N°93 – Rêve d’artiste

Musée de Tahiti et des Îles – Te Fare ManahaJ-1-14

 

Par Théano Jaillet, directrice du Musée de Tahiti et des Îles. Crédit photo : DR.

 

L’œuvre du mois de juin est ce visage énigmatique associé au rêve, comme l’indique son titre. Paisible et inquiétant, il est l’œuvre d’un des plus importants peintres chinois actuels, Zhang Xiaogang. A découvrir jusqu’au 13 juin au Musée de Tahiti et des Îles à l’occasion de l’exposition « Âmes errantes : hommage à Gauguin ».

 

Zhang Xiaogang est né en 1958 à Kunming, capitale du Yunnan, en République populaire de Chine. Il est considéré comme un peintre symboliste surréaliste et figure parmi les peintres contemporains chinois les plus renommés sur la scène internationale.

L’artiste s’intéresse très tôt à la peinture moderne occidentale. Au moment où il entreprend ses études à l’académie des Beaux-Arts du Sichuan, la scène artistique chinoise est sous la domination soviétique. Dans le cadre de cet enseignement artistique, il se rend régulièrement à Nuobei avec d’autres artistes tels que Ye Yongqing (dont les œuvres sont également présentées dans l’exposition « Âmes errantes »). Ce lieu est comparable, pour la Chine, à ce qu’était Barbizon* pour les peintres français. Lors de ces escapades dans la nature où ils réalisent des croquis en plein air, les peintres chinois s’imposent le difficile exercice de création d’après la nature sauvage du Yunnan, suscitant ainsi de nouvelles émotions artistiques.

 

L’âme chinoise au cœur de l’œuvre

 

Zhang Xiaogang a traversé plusieurs périodes artistiques, certaines plus troubles que d’autres. Il expérimente différentes techniques et, en 1993, il peint des œuvres qui marquent un tournant décisif dans sa carrière, évoquant les thèmes de l’ancestralité, de la vie, de la douleur et de la mort suggérée.

A partir de 1994, ses séries « Bloodline », portraits stylisés et souvent monochromatiques de familles chinoises sont salués par la critique et lui apportent la reconnaissance. Les poses rappellent la tradition chinoise des portraits familiaux de la Révolution culturelle, et les compositions du surréalisme européen.

Dans les « Bloodline », les personnages traités généralement en noir et blanc montrent des visages sans expression, aux yeux fixes grands ouverts. On retrouve dans ces tableaux la ligne rouge, telle une ligne de sang, et cette forme, parfois qualifiée de patch de couleur, se détachant sur les visages, objet de toutes sortes d’interprétations. Les critiques ont salué ces œuvres comme reflétant des « portraits de l’âme chinoise moderne ». Le rouge et le jaune étaient des couleurs symboliques récurrentes sous la direction de Mao. Elles sont très présentes dans son œuvre qui se réfère toute entière à l’histoire récente de la Chine.

 

Le tableau « Dream » s’inscrit dans cette continuité mais se distingue par l’absence de regard du jeune garçon, ses yeux qui, bien que fermés, semblent presque expressifs, et par sa position évoquant l’attitude du sommeil, ou du rêve.

 

Exposition « Ames errantes » : Pratique

Jusqu’au 13 juin

Au Musée de Tahiti et des Iles

Ouvert du mardi au dimanche, de 09h00 à 17h00

Tarifs : 600 Fcfp – Gratuit pour les scolaires, les étudiants et les membres de l’association des Amis du Musée, sur présentation d’un justificatif. Tarif de groupe de plus de 10 personnes : 500 Fcfp

+ d’infos : 40 54 84 35 – www.museetahiti.pf

 

 

 

*Barbizon, situé en Seine-et-Marne, est un des endroits mythiques de la période pré-impressionniste de la peinture en France.

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