N°103 – « La musique et le rythme en général font partie de la vie du pa’umotu »

10 QUESTIONS ILLUSTRE10 questions à Antoine Arakino et Maxime Hauata, adeptes du Ta’iri pa’umotu

 

Propos recueillis par MD.

 

Antoine Arakino et Maxime Hauata seront membres du jury du premier concours musical « Ta’iri Pa’umotu » dont la première édition aura lieu le vendredi 6 mai sur la pa’epa’e de la Maison de la Culture. Hiro’a est allé à leur rencontre sur le lieu même où se déroulera la soirée, pour saisir un peu plus leur passion pour la musique de leur archipel.

Comment peut-on définir le ta’iri pa’umotu ?

A.A : Chez nous aux Tuamotu, la bringue peut durer 3 jours, donc si tu commences à gratter classique de haut en bas, tu as mal au bras au bout de quelques heures seulement ! Par contre, avec le ta’iri pa’umotu, tu peux durer longtemps en t’économisant. Tout est dans la souplesse des doigts !

M.H : Le ta’iri pa’umotu est représentatif de la joie du pa’umotu quand il joue de la musique. Il se laisse vivre et raconte les histoires de son archipel. C’est une pratique qui ne ressemble à aucune autre, importante à préserver et à transmettre.

Comment est née l’idée de ce concours de ta’iri pa’umotu ?

A.A : Au départ, c’était un concept mis en place par Coco Hotahota, qui voulait faire la promotion de la musique polynésienne. Il avait opté pour le ta’iri pa’umotu pour représenter la Polynésie mais le projet est resté sans suite. Depuis le départ de Barthélemy, ça a accéléré les choses. Le Conservatoire et la Maison de la Culture ont décidé de remettre à l’honneur ce concours a n de valoriser cette frappe de guitare propre aux Tuamotu… et unique au monde.

Quelles sont les modalités à remplir pour les groupes qui souhaitent participer ?

A.A : On espère rassembler plusieurs groupes des Tuamotu et de Tahiti aussi, car il y a une communauté ici. On axe un seuil de 20 groupes et au niveau du règlement, il doit y avoir deux guitares par groupe, composé de 4 à 5 musiciens avec deux guitares, un tura basse, un ukulele, un banjo ou un kamaka. La prestation sera de 6 minutes maximum avec deux chansons à interpréter et trois rythmes différents. Par exemple le kaina, la valse, le swing. On sera attentifs sur les transitions et les harmonies notamment.

Quel est le rapport du pa’umotu avec les instruments qu’il utilise ?

M.H : C’est simple : la musique et le rythme en général font partie de la vie du pa’umotu. Il peut ta’iri guitare, ta’iri banjo, ta’iri punu, mais toujours dans la joie et la bonne humeur. Parfois, c’est de l’improvisation et il raconte de petites histoires de sa vie quotidienne dans les atolls.

A.A : Chez nous, ce n’est pas le ukulele ou le banjo, c’est le herere. Une noix de coco, de grande taille avec laquelle tu fabriques la caisse de résonnance de ton ukulele : ça c’est le herere. Et tu fais la bringue avec ça.

Qu’en est-il des créations musicales pa’umotu ?

M.H : Aux Tuamotu, on créé tout le temps parce que le pa’umotu, il vit son temps. Il raconte son quotidien, ce qu’il ressent, les petites histoires de l’atoll, mais peu de chanteurs ou bringueurs sautent le pas pour enregistrer des CD. Il y a beaucoup d’improvisation : les œuvres restent dans un cercle fermé de bringueurs qui les ont créées. C’est aussi ça qui rend la musique pa’umotu si particulière…

Et la transmission de ce ta’iri pa’umotu ?

A.A : Je fais partie des professeurs qui donnent des cours de ta’iri pa’umotu sur guitare, kamaka, ukulele ou herere. Parfois il nous arrive de jouer entre amis et ça fait toujours plaisir de voir des jeunes qui veulent apprendre. Dans les atolls, il y a beaucoup de jeunes qui font la bringue et apprennent comme ça. On espère les voir à ce concours prévu le 6 mai.

Quels sont les événements qui mettent en avant le ta’iri pa’umotu ?

A.A : Il y a bien sûr ce concours qui va être mis en place et qui va permettre à des groupes de s’exprimer. Il y a aussi le « Makeva », le festival culturel des Tuamotu et bien-sûr quelques chefs de troupes tels que Makau Foster qui organisent des soirées comme le ruki pa’umotu. Sinon, à toutes les bringues pa’umotu !

Le répertoire des chansons pa’umotu est-il riche ?

M.H : Il est inépuisable ! Il y en a pour plusieurs jours de bringue, avec des milliers et des milliers de chansons. Chaque atoll a son répertoire. Ce sont des histoires vécues, c’est tout mais jamais n’importe quoi car le pa’umotu a cette capacité à absorber le temps. Il vit dans son environnement et reste très sensible à ce qui se passe autour de lui.

A.A : Les sources d’inspiration des chansons pa’umotu sont directement liées au quotidien des habitants : une session de pêche, une journée dans la cocoteraie, une visite à un ami… Le pa’umotu a cette capacité à synthétiser ce qu’il vit. Tout en ayant toujours beaucoup d’humour.

Quelle est votre ambition pour le ta’iri pa’umotu ?

A.A : On aimerait bien que le nom ta’iri pa’umotu soit labellisé et que ce type de frappe soit vraiment reconnu et associé à l’archipel des Tuamotu. Aujourd’hui, même les habitants de Raroto’a se sont appropriés cette frappe-là qui fait partie de l’ADN du pa’umotu. La labellisation serait une belle reconnaissance pour notre archipel et sa culture.

Un message pour les passionnés de ta’iri pa’umotu ?

M.H : Venez nombreux vous s’exprimer sur le pa’epa’e de la Maison de la Culture. C’est avant tout pour notre culture pa’umotu, qui est riche et transmet tout un univers.

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