N° 74 – Les marae Taputapuatea de Tahiti et Mo’orea

Service de la Culture et du Patrimoine – Pu no te Ta’ere e no te Faufaa Tumu

 

Par Tamara Maric, archéologue auService de la Culture et du Patrimoine.

 

Les Polynésiens ont toujours voyagé et maintenu des contacts entre les îles et archipels, à travers ce que l’on appelle aujourd’hui des réseaux d’alliance. Le plus prestigieux d’entre eux avait pour siège le grand marae Taputapuatea de ‘Opoa, à Ra’iatea. Au gré des alliances ou mariages entre ari’i, de nouveaux marae  étaient fondés à partir d’une pierre provenant du marae tumu de ‘Opoa. Ainsi, on retrouve ce toponyme jusqu’à Te Ao Te Roa (Nouvelle-Zélande), Hawaii (« Kapukapuakea ») ou Rotuma, en passant par les Tuamotu (Fakarava), Rarotonga, Tahiti et Mo’orea. Les recherches menées ne sont pas encore suffisamment avancées pour vous en livrer les détails, mais il existe déjà des informations publiées sur les marae Taputapuatea de Tahiti et Mo’orea.

Aucun de ces marae n’a été conservé jusqu’à nos jours. Leur première ruine remonte certainement à 1815, lorsque Pomare a ordonné la destruction des marae majeurs liés à l’ancien culte, en particulier celui du dieu ‘Oro, dieu tutélaire de ces marae Taputapuatea. Les premiers temples chrétiens ont été bâtis sur ces terres sacrées, à Punaauia, Hitiaa, Papetoai…

 

Le premier marae Taputapuatea de l’île de Tahiti aurait été fondé par les grands-prêtres de ‘Opoa à Tautira, à partir d’une pierre du marae Taputapuatea de ‘Opoa. Il était implanté près de l’ancien marae tupuna des ari’i Vehiatua. Il est associé à un marae Vai’otaha.

 

Toujours selon les traditions, le marae Taputapuatea de Punaauia était implanté à côté, ou sur l’ancien marae ari’i  dénommé marae Punaauia, sur la Pointe Nu’uroa. Les derniers vestiges aperçus par Emory au début du 20e siècle témoignaient d’un ancien monument dont les blocs de soubassement étaient très grands. Un marae Vai’otaha est également recensé à proximité de la pointe.

 

Le marae Taputapuatea de Pare était localisé à Taaone à l’embouchure de la rivière Fautaua. Il aurait été fondé à partir du marae Taputapuatea de ‘Opoa, par Tu-nui-e-a’a-i-te-atua, fille aînée de Tamatoa III, la mère de Tu ou Pomare I. Sa fondation était donc plus récente (années 1750).

Le marae Taputapuatea de Arue, était à Papaoa ; il aurait été plus important pour les Pomare.

 

Le marae Taputapuatea de Hitiaa, probablement situé à l’emplacement actuel du temple Protestant, sur la pointe Tefauroa. En 1925 il subsistait un peu de pavage, des piles de blocs de corail, et de nombreuses pierres de basalte taillées, et de très grands et vieux arbres tamanu (arbre sacré, Callophyllum inophyllum).

 

Le marae Taputapuatea de Vaiari (Papeari), situé sur la pointe Taunoa, est associé aux marae de Vai’otaha et de Hitiaa. Son origine relativement ancienne (vers le 17e siècle selon les généalogies) est confirmée par l’ethnohistoire et les traditions orales.

 

Le marae Taputapuatea de Faatoai (Papetoai) à Moorea. C’est sur son emplacement que sera construit le temple octogonal Protestant. Il subsiste actuellement une belle pierre dressée provenant de ce marae.

 

Sources :

Bodin, Vonick, 2006 – Tahiti, la Langue et la Société, URA Editions, Papeete.

Cadousteau, Mai-Arii, 1996, Généalogies commentées des Arii des Iles de la Société. Ed. Société des Etudes Océaniennes, Papeete.

Henry, Teuira, Tahiti aux temps anciens, Publication de la Société des Océanistes, Musée de l’Homme, Paris, ré-édition 2004.

Kenneth Pike Emory, 1933, Stone remains in the Society Islands, Bernice P. Bishop Museum Bull., Honolulu, Hawaii.

Marau Taaroa, 1971, Mémoires de Marau Taaroa.  Dernière reine de Tahiti. Traduits par sa fille la Princesse Ariimanihinihi Takau Pomare. Publications de la Société des Océanistes n°27, Paris

Maric, Tamara, 2012, Dynamiques de peuplement et transformations sociopolitiques à Tahiti,

Iles de la Société. Thèse de Doctorat, Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne.

Maruoi, Doris, 2001, Transcriptions. Service de la culture et du patrimoine, Punaauia.

Tearapö, Parau nō te ‘āi’a

 

 

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