N° 86 – Le tapa, lien culturel d’Océanie

Maison de la culture – Te Fare Tauhiti Nui, Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Manaha, Centre des métiers d’art – Pu Ha’api’ira’a Toro’a Rima’i

 

Rencontre avec Tara Hiquily, chargé des collections au Musée de Tahiti et des Îles, Michel Charleux, ethnoarchéologue, co-commissaire, Mylène Raveino, responsable des activités à la Maison de la culture, Viri Taimana, directeur du Centre des Métiers d’Art.

 

À l’initiative de la Délégation de Wallis et Futuna en Polynésie française et de l’Association Tapa du Pacifique (ATAPAC) et avec la participation de délégations de tout le Pacifique, le « Festival des tapa » mettra à l’honneur cette étoffe d’écorce au travers d’expositions – notamment au Musée de Tahiti et des Îles, à la Maison de la Culture et au Centre des Métiers d’Art –, de conférences et d’ateliers de démonstration. Deux semaines entièrement consacrées à cet art ayant marqué l’Histoire de l’Océanie et qui souhaite revivre pleinement.

 

Les îles du Pacifique se sont donné rendez-vous à Tahiti du 10 au 23 novembre, pour la toute première édition du « Festival des tapa, lien culturel d’Océanie ». Placé sous le haut-patronage du président de la Polynésie française, de la présidente du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, et du président de l’Assemblée de Wallis et Futuna, cet événement, bien plus qu’une simple fête des tapa, a pour objectif de valoriser ce patrimoine culturel immatériel et d’initier une démarche collective pour une labellisation des tapa d’Océanie, notamment au travers d’un colloque international. Des délégations des îles Cook, de Rapa Nui, du Vanuatu, de Nouvelle-Calédonie, de Samoa, des Fidji, de Tonga, de Wallis et Futuna, de Hawai’i, de Pitcairn seront rassemblées autour d’anthropologues, ethnologues, conservateurs de musée, « tapa makers », représentants de l’Unesco, de la SPC/CPS* et du Ministère de la Culture pour en débattre les vendredi 14 et samedi 15 novembre dans la grande salle de conférence de la mairie de Pirae.

 

Comprendre, protéger et valoriser

 

Classés parmi les arts traditionnels, les tapa d’Océanie offrent une incroyable richesse de combinaisons graphiques, de codes, de disposition et de nuances colorées. Dans la fabrication du tapa, en passant par sa fonction traditionnelle et sa symbolique, les motifs sont souvent interprétés de manière réductrice à une fonction décorative. Or ils revêtent une charge symbolique forte, vecteur d’une identité culturelle et historique. Les intervenants porteurs de tradition et professionnels du monde culturel proposeront une lecture de signes et de valeurs symboliques selon leur contexte culturel et géographique. Ainsi pourront-ils alors être en mesure de trouver des réponses pour avancer dans la réflexion qui concerne la propriété intellectuelle culturelle, qui devient complexe avec l’objet « tapa ». Le tapa de l’Océanie sera donc abordé d’un point de vue ethnologique, anthropologique et historique.

Ce rendez-vous culturel du tapa, qui sera une première en Polynésie française, crée une passerelle de plus entre les Océaniens afin de renforcer cette volonté commune de sauvegarder nos patrimoines culturels et protéger nos propriétés intellectuelles. Certaines écorces battues d’Afrique bénéficient déjà du label Patrimoine Mondial de l’Unesco. Pourquoi les tapa d’Océanie n’y auraient-ils pas également leur place ?

 

 

Au Musée de Tahiti et des îles 

 

« Tapa d’Océanie, d’hier et d’aujourd’hui »

 

C’est un voyage à l’intérieur des différents archipels du Pacifique qui est proposé aux visiteurs de cette exposition. Dans la grande salle des expositions temporaires du Musée seront présentés plus d’une cinquantaine de tapa anciens en provenance de la grande Polynésie, notamment de Wallis et Futuna, Polynésie française, Tonga, Samoa, îles Cook, Hawai’i, Rapa Nui, Pitcairn, mais également de Mélanésie, particulièrement du Vanuatu, de Papouasie Nouvelle-Guinée, de Fidji et de Nouvelle-Calédonie. « Le public va pouvoir découvrir des tapa très anciens, anciens, moins anciens, et même modernes, explique Tara Hiquily, co-commissaire de l’exposition et chargé des collections du Musée. Il y a toute une panoplie de tapa, au niveau géographique, mais surtout au niveau chronologique. Le plus ancien tapa est daté de la fin du 18e voire du début du 19e siècle, il a un peu plus de 200 ans. »

Ces pièces, extraites des réserves du Musée et de diverses collections privées, dont celles de la Délégation de Wallis et Futuna en Polynésie seront, pour la plupart, exposées pour la toute première fois au public.

