N°109 – Les trésors des archives se révèlent

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Rencontre avec Tamatoa Pomare Pommier, chef du Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel, et Michel Bailleul, docteur en histoire.

Texte : SF. Illustrations: SPAA.

 

 

Dès le 3 octobre, le Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel met à disposition du public sur son site internet toute une série de notices concernant des livres et documents rares du fond archivistique conservé.

 

Des trésors encore jamais révélés au public, des livres et documents précieux endormis dans des cartons… Le SPAA a décidé de remettre en valeur des pépites du patrimoine polynésien, oubliés parmi les mille et une archives du service. « L’idée est de valoriser notre fond avec documents émanant de dossiers d’archives administrative et non d’ouvrages », explique Tamatoa Pomare. Une notice sera publiée tous les quinze jours sur le site www.archives.pf dans la rubrique « Livres rares et documents inédits aux archives de la Polynésie ». Pour la première semaine, celle du 3 octobre, le Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel souhaite en publier cinq, afin de donner au lecteur est un bel avant-goût de la suite…

 

Une source de recherche

 

Chaque notice sera bien-sûr référencée et classée, mais aussi mise en valeur par une description détaillée du document, de son contexte historique et de son auteur. En clair, la notice comprendra une page détaillée avec toutes les informations nécessaires, puis sera mise à disposition du public avec parfois le document intégral. Ca sera le cas par exemple des différentes lettres écrites par Pomare IV et V qui n’ont jamais été révélées. Des trésors de documents issus de l’administration. « Ils nous apportent un regard très différent, qui peut ensuite être retranscrit dans un ouvrage, explique Tamatoa Pomare Pommier. Avec ces notices, du coup, on présente directement la lettre, cela évite aux chercheurs d’aller la chercher dans un ouvrage ». Ce travail démontre également que le fond archivistique n’est pas seulement composé d’ouvrages et d’œuvres, il est aussi une source de recherche.

 

Un expert en histoire

 

Pour réaliser ce travail, le Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel a dû faire appel à un professionnel : Michel Bailleul, docteur en histoire. En parallèle de sa carrière d’enseignant, le professeur propose également son expertise au SPAA depuis 1993. Aujourd’hui à la retraite, ce spécialiste de l’histoire a donc pris le temps de pénétrer de nouveau dans les fonds du service. Son bureau est situé dans les sous-sols du service. Vêtu d’une blouse blanche, assis à sa table de travail, Michel Bailleul a l’esprit plongé dans ses documents. A côté de lui, une vieille carte de Papeete, datant de 1897, est exposée sur un panneau. Ce plan de la ville de Papeete et ses environs a déjà fait l’objet d’une exposition, sous l’égide du professeur, il y a quelques années. Dessinée par la Direction de l’Artillerie de la place de Papeete, cette carte a été exécutée à l’encre avec une plume très fine. Le support est une feuille de papier finement toilée de 96.5cm de longueur, sur une largeur d’environ 69.5cm. Cette feuille a été conservée pliée. Des trous de vermines témoignent d’une longue période de mauvaise condition de conservation. Faire une description détaillée, noter la dimension du support, reprendre les légendes, scanner le document…Voici le travail que doit réaliser Michel Bailleul. Cette notice, la quatrième qui sera mise en ligne durant la première semaine, est désormais complète. Le professeur a même élaboré un tableau comparatif des lieux de l’époque remplacés par ceux d’aujourd’hui.

 

Un travail exigeant

 

A l’instar de ce plan de la ville, trouvé dans les tiroirs « cartes » des archives, Michel Bailleul a fouillé dans les placards du service pour ressortir certains documents des fonds. « Il y a tellement de choses qui me passent sous les yeux. Il fallait en garder une trace ! , confie l’homme concentré sur son travail, En les mettant en valeur, cela montre à la fois que le Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel a des documents précieux mais aussi que les étudiants ont matière à travailler ici ! ». En attendant, c’est lui, le docteur en histoire, qui réalise un énorme travail pour revaloriser ce patrimoine. Un travail parfois plein de surprises. Comme la découverte de cette lettre de Pomare V. Datée de 1883, et accompagnée d’un procès verbal de remise du palais de Pomare IV, palais qu’elle ne verra jamais puisqu’elle décèdera peu avant, cette lettre dormait dans les cartons des archives. Retrouvée parmi des milliers de documents, elle fait désormais l’objet d’une notice. « Cette lettre est surprenante car le roi Pomare V, qui ne garde alors que le titre plus que la fonction, utilise des mots familiers à l’encontre du gouverneur. Il exprime ses ‘’affectueux sentiments’’ », révèle avec passion Michel Bailleul.

 

Du hasard et des surprises

 

En fouillant dans les fonds archivistiques, le professeur est tombé sur des véritables pépites. C’est le cas par exemple avec cette série de demandes d’implantation de marques. On retrouve les grands magasins de Paris, des producteurs américains proposant des produits, ou encore cette source d’eau minérale « Hitirua ». Au début du XXème siècle, un propriétaire de Raiatea décide de commercialiser l’eau minérale provenant de la grande baie de Hitirua. Des analyses ont eu lieu mais on ignore si le projet a vu le jour. Autre découverte, fruit aussi du hasard : la tentative de protectorat de la France sur les îles Cook, Manihiki et Rakaana, aujourd’hui appelée Rakananga. Rongé par la vermine, ce document précieux revient sur le voyage du navire Le Volage aux îles Cook. Elément surprenant et amusant : avant de débarquer aux îles Cook, le commandant a déjà rédigé son discours, la déclaration des Rois avec une demande de protectorat, puis la déclaration d’acceptation de cette demande en cas de réussite. Tous ces documents sont rédigés dans les deux langues : français et reo tahiti. Malheureusement pour le commandant, cette mission sera un échec. Un échec relaté dans le journal des Débats en France. « Il a fallu trouvé tous ces documents ! Cela n’a pas été aisé. Au total, ce dossier comprend une trentaine de pages », admet le professeur qui prend néanmoins du plaisir à faire renaître de leurs cendres ces trésors archivistiques. Comme ce livre, le plus ancien du service, datant de 1711. Il s’agit du Supplément au voyage autour du monde » de Guillaume Dampier. Un trésor parmi des milliers qui vont être ressortis et mis en valeur grâce à ce travail de notice.

 

Pratique

  • Rendez-vous le 3 octobre pour les 4 premières notices puis toutes les deux semaines sur archives.pf et sur la page Facebook Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel.

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