Embarquez pour le salon du Livre !- Décembre 2012

DOSSIER

 

 

Maison de la Culture – Te Fare Tauhiti Nui

 

 

Rencontre avec Marie Kops, en charge de l’organisation du salon Lire en Polynésie pour l’association des Editeurs de Tahiti et des Îles, Marc de Gouvenain, Sébastien Lebegue et Michael Robotham, auteurs.

 

 

 

Embarquez pour le salon du Livre !

 

 

Depuis 2001 et le premier salon Lire en Polynésie, la vie littéraire de Tahiti est rythmée par ce précieux événement : les amoureux du livre font la fête à la littérature, les jeunes s’amusent avec les mots, des éditeurs et auteurs rencontrent leurs lecteurs, des écrivains d’ailleurs découvrent notre coin de paradis… Cette année, ce sera l’occasion d’appréhender le livre au travers du prisme envoûtant du voyage.

 

 

11 ans maintenant que le salon Lire en Polynésie propose chaque fin d’année une fête du livre conviviale et fédératrice. Unique en son genre, la formule magique s’est développée au fil des éditions grâce à un éventail équilibré de rencontres, d’animations, d’ateliers, de conférences… Exposants, éditeurs, auteurs, visiteurs, tout le monde apprécie l’identité et la programmation de ce salon du livre version Pacifique. Du cadre des jardins de la Maison de la Culture, propices aux échanges et au dialogue, à la présence de personnalités prestigieuses en passant par l’organisation d’un programme varié aussi intéressant que ludique, rien d’étonnant à ce que la fréquentation ne cesse d’aller crescendo, avec plus de 10 000 visiteurs en 2011.

Et croyez-nous, tout est mis en œuvre pour faire de cette 12ème édition celle de l’évasion et de la découverte par excellence.

Rendez-vous ici du 6 au 9 décembre pour aller… ici et ailleurs.

 

Les mots et les images comme bagages

 

« Mieux qu’un passeport, les livres nous ouvrent toutes les frontières », assure

Marie Kops, qui organise avec l’association des Editeurs de Tahiti et des Îles le salon Lire en Polynésie. Tel a été le fil conducteur qui a déterminé la cohésion de la manifestation, s’articulant autour de cette idée qu’il faut aller au-delà des frontières, assumer ses différences, conserver son héritage… et communiquer.

Qui dit littérature de voyage dit pouvoir des mots, celui de faire surgir des images, de multiplier la pensée, de susciter de grandes émotions… Et puis la force des images – seules ou avec les mots – qui nous ouvrent les portes d’univers proches ou lointains souvent insoupçonnés, permettant de voir, de rêver, de découvrir, de voyager sans bouger. Récit de voyages, quêtes, exils ou pèlerinages, carnets de voyages, expéditions et autres voyages initiatiques seront à l’honneur et feront parcourir aux visiteurs le monde au travers d’une multitude d’expressions.

Car l’écriture de voyage incite comme nulle autre à confronter le rêve à l’expérience, c’est une invitation à l’évasion, imaginaire ou réelle.

A plus d’un titre, cet événement littéraire pluridisciplinaire représente une belle initiative d’exploration. D’autant plus intéressant dans un pays comme la Polynésie française, isolé au milieu de l’océan, terre d’accueil d’un peuple de navigateurs prodigieux, refuge de nombreux voyageurs et incarnation fantasmée du bout du monde…

 

Des invités au long cours

 

À l’affiche, une dizaine d’auteurs reconnus : Patrick Deville, qui vient d’obtenir le prix Femina pour son dernier livre « Peste et choléra », racontera les tribulations de sa vie d’écrivain voyageur ; David Fauquemberg, romancier, traducteur et grand reporter (Géo, XXI), nous livrera ses errances préférées ; Michael Robotham, maître du thriller contemporain, fera partager les cavales haletantes de ses protagonistes ; Marc de Gouvenain, qui a notamment traduit la trilogie « Millenium » de Stieg Larsson, écrit des récits de voyages de Sibérie à l’Ethiopie ; Odile Gannier, spécialiste de la littérature de voyage, interrogera la relation entre le voyage et la littérature ; Sébastien Lebegue, aventurier-reporter graphique et photographique qui a signé carnets de voyage, ouvrages, reportages et expositions, nous révélera les secrets de ses visions de voyages… Christophe Augias, directeur de la bibliothèque Bernheim à Nouméa, Hubert Artus, journaliste littéraire en métropole, seront aussi du voyage, tout comme la majorité des auteurs de Polynésie (Chantal Spitz, Simone Grand, Patrick Amaru, Alec Ata etc.).