Une partie de l’exposition sera également consacrée aux aspects techniques de la fabrication du tapa : les plantes utilisées et le tapa obtenu, les outils utilisés (des battoirs, dont l’un vieux de 1 000 ans, et trois battoirs ayant appartenu à la reine Marau, des enclumes, des matrices, etc.), les plantes pour les teintures, le graphisme, le parfum des tapa.

« C’est une exposition qui est bien documentée, et montre les petites différences qui existent par zones géographiques, mais surtout les constantes, les permanences qu’il y a dans la fabrication du tapa. »

 

Pratique

– Au Musée de Tahiti et des Îles

– Du 11 novembre 2014 au 21 février 2015.

– Vernissage : lundi 10 novembre à 17 heures. Inauguration du Festival des Tapa avec une cérémonie traditionnelle d’accueil démontrant une forme d’usage contemporain du tapa (présentée par les Marquises, Wallis et Futuna et Samoa).

– Ouvert tous les jours de 9h à 17h, sauf le lundi. Entrée 600 Fcfp, groupe (à partir de 10 personnes) 500 Fcfp, gratuit pour les enfants, étudiants et membres de l’association Les Amis du musée.

– Tel. : 40 54 84 35 – www.museedetahiti.pf

 

 

À la Maison de la Culture 

 

« Tapa contemporains »

 

La Maison de la Culture accueillera, du lundi 10 au samedi 22 novembre dans la salle Muriavai, une exposition-vente de tapa contemporains en provenance de toute l’Océanie. Le clou de cette exposition sera une pièce de 38 mètres de long originaire de Wallis.

 

Pratique

– Salle Muriavai de la Maison de la Culture

– Du 10 au 22 novembre

– Entrée libre

– Ouvert de lundi à jeudi de 9h à 17h, vendredi de 9h à 16h, samedi de 9h à 12h

– Tel. : 40 544 544 – www.maisondelaculture.pf

 

Un cycle de conférences

 

Des conférences sur le thème des tapa d’Océanie seront proposées au salon lounge en haut de la tribune centrale de To’ata. L’entrée est libre et gratuite. Les conférences, données en anglais, seront simultanément traduites en français.

 

Mercredi 12 novembre – 18h :« Kāhiko KaāIli Kapa – Hawaiian Kapa Design », par Moana Eisele, praticien traditionnel de kapa, assistée de Kamalu Du Preez, responsable adjoint des collections du Musée Bishop de Honolulu (Hawai’i).

19h :« Ethnobotany of paper mulberry in Asia and the Pacific », par le Dr Andrea Seelenfreund, archéologue, Escuela de Antropologia, Universidad Academia de Humanismo Cristiano, Santiago, Chili.

Jeudi 13 novembre – 18h : « Tapa and identity among the Maisin of Papua New Guinea », par le Dr Anna-Karina Hemkens, anthropologue, Australian National University, Canberra, Australie.

19h : « The Alexander Shaw’s barkcloth books : The captivating marriage of object and text », par le Dr Fanny Wonu Veys, conservateur du département Océanie, National Museum of World Cultures, Amsterdam, Hollande.

Lundi 17 novembre – 18h : « West polynesian barkcloth as a social and artistic system », par le Dr Adrienne Kaeppler, anthropologue, Smithsonian Institution, Washington, USA.

Mardi 18 novembre – 18h: « Kap japi Dance Decoration from New Guinea – Challenges in Preservation, Biographies and Meanings », par M. Oliver Lueb, event manager and curator at the Rautenstrauch-Joest Museum. Cologne, Allemagne.

19h: « Challenges of being a modern hawaiian Kapa maker », par Mrs Dalani TANAHY, Native Hawaiian, Owner of Kapa Hawai’i, LLC, Makaha, O’ahu, HAWAI’I.

Mercredi 19 novembre – 18h :« Les tapa blancs de Hina », par le  Dr Hélène Guiot, ethnoarchéologue, UMR PALOC (MNHN-IRD), Paris, France.

