dérange pas, ce qui me pose problème c’est que nos jeunes n’apprennent pas en premier lieu notre histoire, notre culture, nos traditions avant d’aller chercher des choses hors de la Polynésie. On ne peut pas évoluer sans une base solide, c’est une erreur. L’incompréhension du tahitien est, par exemple, impensable pour vivre notre danse.

 

En créant Temaeva en 1962 vous vouliez préserver cette histoire ?

 

Pas du tout, j’étais jeune et farfelu et, justement, je voulais faire évoluer les choses. C’est après que j’ai compris que j’avais commis une erreur fondamentale, que j’ai compris l’importance de connaître ses racines, de comprendre sa culture. En mémoire de mamie Madeleine (ndlr Coco Hotahota a dansé dans le groupe Heiva et tout appris avec Madeleine Moua), en mémoire des anciens, j’ai fait machine arrière. Je suis allé à la rencontre des anciens chefs de danses pour acquérir la connaissance. Cela a été très dur, car ils ne veulent pas transmettre par peur que cela soit transformé. Il a fallu les convaincre. C’est notamment Temaeva qui a relancé le ‘aparima vāvā. Pour cela, il a fallu interroger des anciens, leur demander les pas. J’essaye maintenant de transmettre.

 

A ne pas rater … les cinq représentations de Temaeva sur le marae Arahurahu

 

Pour la quatrième année consécutive, le marae Arahurahu, à Paea, accueillera tous les samedis du mois de juillet un spectacle. Cette année, c’est le groupe de Coco Hotahota, Temaeva, qui a été choisi par le Conservatoire artistique de la Polynésie française. La troupe présente Te Hau Pahu Nui, la triple alliance et la gloire des cours royales. Découvrez les détails de ce thème dans l’article consacré au spectacle de Temaeva au marae (p10-11)

 

Pratique

 

Les 1er, 8, 15, 22 et 29 juillet à 15 h 45.

Tarif unique : 2 000 Fcfp

Billets en vente à Radio 1 et dans les deux magasins Carrefour.

 

 

 

Un événement Green !

 

Depuis 2016, le Heiva s’implique dans la protection de l’environnement. Cette année encore le Heiva s’associe à Fenua Ma afin d’avoir une gestion optimale des déchets sur le site, avec des corbeilles de tri et des éco-ambassadeurs présents les soirs de spectacle. En amont, les groupes de danses ont été sensibilisés au choix des végétaux pour leurs costumes afin de préserver les espèces protégées et limiter la propagation des espèces envahissantes. Enfin, tout au long des festivités nous pourrons rencontrer la mascotte Vik’ura, symbole de la protection des perruches de Rimatara.

 

 

Un jury très impliqué

 

Sous la présidence de Matani Kainuku pour la 2e année consécutive, le jury est composé de neuf personnalités du monde de la culture, retenues pour leurs compétences dans le domaine de la danse, du chant, de la musique et de la langue. Chacun aura la lourde tâche de juger le travail des différents participants et de remettre ensuite 51 prix dont 28 dans la catégorie ‘ori tahiti. Ce jury a particulièrement travaillé en amont pour remettre à jour les fiches de notation et les clarifier. Un long travail de pédagogie et d’explication a ensuite été fait sur le terrain, auprès des chefs de groupe afin que le règlement soit intégré et compris de tous.

 

Jury en danses :

Matani Kainuku (président)

Moana’ura Tehei’ura (vice-président)

Kehaulani Chanquy

Vaihere Pohue

 

Jury en chants :

Léontine Degage

Pierrot Faraire

Jean-Marc Zinguerlet

Jury en écriture :

Steve Chailloux

Jury en percussions et compositions musicales :

Wilson Mahuta

 

 

 

Le Heiva i Tahiti 2017 en quelques chiffres :

 

1 260 heures en moyenne de préparation pour une prestation de chant

3 360 heures en moyenne de préparation pour une prestation de danse

39 heures de répétitions sur To’ata

28 heures de soirées sur To’ata

2 260 artistes en chants et en danses

1 500 more commandés

8 880 mètres de tissus utilisés

 

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Le 5 juillet : le umu ti, les premiers pas dans le Heiva

 

