N°110 – Les secrets du Classique…

Conservatoire Artistique de Polynésie française – Te Fare Upa RauFOSSE WAGNER

Par Guillaume Dor, responsable pédagogique du Conservatoire.

 

Les différentes implantations d’orchestres dans les salles de théâtre et de concerts

Selon ce qu’ils ont à interpréter, les orchestres classiques peuvent être placés à différents endroits dans les salles de théâtre et de concerts. Découvrons avec Guillaume Dor, responsable pédagogique du Conservatoire, une petite partie de la vie secrète de ces grands ensembles.

Le placement de l’orchestre est plus stratégique qu’il n’y paraît, selon les salles, les types de musiques et de spectacle. Ainsi, pour tout ce qui relève des programmes de musiques symphoniques, l’orchestre est placé sur la scène afin que l’ensemble des spectateurs présents puisse voir les musiciens.

En revanche, dès que l’orchestre accompagne un opéra ou un ballet, il est placé dans ce que l’on appelle une fosse d’orchestre.

Il existe bon nombre de salles dédiées à ces représentations : l’Opéra de Paris, le Royal Opera House de Londres, le Metropolitan Opera de New York, etc.

La fonction principale de la fosse d’orchestre est de pouvoir accueillir un orchestre jusqu’à 80 musiciens, sans que ce dernier ne couvre les voix lors d’un opéra ni ne gène la vision de la scène lors des représentations.

Il existe deux sortes de fosses d’orchestre : à la Mozart et à la Wagner.

Fosse d’orchestre : « à la Mozart »…

La fosse à la Mozart est celle que l’on rencontre dans presque tous les théâtres et opéras du monde entier.

En contrebas de la scène, la fosse se situe à la fois en dessous de la scène et dans la partie publique de la salle. Elle peut accueillir jusqu’à quatre-vingt musiciens répartis sur des praticables à différentes hauteurs.

Le chef est placé sur le plus haut, afin d’être vu par les musiciens et par les chanteurs depuis la scène. Parfois, une caméra dont l’objectif est dirigé vers le maestro capte son image. Celle-ci est diffusée par un système de vidéo interne et permet de le voir depuis les endroits nécessaires, comme dans les coulisses, où parfois l’on chante et joue. Devant les musiciens, des pupitres éclairés supportent les partitions. Cette fosse peut être recouverte dans certains cas pour agrandir la scène quand il n’y a pas besoin d’orchestre.

… ou « à la Wagner »

On retrouve bien sûr ce type de fosse au Palais des festivals de Bayreuth, en Allemagne, temple de l’opéra wagnérien. Wagner voulait disposer de son propre théâtre pour y interpréter ses oeuvres. Il en a conçu les plans, en particulier concernant la fosse d’orchestre.
Cette dernière est recouverte par deux mantelets* en bois formant une sorte de couvercle qui rend les musiciens de l’orchestre totalement invisibles pour le public.

La disposition des musiciens y est particulière : la fosse est une sorte d’amphithéâtre inversé où les cuivres se trouvent plus bas que les cordes. Il y règne d’ailleurs une chaleur accablante pour les musiciens !

Véritable calvaire pour les chefs d’orchestre, le Palais des Festivals de Bayreuth a notamment l’originalité d’accueillir ses orchestres dans une fosse close (pour équilibrer la puissance sonore de l’orchestre et celle des chanteurs, sur scène). Et si la sonorité dans la salle y gagne, les chefs doivent diriger dans le contexte assourdissant de leur orchestre et sans entendre ou presque les voix des chanteurs. La salle est redoutée, même par les plus grands. Mais pour les spectateurs, c’est une expérience musicale des plus appréciables !

En Polynésie, dans le cadre des concerts chantés et dansés, les orchestres du Conservatoire ont pris l’habitude de jouer en fosse « à la Mozart ». Ce fut encore le cas pour la dernière production de l’établissement, « Tamau, la Permanence », interprétée au Grand Théâtre.

 

* Sorte de grand bouclier.

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