N° 80 – Hōkūle’a vogue pour la préservation de l’environnement

Hōkūle’a, cette grande pirogue double célèbre pour avoir réalisé en maijuin 1976 un voyage de 5 370 kilomètres sans instrument de navigation moderne entre Hawai’i et Tahiti, a entamé en juin 2013 un voyage autour du monde qui la mènera une fois de plus à Tahiti, à la fin du mois de juin. Si son premier voyage avait pour but de prouver la capacité des anciens Polynésiens à passer d’île en île dans l’océan Pacifique et donc à établir une parenté irréfutable entre les différentes populations du triangle polynésien, cette nouvelle aventure a pour objectif de sensibiliser les populations des cinq continents à la protection de l’environnement et des océans. Éclairage avec Jean-Claude Teriierooiterai.

 

Quel est ce voyage que Hōkūle’a a entamé et où le mènera-t-il ?

Quand Hōkūle’a a accompli son premier voyage de Hawai’i à Tahiti en 1976, piloté par l’un des derniers grands maîtres en navigation traditionnelle, elle a prouvé la crédibilité des voyages intentionnels des Polynésiens et la certitude de la découverte de toutes les îles du Pacifique par leurs ancêtres. Elle a sillonné ensuite les îles du Pacifique, ce qui provoqua le réveil de la fierté des Hawaiiens et des communautés du Pacifique. Grâce à ses dirigeants et à ses éducateurs, Hōkūle’a devint un catalyseur pour susciter une perception positive de la culture hawaiienne. Dans le même temps, elle participa au développement de nouvelles relations basées sur une valeur essentielle, prendre soin de notre île-Terre, de ses océans et de ses habitants, en prenant en compte notre héritage et notre culture.

Hōkūle’a continua ensuite ses voyages, véhiculant sa culture, rapprochant les communautés du Pacifique et élaborant un programme éducatif, environnemental et culturel axé sur les générations futures afin qu’elles retrouvent de l’espoir et prennent conscience du potentiel qu’elles détiennent et qu’elles ont hérité de leurs ancêtres.

Aujourd’hui, voyager sur Hōkūle’a, c’est être formé à la prise de responsabilités, au niveau individuel ou collectif, à prendre soin de soi-même et des autres, de sa pirogue et de l’océan, et d’une manière durable. C’est vrai à l’échelle de notre île, c’est vrai aussi à l’échelle de notre Île-Terre. Hōkūle’a cherche à partager l’expérience qu’elle a acquise durant ces 37 dernières années, pendant lesquelles elle a sillonné l’océan Pacifique sur plus de 130 000 milles nautiques, selon les techniques de navigation traditionnelle.

Toujours consciente de l’urgence des défis écologiques et sociaux auxquels nos îles doivent faire face, elle cherche désormais à construire des liens avec les communautés à travers le monde et qui accomplissent déjà des actions remarquables pour aider la Terre. Hōkūle’a apportera son soutien à ces actions, de manière à procurer de l’espoir et à rendre chacun capable d’agir pour que le voyage continue, pour tous les enfants, vers une destination plus sûre et plus durable. Ce voyage aura pour thème Mālama honua, « informer sur la préservation de la terre ».

 

L’association Tainui – Friends of Hōkūle’a  a été créée pour accueillir la pirogue. Pouvez-vous nous en parler ?

Cette association a été créée par des anciens membres de l’association Tainui qui avait formidablement organisé l’accueil de Hōkūle’a en 1976 lors de son premier voyage désormais mythique, et par des gens passionnés de navigation traditionnelle. Elle a pour but de favoriser les échanges et le partage entre les populations du triangle polynésien, autour d’un centre d’intérêt commun : la culture polynésienne et son environnement naturel. À cet effet, elle coordonne l’ensemble des actions mises en œuvre dans le cadre de l’accueil des pirogues polynésiennes. Son action s’inscrit donc dans la durée puisqu’elle va au-delà de la pirogue Hōkūle’a. Elle concerne tous les projets de voyage traditionnel qui seront mis en œuvre.

 

Qu’y aura-t-il au programme des festivités ?

Tainui-Friends of Hōkūle’a  a déjà pris des dispositions avec les associations et les communes de chaque île où Hōkūle’a fera escale pour organiser l’accueil*. A Papeete, il est prévu un grand accueil officiel et traditionnel sur la plage et dans les jardins de Paofai. Pour cet évènement, l’ensemble des fédérations et des associations impliquées dans Tainui-Friends of Hōkūle’a joignent leurs efforts pour offrir un accueil chaleureux à Hōkūle’a. Le ministre de la Culture a reçu Alban Ellacott, qui était accompagné du représentant de Hōkūle’a, Chad Baybayan, pour affirmer son soutien à l’évènement. Un « Global Village » sera érigé pendant quatre jours dans les jardins de Pa’ofai, où le public sera invité à venir rencontrer les navigateurs pour échanger sur le thème de la navigation et de Malama Honua. Cette action vise tout particulièrement la jeune génération. La Direction de l’Enseignement primaire a lancé plusieurs concours de dessin dans les écoles sur le thème de Hōkūle’a – Malama Honua. Le maître navigateur Nainoa Thomson nous fera bénéficier de son expérience en donnant une conférence sur la navigation traditionnelle. Le programme définitif n’est pas encore arrêté. Il fait pour l’instant l’objet d’une concertation avec les pouvoirs publics et avec la municipalité de Papeete.

 

L’association est-elle ouverte à tous ? Si oui, comment y adhérer ?

Oui, tout ceux qui sont intéressés par les voyages et les actions de Hōkūle’a sont invités à adhérer à l’association Tainui-Friends of Hōkūle’a. Une campagne d’adhésion sera lancée dans peu de temps. Les modalités seront précisées à ce moment-là.

 

 

ENCADRE

Le conseil de Tainui-Friends of Hōkūle’a

Il est composé de personnes œuvrant dans les domaines de la culture, des sports traditionnels, des sports polynésiens liés à la mer. Alban Ellacott est le président, Jean-Claude Teriierooiterai, le vice-président, Mateata Maamaatuaiahutapu, la secrétaire générale, Enoch Laughlin, président de la fédération des sports traditionnels, en est le trésorier, Winki Sage, président de la fédération des associations de protection de l’environnement, est le trésorier adjoint. S’y trouvent réunies des personnalités telles que Doris Hart, présidente de la fédération de va’a, Viri Taimana, directeur du Centre des Métiers d’art, Heremoana Maamaatuaiahutapu, directeur de la Maison de la Culture, Ernest Marchal, directeur des Enseignements Primaires, Yves Doudoute, de l’association Faafaite i te ao ma’ohi, etc.

 

* Rangiroa, Papeete, Tautira, Moorea, Huahine, Raiatea (d’où sera donné le vrai départ autour du monde de Hōkūle’a), Taha’a, Bora Bora et, si les conditions le permettent, Maupiti.

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