« Faire découvrir aux enfants qu’ils peuvent s’amuser avec les mots » – Avril 2012

10 questions à

Annelise Heurtier

 

« Faire découvrir aux enfants qu’ils peuvent s’amuser avec les mots »

 

Annelise Heurtier avait séjourné une première fois à Tahiti il y a 10 ans, un lieu particulier à ses yeux puisque c’est de là, pour ainsi dire, que tout à commencé… Quoi donc ? Mais son aventure en tant qu’auteur jeunesse ! Rencontre avec une jeune femme aux yeux et aux mots brillants. 

 

Comment en es-tu venue à écrire pour les enfants ?

Je ne sais pas trop ! J’ai toujours adoré lire et écrire. J’avais un métier très sérieux – responsable d’un centre de formation -, j’écrivais pour les petits lors de mon temps libre, probablement parce que cela me permettait une certaine fantaisie qui me correspond mieux.

 

Y a-t-il eu un point de départ, un déclic ?

Oui, c’est rigolo d’ailleurs. Avec mon mari, nous sommes venus habiter à Tahiti il y a 10 ans. A l’époque nous n’avions pas d’enfant. J’envoyais régulièrement des petits cadeaux à ma nièce : un bracelet, un collier, etc., toujours accompagnés d’une lettre dans laquelle j’inventais une histoire à l’objet. Mon mari en a lu une par hasard et il m’a convaincu de me lancer. J’ai envoyé des manuscrits à des éditeurs, mais ça n’a pas marché tout de suite ! En littérature jeunesse comme ailleurs, il existe des codes très précis, mais je l’ignorais !

 

Comment as-tu appris ces codes ?

Sur Internet et en téléphonant aux éditeurs. Parce qu’en plus, tous les éditeurs n’ont pas les mêmes ! Par exemple, un roman pour les 7-9 ans chez tel éditeur requiert un nombre de mots bien précis, tandis que chez un autre ce sera différent. Les maisons d’édition travaillent aussi selon des thèmes, certaines ont leur spécialité. Une fois que j’ai compris le fonctionnement, je travaillais et ciblais mes histoires pour les envoyer aux bonnes personnes.  Et puis un jour, les éditions Rouergue m’ont appelée… C’était en 2007.

 

Aujourd’hui, ta propre bibliothèque s’est bien enrichie !

Oui, d’une quinzaine d’ouvrages… dans lesquels il y a de tout. Des histoires pour les petits ou les plus grands, des tranches de vie quotidienne, des pirates qui veulent choisir leur voie, des ados qui se cherchent ou se dévoilent, des adultes qui souffrent, des princesses féministes et des ogres mélomanes, des récits rigolos, tendres ou cruels…

 

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

La vie ! Tout et n’importe et quoi… Il suffit qu’une image m’interpelle, que j’entende une phrase, une anecdote et hop… ça me donne envie de raconter une histoire ! Mon entourage m’inspire et mon fils de 4 ans commence à me poser des questions vraiment incroyables qui pourraient devenir de bons points de départ. Les enfants ont une telle répartie. Mais la finalité de mes histoires, au fond, réside dans la recherche du bonheur, la liberté de choisir sa voie.

 

Quel est le sujet de ton dernier livre ?

Mon dernier livre – paru début mars – est un ouvrage collectif, « On n’a rien vu venir » (Alice Jeunesse), dans lequel nous avons imaginé la vie sous un régime liberticide. Sept auteurs racontent la tranche de vie d’un enfant dans un pays qui exclut les « mal-habillés », les « pas assez blancs » ou les « trop handicapés » ». L’idée est de faire réagir les enfants ; leur montrer qu’ils peuvent s’indigner, avoir des avis, des engagements. Ce livre n’est qu’une minuscule goutte dans l’océan mais s’il peut permettre à quelques enfants de se poser des questions et de faire preuve d’esprit critique, pour moi, c’est suffisant.

 

Tu vas animer des ateliers d’écriture à la Maison de la Culture pendant les vacances d’avril… 

Comme j’adore rencontrer les petits lecteurs, j’ai proposé à la Maison de la Culture d’animer des ateliers. J’ai eu l’occasion de le faire en France auparavant et c’est toujours passionnant. Lorsque l’enfant a un « auteur » en face de lui qui le fait rentrer dans son univers, ça lui donne davantage envie de lire… et d’écrire. Il découvre qu’il peut s’amuser avec les mots, dans un cadre différent du milieu scolaire, plus ludique. Lors des ateliers, on n’est pas là pour faire de la grammaire ! Il y a tout un tas d’astuces et de jeux pour l’amener à imaginer et à écrire des petites histoires, toujours sur un ton amusant. Et les enfants apprennent sans le savoir.

 

Quels sont les livres qui t’ont particulièrement marqué étant jeune ?

Il y a en notamment un, « Le parfum » de Patrick Süskind. Je l’ai lu et relu avec le même engouement… Il est impressionnant de voir comment Süskind parvient à décrire une odeur avec tant de précision qu’il arrive de réellement la sentir. C’est puissant.

 

Tu es revenue en Polynésie il y a peu, penses-tu que cela va t’inspirer de nouvelles histoires ?

C’est évident ! En revanche je ne me mets pas la pression, les choses viendront naturellement. On est venu pour vivre et apprendre autre chose avec les enfants, et ce sera forcément enrichissant.

 

Un message pour la fin ?

Aux enfants : lisez ! C’est la base de tout, la lecture permet de connaître, de s’évader, de comprendre, de rêver, de voyager… Lire est une véritable activité qui stimule l’imagination, permet d’apprendre à bien écrire sans s’en rendre compte et surtout, procure beaucoup de plaisir…

 

 

ENCADRE

Les ateliers d’écriture et d’imagination d’Annelise Heurtier

Pour découvrir le plaisir des mots, écrire une histoire grâce à des techniques amusantes, se distraire de manière intelligente !

A la Maison de la Culture

Du 2 au 05 et du 10 au 13 avril

7-9 ans : 10h15 à 11h45

10-12 ans : de 8h30 à 10h00

Renseignements au 544 544 – Inscriptions sur place

Tarifs : 5 500 Fcfp la semaine, 4 400 Fcfp le 2è enfant dans le même atelier

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