19h: « Les écorces battues : une technique qui a traversé le temps et les continents » M. Michel Charleux, Ethnoarchéologue, UMR 7041 ArScAn, Laboratoire d’Ethnologie préhistorique, Papetoai, Polynésie française. .

 

 

Au Centre des Métiers d’Art

 

« Tapa et déclinaisons »

 

Les enseignants du Centre des Métiers d’Art préparent une exposition intitulée « Tapa et déclinaisons ». « Le tapa en lui-même est un support, explique Viri Taimana, directeur du Centre. Puisqu’on ne s’habille plus avec le tapa, il est juste là comme référent d’un passé. C’est le côté nostalgique, affectif, émotionnel qui nous rattache au tapa. De nos jours ? il est utilisé pour le dessin afin de reproduire des compositions décoratives de motifs anciens des îles Marquises. A Tahiti, on a gardé quelques éléments issus du tapa, tout ce qui est de l’ordre de la décoration, des plantes, des motifs qui renvoient aux tapa anciens. Aujourd’hui, on les retrouve sur des tissus importés. Ce qui nous intéresse, c’est de requestionner la matière et son utilisation possible à travers des œuvres, d’où le terme ‘’déclinaisons’’. »

Les élèves de 2ème année assisteront leurs enseignants dans leur processus de réflexion et leurs expérimentations jusqu’au projet fini.

Pratique 

– Au Centre des Métiers d’Art

– Du vendredi 14 au vendredi 21 novembre

– Du lundi au vendredi, de 8h à 15h

– Vernissage vendredi 14 novembre, à 18h

– Entrée libre

– Tel. : 40 43 70 51 – www.cma.pf[email protected]

 

 

Le festival « Tapa d’Océanie », c’est aussi…

 

Exposition : « Les artistes et le tapa, regards croisés »

Galerie des Tropiques

Du 10 au 23 novembre

Œuvres d’artistes de Polynésie française, de Nouvelle-Calédonie, de Wallis et Futuna et des Cook sur le thème du tapa.

De mardi à vendredi de 9h à12h et 14h à 18h, samedi 9h à 12h

+ d’infos : 40 410 500

 

Exposition : « Du ngatu à soi : Dagmar Dyck »

Galerie Winkler

Du 12 au 25 novembre

Dagmar Dyck, artiste d’origine tongienne, sur le thème des motifs traditionnels liés au tapa.

De lundi à vendredi de 9h à12h30 et de 13h30 à17h, samedi de 8h30 à 12h

+d’infos : 40 42 81 77

 

Mairie de Pirae

 

– Les 11, 12, 13 novembre

 

De 8h à 10h – salle des conférences – entrée libre

Sessions d’échanges : « Les tapa, un patrimoine culturel immatériel à protéger »

Participation d’anthropologues, conservateurs, représentants de l’UNESCO, de la Culture, du SPC/CPS*, et de porteurs de savoirs traditionnels.

 

De 10h à 12h – jardins – entrée libre

Démonstrations « battage d’écorces », animés par les différentes délégations du Pacifique (3 différentes par jour)

Atelier « teintures naturelles », animé par l’association Haururu

Atelier « Décor du tapa communautaire », animé par les délégations du Pacifique (3 ou 4 différentes par jour)

 

De 13h30 à 15h30 – jardins – sur inscription avec frais de participation

Ateliers « fabrication de tapa », animés par les délégations (2 différentes chaque jour). Les participants repartiront avec leur petite pièce de tapa.

Contribution de 1 200 Fcfp / personne / par atelier. Prépaiement et inscription obligatoire à la Délégation du Territoire de Wallis et Futuna (Papeete, Immeuble Aorai, 1er étage) du lundi au vendredi de 8h à 17h. Des inscriptions sur place seront possibles selon les disponibilités.

+ d’infos : 87 29 83 95

 

– Les 14 et 15 novembre

 

De 8h à 17h – salle de conférence – entrée libre

Colloque international « Tapa d’Océanie, défense, préservation et valorisation. Vers une reconnaissance internationale »

Une trentaine d’intervenants : anthropologues, conservateurs, représentants de l’UNESCO, de la Culture, du SPC/CPS, et de porteurs de savoirs traditionnels.

Traduction simultanée.

 

+ d’infos 89 567480 et sur Facebook : tapafestivaltahiti2014

 

* SPC/CPS : secrétariat général de la communauté du Pacifique

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