 

Un programme d’exploration

 

Rassembler, créer, échanger, rencontrer, partager : telles sont les notions qui guident le programme du salon Lire en Polynésie, souhaitant offrir à Tahiti un événement  à son image, c’est-à-dire celle d’une île dotée d’une forte identité avec un sens de l’accueil des voyageurs ancré dans ses traditions. La Maison de la Culture deviendra un lieu de passage, d’invitation à entrer dans d’autres mondes, un lieu où chacun pourra enrichir ses expériences et élargir les frontières à travers les mots, qu’ils soient écrits, pensés, parlés, joués…

Un cycle de conférences abordant des thèmes variés – la Polynésie, le voyage, la littérature – sera proposé, ainsi que des rencontres avec les écrivains, des séances de dédicaces, des animations (jeux, concours de nouvelles, expositions, contes), des ateliers (carnet de voyage, écriture) et des projections en partenariat avec le FIFO.

 

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Leur vision du voyage…

 

Invités au salon du Livre, ces auteurs bien connus nous livrent leur vision du voyage. Imaginaire ou réel, qu’ils l’écrivent ou le dessinent, ils interprètent le monde avec toute leur subjectivité et partagent avec nous, lecteurs, leurs impressions, leurs doutes et leurs découvertes, nous ouvrent un peu plus l’esprit et  comblent nos désirs d’évasion dans les périodes sédentaires…

 

Marc de Gouvenain

Traducteur et éditeur pendant plusieurs décennies, actuellement agent littéraire, Marc de Gouvenain a mené parallèlement une vie de grand voyageur, comme accompagnateur de trekkings d’aventure. Ces deux facettes ont été habilement combinées dans une importante série de récits de voyage : « Aventure », qui publia Théodore Monod, Haroun Tazieff, Nicolas Vanier et de nombreux auteurs du monde entier. « Beatnik ou éditeur, même pas peur de choisir ! »

 

« Tout gamin, quand – dans ma chambre d’un immeuble de banlieue – le sommeil ne venait pas et que le sang battait à mon oreille, j’imaginais des pas franchissant un paysage. Quelqu’un marchait, venait vers moi, ou moi-même j’avançais, m’en allais, me perdais dans quelque immensité. D’autres fois, stimulé autant par Jules Verne que par les thrillers pour adultes, je me voyais tapi dans la forêt espionnant l’usine secrète, préparant mes itinéraires de repli. Ou négociant avec quelque tribu mon passage vers Zanzibar au doux nom.

A dix-sept ans, je ‘’faisais beatnik’’ et ainsi rejoignis Norvège et Finlande, dormis seul dans les forêts ou au bord des routes. J’étais plus rat des champs que des villes. On apprend beaucoup à se débrouiller quand on parcourt le monde : lier connaissance avec l’autre devient une forme de théâtre, passer d’une langue à l’autre s’avère une sorte de chant, maîtriser les détails pratiques relève de cet espion qui sommeille en moi. Années passant, j’ai vécu en Ethiopie, au Maroc, au Yémen, au Népal, ai arpenté ces lieux qui en font rêver certains, en terrorisent d’autres : Tibet, Mongolie, Kamtchatka, Patagonie, Australie, îles Salomon… mais aussi Pyrénées et Cévennes. Au bout d’un moment ça devient facile de parcourir le monde. C’est un peu lâche aussi quand on ne sait plus comment tenir sa maison, car il y en a quand même une quelque part, avec femme et enfant. Et que c’est un peu trop facile de ramener à l’enfant une corne de dikdik ou un moulin à prière trouvé à Lhassa en disant qu’on a toujours pensé à lui ! Et plus de vingt ans durant, éditeur responsable d’une collection de récits de voyages, j’ai cherché et rassemblé des textes qui tous à leur manière disent que le monde, au-delà du pré carré de la sédentarité, doit être vu, parcouru, aimé comme une des plus chatoyantes expressions de la vie et des hommes. Pour notre bonheur, il est des voyageurs qui, outre l’habitude du déplacement, possèdent l’art de raconter par l’écriture. L’un penche vers le journalisme documentaire, l’autre vers l’imaginaire suscité, l’un voit à travers le prisme de la science, l’autre le prisme de sa solitude… les voix sont multiples, l’essentiel est qu’ils donnent envie de partir. Et l’on me demande, et je connais la question… où était-ce mieux ? quel fût ton plus beau jour ? ton pays number one ? Et je connais ma réponse : ne pas faire d’un ailleurs un nouvel immeuble duquel un jour ou l’autre je voudrais m’enfuir. »

 

Sébastien Lebegue

 

Vous le connaissez probablement à travers « Ka’oha nui », son magnifique carnet de voyage aux îles Marquises édité Au Vent des Îles en 2010. Professeur d’arts appliqués à Faa’a de 2003 à 2007, Sébastien Lebegue est désormais installé au Japon où il est photographe et reporter dessinateur. Guidé par la rencontre et la découverte des cultures, il ramène de ses voyages des carnets annotés sur le vif et des photographies qu’il donne à lire sous forme de documentaire narratif. Une exposition de ses œuvres sera proposée lors du salon et il animera des ateliers pour vous dévoiler les secrets de ses carnets de voyage.

