N°113 – 14ème FIFO : regards croisés

Maison de la Culture – Te FareTauhiti NuiFIFO AFFICHE 2017BAT

 

Rencontre avec Miriama Bono, présidente de l’AFIFO, Mareva Leu, déléguée générale, Michèle de Chazeaux, Hina Sylvain, Marie-Noëlle Frémy, Pascale Briançon et Moana’ura Tehei’ura, membres du comité de présélection.

 

 

Pour sa 14ème édition, le FIFO poursuit sa traversée géographique et humaine, invitant l’Océanie de près et de loin à un voyage au cœur de la création et de la culture océanienne, de la diversité des combats et des peuples de cette région du monde. A la croisée des regards, zoom sur le FIFO 2017 !

9 jours pour laisser aller sa curiosité à la découverte de films documentaires, mais pas que. Nuit du court-métrage, carte blanche au Président du Jury, soirée Al Dorsey : le OFF du FIFO constitue lui aussi un événement dans l’évènement. Car l’objectif du FIFO est de montrer des œuvres de qualité, souvent peu diffusées, à des publics toujours plus divers, tout en faisant découvrir la création audiovisuelle océanienne sous toutes ses formes. Avec, en plus, le parti-pris de faire évoluer celle-ci. Rencontres, débats, colloques, ateliers audiovisuels gratuits pour le public, ateliers à destination des professionnels, le FIFO structure et fédère autour de lui et des enjeux de la production audiovisuelle un large public d’amateurs et curieux, réalisateurs, producteurs, diffuseurs, pouvoirs publics et entreprises privées.

 

La sélection 2017

Le cœur du FIFO, c’est sa sélection de documentaires. Émouvante, originale, surprenante, différente, inattendue, les qualificatifs élogieux ne manquent pas pour la qualifier et chaque année, elle nous réserve son lot de surprises ! Pour cette 14ème édition, la sélection compte 14 films en compétition et 16 hors compétition, ainsi qu’un bel éventail de 10 documentaires pour la catégorie « Écrans Océaniens ». Polynésie française, Australie, Nouvelle-Zélande, Wallis et Futuna, Nouvelle-Calédonie, Hawaii, Samoa et Papouasie Nouvelle-Guinée : le spectre géographique est large. Et il faut bien cette variété pour appréhender et interroger la diversité océanienne. Mais pour dépasser les clichés et sortir des sentiers battus, tout est question de hauteur de vue. La sélection opérée pour le Festival questionne l’histoire et le présent de l’Océanie contemporaine, les problématiques d’hier et d’aujourd’hui et s’attache à en souligner les singularités. Elle fait du FIFO un rendez-vous unique pour les professionnels de l’audiovisuel en Océanie et surtout, leur offre une belle occasion de montrer leurs films. Et pour le public du festival, c’est un privilège de pouvoir découvrir, réunies en un même lieu, ces traversées historiques, culturelles, sociales, artistiques, politiques, à la rencontre des peuples de toute l’Océanie.

À la croisée des regards…

Le comité de présélection rassemble 9 personnalités issues d’horizons variés, connues ou pas, professionnels de l’audiovisuel ou pas. Cette instance de réflexion et de partage d’expériences qui visionne et évalue avec pertinence des centaines de films est composée des « sages » du FIFO et de visages plus ou moins récents. Michèle de Chazeaux, Hina Sylvain, Guy Wallart, Marie-Noëlle Frémy : ils sont là depuis le tout début, ils sont la mémoire et l’essence de la sélection présente au FIFO. À leurs côtés, Sophie Blanc, Pascale Briançon, Taema Mahinui, Moana Brotherson et Moana’ura Tehei’ura : ils ont été rigoureusement choisis pour la richesse et l’originalité de leur personnalité. « C’est cette confrontation de regards qui est porteuse de sens pour la sélection, sélection qui fait tout l’intérêt du festival », admet Hina Sylvain. « Les échanges entre les membres du comité permettent de réfléchir plus loin que si l’on était seul », souligne Pascale Briançon, ingénieure du son. Nous avons chacun nos goûts et nos sensibilités, mais le même objectif – celui du FIFO : montrer l’Océanie. » Moana’ura Tehei’ura, chorégraphe indépendant bien connu dans le monde du ‘ori tahiti mais également professeur d’anglais explique que, autant parmi les membres du comité de présélection que les réalisateurs des documentaires, « il y a les regards intérieurs et extérieurs. Une dualité qui n’est pas en contraction mais en cohabitation. De ce fait les sujets, bien qu’ayant tous trait à l’Océanie, ne sont pas analysés et traités de la même manière. Il est intéressant de voir comment l’on est perçu par nous-mêmes et par les autres. Finalement, c’est l’ensemble de toutes ces subjectivités qui permet de dégager un équilibre dans ce qui est donné à voir. »

et des thématiques…

Pour Michèle de Chazeaux, « la célébration de la nature » l’a interpellée cette année. Avec des fleurs qui ont « l’audace de pousser sur des terres pleines de métaux lourds » (« Terre de métal »). Ou bien encore une igname personnifiée pour nous raconter la trajectoire des hommes à travers lui (« Yam »). Hina Sylvain retient quant à elle la place du patrimoine dans cette sélection. « On revient beaucoup au geste. La confection du tapa (« Paroles de tapa »), la danse traditionnelle (« Alors on danse », « ‘Ori Tahiti au pays du soleil levant »), le tatouage (« Tep Tok – reading between our lines »), l’importance du rituel dans la construction de l’identité (« Zach’s ceremony »). Le geste comme garant d’une culture ». Marie-Noëlle Frémy est sensible pour sa part à l’audace des sujets. « Sont mises en image des notions très complexes comme l’invisible, la violence, la justice, l’identité, la terre, comme autant de façon de montrer et de voir l’Océanie. » Pascale Briançon a apprécié « le côté innovant de certaines réalisations », montrant l’Océanie de façon inattendue. Moana’ura Tehei’ura analyse quant à lui « le besoin, récurrent, d’accepter et de faire évoluer l’histoire, à travers les sujets du fait nucléaire, de la condition aborigène ou de l’identité maorie ». Pas de tendance thématique particulière pour ce 14ème FIFO donc, mais une variété de sujets qui fera naître, à n’en pas douter, de passionnants débats.

