N°115 – « L’enrichissement culturel et artistique est essentiel » 

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Diplômée du Centre des Métiers d’Art en 2011, Vaihere Tauraa est l’une des premières élèves à avoir pu, depuis Papeete, passer le concours d’entrée à l’Ecole supérieure d’arts de Toulon Provence Méditerranée, grâce aux relations établies par le directeur du Centre avec l’école supérieure d’Art. Elle y a obtenu un DNAT (Diplôme National d’Art et Technique) option design d’espace et d’objets. De retour à Tahiti, elle enseigne désormais les arts plastiques au Centre des Métiers d’Art. Rencontre.

 

 

Tu es diplômée du Centre des Métiers d’Art, tu as une licence des Beaux-Arts et tu reviens aujourd’hui enseigner les arts plastiques au Centre des Métiers d’Art. Cela te fait quel effet ?

Je suis très enthousiaste ! Je connais le potentiel des élèves et c’est très stimulant de travailler avec eux, ainsi qu’avec l’équipe enseignante.

 

Quelles autres expériences professionnelles as-tu vécues avant d’intégrer le Centre des Métiers d’Art ?

J’ai suivi, pour des raisons familiales, une formation pour apprendre le métier de prothésiste dentaire. Et puis je suis tombée enceinte, et nous avons décidé avec mon compagnon de rentrer avec notre fille à Tahiti, pour plusieurs raisons et notamment à cause des attentats. Ici, j’ai commencé par donner des cours particuliers de dessin et à avoir des commandes de peintures. Et puis Viri Taimana, le directeur, m’a proposé d’enseigner au Centre : une autre aventure qui commence !

 

Qu’est-ce qui te motive dans l’enseignement, et à plus forte raison au Centre des Métiers d’Art ?

C’est un lieu dynamique, avec une équipe enseignante créative et efficace, avec des élèves prometteurs… Viri a toujours beaucoup d’ambition et de projets, il nous pousse à repousser nos limites, ce qui, en plus d’être motivant, nous fait tous progresser !

 

Sur quels projets vas-tu travailler avec tes élèves ?

J’enseigne les arts plastiques aux première, deuxième et troisième années. J’ai pour chaque classe une ligne directrice et des objectifs : les faire évoluer techniquement, tout en faisant en sorte qu’ils s’approprient leur culture polynésienne – ancienne et actuelle – afin de l’interpréter à leur façon. Tout cela en s’adaptant à la sensibilité de chaque élève.

 

Comment amènes-tu les élèves à se positionner, artistiquement parlant ?

L’objectif est de les faire avancer dans leur démarche personnelle, en donnant du sens à leur apprentissage. Nous les sensibilisons à l’observation, à la recherche, à l’expérimentation, au sens critique, afin que leurs réalisations traduisent un cheminement perceptible.

 

Poursuis-tu aujourd’hui une démarche artistique personnelle ?

Oui, je n’ai jamais arrêté ! Je travaille depuis quelques temps sur une série de tableaux inspirés d’un livre de photographies : « Tahitian Beauties », de Lucien Gauthier (photographe). Je l’ai découvert par hasard dans un petit kiosque en France et j’ai été surprise par la profondeur des regards, que je réinterprète à ma façon en peinture.

 

Quelle présence donnes-tu à l’art polynésien dans ton travail ?

Mon histoire personnelle et mon parcours artistique nourrissent ma pratique, tout comme mon appartenance identitaire et culturelle. Mon travail témoigne de ma relation au monde, dans son histoire comme dans son actualité.

 

Quelles sont tes sources d’inspiration, tes références artistiques ?

La nature, la culture, l’identité, l’actualité… Je suis très sensible au design d’objets, parce que je considère que c’est une discipline qui contribue à rendre accessible l’art et la culture, tout en étant utile. Lors de mes études aux Beaux-Arts, j’avais imaginé des panneaux ajourés de motifs de nos archipels polynésiens. L’idée était de les intégrer dans l’espace public – comme ombrières par exemple – afin que le public assimile, de manière tout à fait naturelle, ces éléments du patrimoine.

 

Comment perçois-tu l’art contemporain polynésien ?

Je trouve qu’il y a une émulation de jeunes artistes, qui s’expriment à travers les médiums « traditionnels » ou plus modernes comme le graffiti et les arts numériques. Ces artistes nous donnent à voir leur appréhension de la Polynésie actuelle. L’art est une ressource qui doit continuer à se moderniser pour que se libère la création.

 

Et comment y parvenir d’après toi ?

En continuant à soutenir, à développer le Centre des Métiers d’Art ! En réorganisant les institutions culturelles du Pays, en spécialisant des domaines de la culture en filière d’enseignement avec des moyens adaptés – associations culturelles, écoles, musées, centre artistique, résidence d’artistes, bibliothèques etc. – pour éveiller le goût artistique en formant aux techniques et à la connaissance. L’enrichissement culturel et artistique est essentiel pour une société afin d’être en reconnexion avec elle !

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