 

« Avant de partir, je me renseigne peu sur la destination. Je connais mon itinéraire et des bases culturelles sociales d’échange. Pour tout le reste, je laisse la magie de mon premier regard retranscrire l’émotion du lieu et des rencontres.
Pendant le voyage, je commence par noter l’environnement. Le lieu posé en image sur le papier génère très souvent ce que je recherche : la rencontre avec l’Autre. Les gens s’arrêtent, discutent et me proposent parfois de passer un instant ou quelques jours ensemble. Prendre le temps de dessiner m’aide à installer une relation de confiance qui guide vers l’intimité d’un foyer ou d’une histoire que les personnes voudraient bien me dévoiler. Le carnet se poursuit alors par leur portrait et le récit de leur vécu, de page en page jusqu’à la prochaine rencontre ou destination.

Parler des autres et d’une culture par un récit à la première personne ne peut se faire sans l’idée de transmettre cette mémoire vécue – à soi-même pour ne pas oublier, à ses proches, ou plus largement à tous lecteurs. La narration est basée sur une réalité documentaire du voyage dans un temps, un lieu et avec des ‘‘vraies’’ personnes, mais chacun vivra par transposition son propre voyage, partagera les rencontres et les repas, générera sensations et émotions. »

 

Michael Robotham

Ancien journaliste d’investigation, cet écrivain australien est devenu un grand maître du thriller contemporain, nous amenant à des voyages souvent dangereux et clandestins, à des fuites palpitantes ayant pour décor une variété de pays et de villes que Michael Robotham a visitées…

 

« L’incroyable écrivain voyageur Paul Theroux a écrit que voyager est une caractéristique purement humaine, correspondant au ‘’désir de bouger, de satisfaire sa curiosité, d’apaiser ses peurs, de changer le cours de sa vie, d’être un étranger, de se faire un ami, d’apprécier des paysages exotiques, de risquer l’inconnu’’. En tant qu’écrivain et journaliste, j’ai visité plus de 50 pays mais je ne suis jamais allé à Tahiti, un lieu que je ne connais qu’à travers les peintres, les photos et les documentaires. Je suis fasciné par son isolation – perdu entre Hawaii, le Chili et l’Australie. Ce confetti au milieu d’un vaste océan a captivé tant d’écrivains, d’artistes et d’explorateurs. Je veux savoir pourquoi.

Jusqu’à aujourd’hui, mon plus beau voyage a eu lieu à la fois en vrai et dans mon imaginaire. J’ai voyagé en Afrique, où ma dernière fille est née. J’ai vu le pire comme le meilleur des endroits comme le Zimbabwe, le Rwanda, le Kenya et le Mozambique. J’ai vu la corruption, la violence, la pauvreté et la famine, mais aussi la générosité des gens, qui embrassent la vie et sourient plus souvent que leurs homologues des pays ‘’riches’’.  Mes voyages ont l’imagination des livres. Lire est un acte passionnant et intime. Cela nous amène au plus profond de nous-même et au plus près du cœur des femmes et des hommes dont on découvre qu’ils sont tellement comme nous… Les vrais bons livres font comprendre. Ils parlent au cœur. Certains sont comme des meilleurs amis ou des compagnons de toujours. Ce sont des moteurs du changement, des fenêtres sur le monde et des phares sur la mer du temps. »

 

ENCADRE

Patrick Deville : « Peste et choléra », Prix Fémina 2012

Grand voyageur ayant publié une dizaine d’œuvres dont « Equatoria » ou « Kampuchéa », Patrick Deville  raconte, dans « Peste & choléra » la vraie histoire d’Alexandre Yersin (1863-1943), découvreur du bacille de la peste et disciple de Pasteur qui, à l’âge de 27 ans, a décidé d’officier comme médecin sur un navire en Asie. Il nous entraîne en Chine, au Vietnam, mais aussi en Afrique. Une épopée scientifique et humaine pour laquelle l’écrivain a suivi les traces de son héros autour du monde. L’ouvrage a été couronné par le prix Fémina il y a tout juste un mois (novembre 2012), une des récompenses littéraires les plus convoitées.

 

ENCADRE

Salon Lire en Polynésie : Pratique

– A la Maison de la Culture

– Du 6 au 9 décembre

– Stands, conférences, animations, ateliers, etc.

– Exposition des carnets de voyage et des photographies de Sébastien Lebegue (Maroc, Nouvelle-Calédonie, Australie, Japon, Marquises).

– Entrée libre

+ d’infos : 544 544

Retrouvez le détail du programme sur www.lireenpolynesie.pf

 

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