N° 86 – Un tapa géant de Wallis

Maison de la Culture – Te Fare Tauhiti Nui

 

Rencontre avec Malia-Petelo Gaveau, déléguée de Wallis et Futuna en Polynésie française.

Rédaction : VH.

 

L’œuvre du mois est ce mois-ci exceptionnelle autant par sa taille, la complexité de sa fabrication que par son sens. Pièce maîtresse de l’exposition « Tapa contemporains » qui aura lieu à la Maison de la Culture du 10 au 22 novembre, il s’agit d’un « lautefuhi », un tapa géant de 38 mètres de long réalisé à Wallis par les femmes du village de Falaleu.

 

À Wallis, l’art de fabriquer du tapa a été conservé et perpétué dans la tradition. La preuve avec ce « lautefuhi », mot wallisien qui désigne un tapa géant. Celui que nous vous présentons ici mesure 38 mètres de long et appartient à Malia Petelo Gaveau, déléguée de Wallis et Futuna en Polynésie française. Il a été confectionné en deux jours à partir de mûriers à papier par les femmes de son village, celui de Fafaleu, à Wallis. Pour réaliser cette étoffe, 200 pièces de tapa ont été nécessaires, « car chaque étoffe pré-battue fait à peu près de 3 à 4 mètres de long », explique Malia. « On les double pour avoir un tapa assez épais, afin d’éviter qu’il ne se déchire – surtout lorsque l’on doit l’enrouler – et pour accroitre sa longévité. Ensuite, on colle les étoffes bout à bout avec de l’amidon préparé ou du manioc précuit. Sur l’étoffe nue, encore blanche, on procède ensuite à l’estompage avec un « kupesi ». C’est une matrice à base de feuilles de pandanus séchées et cousues. Sur ces matrices, on réalise des motifs avec des cordelettes cousues en tiges de pandanus. On pose l’étoffe dessus et on frotte avec de la teinture rouge végétale. Ensuite, on dessine les motifs au fur et à mesure, à main levée, avant de laisser sécher au soleil. Pour la fabrication d’un tapa géant, toutes ces étapes doivent se faire à la chaîne, c’est pour cela qu’un « lautefuhi » est réalisé par un minimum de 20 femmes, pour pouvoir enrouler au fur et à mesure, jusqu’à constituer les 100 unités, ou coudées, du tapa géant. »

 

Un livre ouvert…

 

Ce « lautefuhi », qui sera exposé à la Maison de la culture du 10 au 22 novembre, dévoile des motifs à la signification particulière. « Ils retransmettent l’unité et la solidarité du peuple de Wallis, poursuit Malia. Lorsqu’on organise un travail collectif, c’est toujours pour rassembler les villageois. Pour bien gérer une population, il faut la rassembler et quand on arrive à rassembler les femmes autour d’un projet, et bien on arrive par extension à rassembler le village et à gagner en unité. C’est cette symbolique, cette logique qui est exprimée dans ce tapa.  D’où la régularité, l’alignement, l’ordre de tous les motifs à main levé. »

 

Marqueur de considération

 

À Wallis, toute femme se doit d’avoir un « lautefuhi » chez elle, « car dans toute cérémonie coutumière, il y a toujours des dons ou des échanges de tapa à faire ». Le tapa est en effet encore utilisé pour les naissances, les mariages, les décès, les cérémonies coutumières… Il est présent à chaque étape de la vie d’un être humain. Et il faut se tenir prête à offrir un bout d’étoffe que l’on coupera de son tapa géant. Mais pas n’importe comment. « Il y a des codes pour le découpage. C’est par 5, par 10 ou par 20 coudées. Et chaque fragment de 5, de 10 ou de 20 coudées porte un nom spécifique. Un fragment de 5 coudées porte le nom de « folaosi », celui de 10 coudées, c’est le « lauhogofuleu », et celui de 20 coudées, le « uafulu ». De la personne à qui il va être offert dépendra la taille. Plus la place dans la hiérarchie est importante, plus le morceau sera grand. La personne qui le reçoit sait ainsi l’importance qu’on lui accorde. »

 

 

« Tapa contemporains » : Pratique

Exposition-vente

Salle Muriavai de la Maison de la culture

Du lundi 10 au samedi 22 novembre

Ouvert de lundi à jeudi de 9h à 17h, le vendredi de 9h à 16h et le samedi de 9h à 12h

Entrée libre

+ d’infos : 40 544 544 – www.maisondelaculture.pf

Découvrez l’ensemble du programme du festival des Tapa d’Océanie dans notre dossier du mois ainsi que sur Facebook : tapafestivaltahiti2014. 

Vous aimerez aussi...