N°89 – Une édition originale de l’œuvre de William Ellis

VH-ellis-francaisService du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel – Te piha’a faufa’a tupuna

 

Rencontre avec Tamatoa Pomare Pommier, chef du Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel.

Rédaction et photos : VH.

 

En ce mois spécial FIFO où le film documentaire est à l’honneur, Hiro’a vous présente l’un de ses ancêtres : un petit trésor, soigneusement conservé au Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel. Il s’agit d’une deuxième édition originale en anglais de l’ouvrage « À la recherche de la Polynésie d’autrefois », écrit par le missionnaire William Ellis et paru en 1831.

 

À l’abri des regards, dans une salle du Service du Patrimoine Archivistique et Audiovisuel (SPAA), repose sur une étagère un véritable trésor : une édition originale de l’ouvrage « Polynesian Researches », écrit par le missionnaire anglais William Ellis. Cet ouvrage a été édité pour la première fois en 1829 à Londres. L’exemplaire que possède le SPAA est une deuxième édition, parue en 1831. À l’intérieur, on y retrouve des gravures d’époque, fines et soignées, une carte de Tahiti et surtout une précieuse étude de la société polynésienne d’autrefois. « Ce trésor est probablement un des premiers documentaires qui a été fait sur la Polynésie, explique Tamatoa  Pomare Pommier, chef du service du patrimoine Patrimoine Archivistique et Audiovisuel. De façon générale, l’ouvrage de William Ellis est une référence aujourd’hui pour tous les chercheurs qui s’intéressent à la Polynésie. C’est une des premières analyses complètes effectuées sur la société polynésienne, que ce soit sur la végétation, sur la géographie, sur les mœurs, sur l’histoire avant et pendant le contact. Le travail d’Ellis est intéressant dans le sens où on a la vision d’un Européen sur la société polynésienne alors que cette société n’avait pas encore subi trop d’influence. On a un constat qui est fait à une époque authentique, mais il faut aussi garder à l’esprit que ce constat est dressé avec le vécu et les partis-pris européens de l’auteur. Il est intéressant de noter que les analyses d’Ellis sont tantôt empreintes de bienveillance et tantôt portent un jugement sévère sur les mœurs polynésiennes. C’est révélateur d’une époque. »

 

Protégé mais bientôt accessible au plus grand nombre

 

Ce « documentaire » d’une autre époque se présente en quatre tomes au format de poche, de près de 400 pages chacun. Cette édition originale est exceptionnelle, car il en reste très peu dans le monde et encore moins en aussi bon état. En effet, les couvertures et pages intérieures ont plutôt bien traversé les deux derniers siècles. Et pour s’assurer de sa bonne conservation pour les siècles à venir, l’ouvrage est précieusement conservé. « Ce type de documentaire est consultable uniquement par les chercheurs, confie Tamatoa. Mais le service a un plan de numérisation qui nous amène à travailler en priorité sur les ouvrages les plus demandés et les plus recherchés. Aujourd’hui, nous disposons d’une numérisation de l’édition en français. Etant donné le format des livres en anglais, ils n’ont pas encore pu être numérisés, mais ils le seront à l’avenir. Cela va d’ailleurs être intéressant de le lire dans son écriture d’origine parce que dans la traduction, certaines subtilités ont pu se perdre. »

La traduction de « Polynesian Researches » a été faite par la Société des Océanistes, basée à Paris, environ 150 ans après la sortie de l’original. Elle est parue en 1972, en deux volumes au plus grand format de 500 pages chacun, sous le titre « À la recherche de la Polynésie d’autrefois ».

 

William ELLIS (1794-1872)

 

Né à Londres le 29 août 1794, engagé par la London Missionary Society (LMS), William Ellis prend son premier poste comme missionnaire de station aux îles de la Société, Tahiti et surtout Huahine, de 1817 à 1822. Après une visite aux îles Sandwich (Hawaii), il fut invité par le roi et les chefs de Hawaii à œuvrer parmi eux et leur peuple et il fut détaché à l’American Board of Commissioners for Foreign Mission (Conseil américain des Missions étrangères protestantes). La santé de sa femme l’obligea à rentrer en Angleterre en 1824, mais son séjour dans le Pacifique l’avait amené à écrire deux ouvrages importants dont « Polynesian Researches » (1829). Comme tous les missionnaires, il avait appris la langue locale, aussi son texte contient-il une mine d’expressions et un abondant vocabulaire polynésien. De 1826 à 1831, Ellis fit en Angleterre des séries de conférences pour faire connaître l’œuvre de sa mission et, en 1832, il devint l’un des co-directeurs de cette société.

 

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