N°98 – Le retour du Tarava

Maison de la Culture – Te FareTauhiti NuiAffiche Tarava Tahiti V4

Conservatoire Artistique de Polynésie française – Te Fare Upa Rau

 

Rencontre avec Myrna Tuporo, professeur de himene au Conservatoire, Fainanau Maamaatuaiahutapu et Martin Coeroli, chargés des projets culturels à la Maison de la Culture et Mike Teissier, ra’atira des Tamarii Papara.

 

Texte : SF.

 

Le premier Heiva Tārava Tahiti se déroulera l’après-midi du samedi 14 novembre dans les jardins de Paofai. Sept groupes de chants participent à cette grande et inédite rencontre, précédée d’ateliers à destina- tion du public.

 

Le tārava est un art cantique polynésien unique en son genre dont les formes va- rient selon les archipels. Ainsi, le tārava Raromata’i diffère du tārava Tuha’a Pae qui lui même se distingue du tārava Tahiti. « Le plus complexe est celui de Tahiti. Il est aussi le plus riche en termes de voix. C’est pourquoi nous avons choisi de le mettre à l’honneur », explique Myrna Tuporo, pro- fesseur de hīmene au Conservatoire. Au total, neuf tonalités différentes composent ce tārava (voir encadré). A Tahiti, il n’est pas rare d’entendre ces voix envoûtantes le dimanche matin, non loin des temples ou des cathédrales de l’île. « Depuis peu, on constate qu’il y a un regain d’intérêt pour le hīmene auprès de la population. Avant, on les entendait seulement à l’occasion du Heiva. Aujourd’hui, les Polynésiens se réapproprient cette expression culturelle ». En organisant ce premier Heiva Tārava Tahiti, la Maison de la Culture, avec l’appui du ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu à l’initiative de ce projet, souhaite miser sur cette tendance. Avec comme objectif de rassembler la population autour de cet art et encourager les jeunes à le pratiquer. « Ils sont de plus en plus nombreux à participer au concours de tārava lors du Heiva, c’est important de les motiver à continuer sur ce chemin », insiste la spécialiste du genre, rappelant que cet événement est aussi un moyen de mieux connaître son pays et surtout, son district.

Connaître l’histoire de son district

Les sept groupes de chant sélectionnés pour participer à ce Heiva sont de fins connaisseurs du tārava Tahiti. Tamarii Teahupoo, Tamarii Papara, Tamarii Papeari ou encore Te noha no rotui, Pueu nui va’a, Te pape ora no Papofai, Tamarii Outu’ai’ai… Tous chanteront trois chants dont un obligatoire : le pari pari fenua, l’éloge à la terre. Ce premier chant, composé de cinq à sept strophes avec le arohara’a, est le plus important dans le tārava car il raconte l’histoire du district. « Avec ce chant, tu te présentes et tu dis d’où tu viens. Beaucoup de jeunes aujourd’hui vivent dans leur quartier sans en connaître l’histoire », constate Myrna. Les chants retenus ont été choisis pour certains parmi des textes datant de 1929, car les chants de cette époque s’attachaient à la description précise des lieux du district concerné. Les vallées, les montagnes, les cascades sont fêtées avec beaucoup de précision, tandis que les chants interprétés de nos jours se réfèrent davantage à des légendes et à un univers imaginaire. Le second chant est le hīmene purera’a. Composé de quatre strophes, il reprend des écrits de la bible. Il reste très apprécié des pupu hīmene qui considèrent que la religion fait partie désormais du patrimoine. Entre ces interventions, des images d’archives défileront sur grand écran. Le troisième chant du Heiva Tārava, qui clôturera la journée, sera certainement le plus impressionnant de l’évènement. Composé par Dayna Tavaearii et dirigé par Mike Teissier, ra’atira de Tamari Papara, ce hīmene sera chanté par l’ensemble des sept pupu hīmene, soit près de 600 personnes. Le public est également invité à y prendre part, mais à condition d’avoir participé aux ateliers de l’après-midi.

