N°100 – La Bible de Nott : l’œuvre d’une vie d’un missionnaire anglais

Musée de Tahiti et des Iles – Te Fare Manahahenry-nott-protrait

 

Source : « Au pied de l’écriture », par Jacques Nicole et Robert Koenig.

 

Texte et photos (sauf autres mentions) : MD.

 

La Bible de Nott est la première version du texte sacré traduite intégralement en langue tahitienne. Il a fallu plus de 30 années de travail à ce missionnaire anglais pour concrétiser ce qui servira de socle à l’Evangélisation des populations autochtones durant plus d’un siècle. Le Musée de Tahiti conserve un exemplaire orignal de cet ouvrage appartenant à l’association Tenete, que vous pouvez admirer en ce moment dans l’exposition « Des Ecritures à l’écriture ».

 

 

C’est en 1797 qu’Henry Nott arrive à Tahiti avec la London Missionary Society, alors qu’il n’a que 23 ans. Il fait partie des 18 missionnaires qui débarquent du Duff. D’emblée, il est fasciné par la langue parlée par les populations locales et comprend le potentiel d’un tel outil pour l’Evangélisation. En 1801, avec John Davies, il se lance dans la traduction de la Bible en tahitien, mais la difficulté consiste à écrire cette langue. Très vite, ils comprennent que l’orthographe anglaise ne convient pas et ils définissent alors un alphabet tahitien. Cependant, la sonorité est différente et les lettres doivent être prononcées autrement qu’en anglais. Ils commencent ainsi par des passages de la Bible contenant des récits que les tahitiens pourront facilement comprendre.

 

Nott et Davies entreprennent ensuite la traduction de l’Évangile de Luc qu’ils achèvent en septembre 1814. En 1817, le roi Pomare II demande à imprimer lui-même la première page de cet Évangile, ce qu’il fera sur une petite presse à bras apportée à Moorea par William Ellis. En 1819, la traduction des Évangiles, des Actes des Apôtres et du livre des Psaumes est achevée après six années de labeur acharné. Une nouvelle presse, apportée par des missionnaires arrivés depuis peu, rend l’impression et la diffusion de ces livres de la Bible plus aisées.

 

La Bible en tahitien présentée à la Reine Victoria

 

L’activité reste intense durant les quelques années qui suivent et Henry Nott se consacre notamment à la correction et à la révision tout en poursuivant la traduction. Mais après 28 années passées à Tahiti, il tombe malade et la London Missionary Society l’autorise à revenir en Angleterre. Là bas, il continue à traduire le reste de la Bible jusqu’à son retour à Tahiti en 1827. Il pose sa plume huit ans plus tard, le 18 décembre 1835, après plus de 30 années de travail assidu. La Bible est enfin traduite dans son intégralité.

 

En 1836, Nott se rend à Londres pour la faire imprimer et le 8 juin 1838, il présente à la jeune reine Victoria la première édition de la Bible en tahitien. L’œuvre d’une vie pour Nott mais aussi d’une équipe composée de missionnaires et de notables autochtones. Ce travail immense est salué par la Couronne.

 

Deux mois plus tard, Nott reprend la route du Pacifique Sud avec 27 caisses contenant les 3 000 premiers exemplaires de la Bible complète en tahitien. A son arrivée à Tahiti en 1840, les stocks sont pris d’assaut et les livres se diffusent au sein des familles. Pendant plus d’un siècle, la Bible de Nott reste le livre de référence dont disposent les Polynésiens. C’est la première fois que l’on donne une forme écrite à la langue tahitienne et, en ce sens, la Bible devient un élément fondamental de la culture polynésienne. En donnant une forme écrite au tahitien, les missionnaires ont contribué à la protection de cette langue ; l’ouvrage restera d’ailleurs longtemps le modèle pour la traduction de ce texte dans les langues du Pacifique.

 

 

Exposition « Des Ecritures à l’écriture » : Pratique

Au Musée de Tahiti et des Îles

Salle d’exposition temporaire

Jusqu’au 27 mars 2016

Ouvert du mardi au dimanche, de 9h00 à 17h00 en journée continue

 

Tarifs :

_ Salle d’exposition temporaire : 800 Fcfp / tarif réduit (groupe plus de 10 personnes) : 700 Fcfp

_ Entrée combinée (salle d’exposition temporaire + salles d’exposition permanente) : 1 000 Fcfp / tarif réduit (groupe plus de 10 personnes) : 900 Fcfp

_ Gratuit pour les scolaires, les étudiants et les membres de l’association des Amis du Musée, sur présentation d’un justificatif.

+ d’infos : Tél. : 40 54 84 35 – www.museetahiti.pf

 

Une bible en langue « Guèze » venant d’Ethiopie

 

L’occasion était trop belle pour ne pas la saisir : une authentique bible d’Ethiopie se trouvait en Polynésie, dans une collection privée locale. L’exposition évoquant les bibles du Pacifique, ses commissaires ont pris le parti de l’élargir en présentant cette bible rare qui appartient à Pierre Blanchard.

Cette bible sur parchemin (peau de chèvre probablement) est présentée avec sa sacoche.

Présentation par Pierre Blanchard : « Le texte manuscrit est en langue ‘’guèze’’, une langue sémitique parlée dans le royaume d’Axoum du IVème au Xème siècle et qui subsiste seulement dans l’usage liturgique de l’Église copte, un peu comme le latin dans la liturgie catholique aujourd’hui. Cet exemplaire, qui a probablement plusieurs siècles, était le livre d’un « prêtre » qui circulait dans le pays éthiopien. Il vient de l’autre bout du monde, puisque les antipodes de chacune des îles Marquises se situent en Ethiopie. »

 

 

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