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3 questions à Miriama Bono, présidente de l’AFIFO

Tu as organisé 3 éditions du FIFO et tu es maintenant la présidente de l’association, quel est ton rôle ?

Mon rôle est de dresser, avec le bureau de l’association, les grandes lignes stratégiques de la manifestation, et de veiller à ce que les décisions du bureau soient justement mises en œuvre par la déléguée générale, Mareva Leu, avec qui nous travaillons main dans la main. Nous faisons le lien entre l’organisation et les attentes de tous nos partenaires, privés et institutionnels. Pierre Ollivier et Marie Kops, qui ont eux aussi organisé le FIFO, sont également dans le bureau de l’association. Nous avons donc tous conscience de la complexité de cet événement et pouvons apporter notre expérience à tous les niveaux.

Quelle est la tendance de ce 14ème FIFO selon toi ?

Je dirais que le FIFO est un événement dont le format fonctionne, et qui est attendu. En dehors du temps fort principal – la sélection –, chaque organisateur a su apporter une touche personnelle à l’événement, à travers le choix des ateliers, des conférences, des animations, etc. Mareva est très imprégnée de sa culture polynésienne, et elle a une vision authentique et actuelle de celle-ci. Cela va se sentir !

Un mot sur les membres de ce jury 2017 ?

C’est un jury de connaisseurs. Pour la première fois, nous n’avons que des personnalités qui connaissent véritablement l’Océanie, parce qu’ils en sont issus ou parce qu’ils l’ont explorée. Le regard posé sur la sélection sera celui de l’expérience et non de la découverte. J’ai hâte de découvrir leur palmarès !

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Mareva Leu, déléguée générale de l’AFIFO

« Je vis, je mange, je dors FIFO ». C’est ainsi que Mareva Leu, nouvelle déléguée générale de l’AFIFO, analyse sobrement son implication dans l’événement. Cette jeune femme titulaire d’un doctorat de pharmacologie, chercheuse en chimie à l’Université de Polynésie et professeure de biologie pendant 10 ans, a souhaité quitter les tubes à essai pour plonger dans ce qu’elle aime par dessus tout : la culture. Sa vision de la gestion du FIFO est à la fois influencée par ses passions – l’ethnologie, la littérature et le ‘ori tahiti – et la rigueur de sa formation scientifique. Une belle alchimie qui se ressent dans le programme de cette 14ème édition.« Le gros du travail du FIFO a été fait par mes prédécesseurs, avoue-t-elle. Mon bagage me permet d’apporter, je l’espère, un certain regard sur l’événement. L’objectif du FIFO est de (re)donner une place prépondérante aux Océaniens. Je continue sur cette lancée. Derrière chaque partie du programme – rencontres, ateliers, conférences, etc. -, il y a un message, une réflexion. Nous ne souhaitons pas seulement donner des clés pour faire évoluer la production océanienne, mais poser de solides fondations. » Pour la sélection des films, Mareva a laissé, comme cela a toujours été, « le comité souverain dans ses choix ». Elle a participé à toutes les discussions et constaté « la synergie de l’équipe ». « À la mesure de ce que je connais de l’Océanie, je pense que la sélection répond aux objectifs du FIFO et est un reflet intense et pertinent de l’Océanie en 2017. »

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Les membres du jury

Autour du président du jury Stéphane Martin (Président du Quai Branly), seront réunis : Michel Kops (ancien directeur du réseau Outre-Mer 1ère), Sacha Wolff (réalisateur – Nouvelle-Calédonie), Haunui Royal (directeur de la programmation pour Māori Television – Nouvelle-Zélande), Lisette Marie Flanary (réalisatrice et productrice – Hawaii), Chantal T. Spitz (écrivain – Tahiti) et Heia Parau (responsable de la valorisation du patrimoine – Polynésie 1ère).Ces sept membres issus de pays différents, compétents dans le domaine de l’audiovisuel à leur niveau et fins connaisseurs de l’Océanie, auront la mission d’attribuer 4 prix aux films en compétition : le Grand Prix FIFO – France Télévisions et 3 Prix Spéciaux. Ils se réuniront à l’issue des projections, analyseront et commenteront les films pour délibérer. Le public a lui aussi son rôle à jouer, car il a la possibilité de choisir son film préféré en votant pour le « Prix du Public ». Un autre Prix Spécial, celui de la fondation Okeanos*, sera attribué à un film dont le thème est porteur des valeurs de la fondation pour la protection et la préservation des océans, de l’environnement ou de la culture.

 

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14ème FIFO : Pratique

 

  • Du 4 au 12 février, à la Maison de la Culture
  • Projections, soirées spéciales, ateliers, rencontres, conférences…
  • Voir le détail de la programmation dans notre programme ainsi que sur www.fifo-tahiti.com

+ d’infos : 87 70 70 16 -
FB : Fifo Tahiti / Contact : [email protected]

 

* Communauté internationale qui réunit des navigateurs, des scientifiques, des responsables culturels, des conseillers spirituels, des artistes et des personnalités engagées.

 

 

 

 

 

 

 

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