Le public invité à découvrir le tārava

Six ateliers ouverts au public et gratuits sont prévus de 15h à 17h, avec pour objectif de permettre aux visiteurs de comprendre ce qu’est le tārava Tahiti. Dayna Tavaearii proposera un atelier sur l’apprentissage des voix ‘āuri*, celles des femmes. Jean-Pierre Cheung Sen animera pour sa part trois ateliers : apprentissage des voix ‘āuri* d’homme mais aussi les emplacements et formations des tārava, ainsi que le rôle du ra’atira, le maître de chant. Enfin, Myrna Tuporo proposera un atelier d’écriture de hīmene et un autre sur les tenues des tārava, bien souvent parti- culières à chaque commune. Pour une première, ce Heiva Tārava Tahiti promet du beau spectacle !

* les ateliers ‘āuri femmes et ‘āuri hommes sont basés sur les différents timbres de voix composant un pupu hīmene.

 

Les Voix du Tārava Tahiti

Les femmes :

  • fa’a’ara’ara : c’est l’introduction. Sans cette voix, il n’y pas de tārava.
  • 2- huti ou tāpe’a ē : ces voix donnent le rythme et la tonalité.
  • 3- Perepere : ces voix sont les plus hautes, elles enjolivent le chant, elles lui donnent ses motifs. Elles peuvent être chantées par des femmes ou des hommes.

Les hommes :

  • marū tāmau (basse) : cette voix vient en soutient au fa’a’ara’ara. Elle est la fondation du chant.
  • marū teitei : elle vient en appui au marū tāmau.
  • hā’ū : cette voix ressemble à un bourdonnement, elle correspond à la basse en harmonium.

4- marū parauparau : la voix qui raconte l’histoire

 

Trois questions à Mike Teissier, chef de groupe de Tamarii Papara et meilleur ra’atira du heiva i Tahiti 2015.

Que penses-tu de l’initiative de consacrer un heiva au tārava Tahiti ?


C’est génial. Avec ce Heiva, on va donner encore plus envie aux jeunes de s’intéresser au tārava. Beaucoup d’entre eux aiment ça mais n’osent pas y participer, certains pensent que c’est réservé aux anciens, d’autres ont honte de chanter.

Comment es-tu venu au tārava ?


Au départ, je m’y suis intéressé car je voulais apprendre les histoires de ma commune. J’ai rencontré les anciens et j’ai commencé tout en bas de l’échelle, je faisais la voix hā’ū. Après plus de 15 ans de pratique, et grâce au soutien des matahiapo, je suis monté ra’atira.

Quels sont tes projets avec ton groupe ?

Je veux l’emmener aux archives pour découvrir les anciens tārava. Presque chaque île de chaque archipel à son tārava et ses hīmene. Nous avons beaucoup à apprendre.

 

Le hīmene tārava, c’est quoi ?


Il existe trois sortes de hīmene : le tārava, le ru’au et le ‘ute. Le tārava est le chant le plus complexe. Interprété par tout le groupe de chant – entre 60 à 80 chanteuses et chanteurs – il est dirigé par le ra’atira (chef de groupe). Ode à la nature, à sa beauté et ses bienfaits, récit d’une légende, d’une histoire glorieuse ou célébration des dieux, le tārava s’exprime tout en poésie. On distingue les tārava en fonction des archipels d’où ils proviennent : Tahiti, Raromata’i (îles Sous-le- Vent) et Tuha’a pa’e (Australes), car les légendes,

1er Heiva Tārava : Pratique

  • Samedi 14 novembre

  • Jardins de Paofai

  • Ateliers gratuits grand public et groupes – 15h à 17h
  • Concert des 7 groupes de Tārava Tahiti – 18h à 20h30
  • Entrée libre

+ d’infos : 40 544 544 – www.maisondelaculture.pf

 

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