Comme chaque année, le umu ti, la marche sur le feu, ouvre les festivités du Heiva. Orchestré par le tahua Raymond Graffe, cet événement impressionne toujours autant le public. « Dompter le feu n’est pas facile, concède le tahua, mais nous sommes tenaces ! ». Ténacité et patience sont en effet les maîtres mots tant la préparation est longue, de 24 à 48 heures. Bois de aito, pierres d’un mètre de diamètre, niau, cailloux de la vallée de la Papenoo et palmes de cocotier sèches sont nécessaires tout comme les incantations du tahua pour pouvoir espérer marcher sur la fournaise à la nuit tombée, suivre le prêtre sur des pierres chauffées à blanc, dont la surface peut dépasser les 2000 °C. Aujourd’hui, Raymond l’affirme, les étrangers sont de plus en plus nombreux à tenter l’expérience. « Depuis deux ans, nous avons même des couples étrangers qui viennent se marier en pratiquant le umu ti. ». Si cela vous tente, rendez-vous au Mahana Park, un lieu dont le nom originel est Otia manutahi no mano, à la frontière de Punaauia et de Paea.

 

Mercredi 5 juillet à 18 heures

Mahana Park

Tarif unique : 3 000 Fcfp

Vente des billets à la Maison de la culture

Renseignements auprès de Nini au 87.78.54.75./www.heiva.org

 

 

Du 1er au 15 juillet : Heiva Tu’aro ma’ohi et Heiva va’a

Agilité, force, stratégie, endurance… Les neuf cents licenciés des sports traditionnels doivent développer toutes ces qualités pour être parmi les meilleurs des quatre archipels en 2017, les îles Marquises n’étant pas représentées pour cette édition. Comme tous les ans, le public est invité à suivre dans une ambiance conviviale les nombreuses épreuves. Après les va’a holopuni et les va’a motu en juin, les courses de porteurs de fruits seront à l’honneur le 12 juillet, dans les jardins de Paofai. Puis les 14 et 15 juillet, aux Musée de Tahiti et ses îles, venez encourager les participants au lancer de javelot, au lever de pierre, ou bien encore au décorticage de coprah. Pour cette dernière épreuve, pas moins de 4500 cocos sont acheminés des îles. Cette année, le Heiva Tu’aro ma’ohi prend de la hauteur avec le premier championnat du monde de grimper de cocotier. Début juin, sept pays avaient déjà confirmé leur participation : Hawaï (4 athlètes), Samoa (2 athlètes), Fidji (2 athlètes), Kiribati (2 athlètes), les îles Cook (2 athlètes), Rapa Nui (1 athlète) et Tonga (2 athlètes). Pour rappel, le ta’uma haari consiste à grimper le plus rapidement possible le long d’un cocotier, afin de toucher une étoffe rouge placée à huit mètres du sol. Des étrangers seront également présents pour les courses de pirogues, quelques délégations participant aux championnats du monde de va’a en juin ont décidé de prolonger leur séjour en Polynésie afin de vivre, en pareu et couronnes de fleurs, le Heiva va’a. Neuf pays sont attendus.

Pratique

Tu’aro ma’ohi :

Du 12 au 15 juillet

Voir le détail des compétitions dans notre programme

+ d’infos : 87 77 09 05 / www.heiva.org

 

Heiva va’a 

Du 1er au 14 juillet

Voir le détail des courses dans notre programme

+ d’infos : 40 45 05 44 / www.ftvaa.pf / www.heiva.org

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Le Heiva c’est aussi…

 

Jusqu’au 16 juillet : Heiva rima’i, l’artisanat aux multiples expressions

 

Depuis 29 ans, le Heiva des artisans accompagne le Heiva i Tahiti en montrant une autre facette de la culture polynésienne, la richesse et la diversité des cinq archipels. Sculpture sur bois et pierre, tressage, tifaifai, tapa… L’excellence de l’artisanat se donne rendez-vous cette année sur le site de l’ancien hôpital Mamao.

 

Pratique

Du 23 juin au 16 juillet

8h à 18h

Site Mamao

Entrée libre

+ d’infos : CTRR 40 54 54 00, 87 71 18 50, 87 75 92 48, ou sur www.heiva.org

 

Le village du Heiva

Cette année encore, les spectateurs pourront, quelques heures avant l’ouverture des concours profiter du village du Heiva, sur l’esplanade basse de To’ata. Exposants, animations, jeux, autant de prestations à la disposition des visiteurs.

 

Pratique

Du 6 au 22 juillet

Ouvert les soirs de spectacles du Heiva, à partir de 16h30

Esplanade basse de To’ata

Entrée libre

+ d’infos 40 47 27 41 ou sur www.heiva.org

 

 

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