La maison James Norman Hall, un héritage familial et culturel

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A quelques kilomètres de Papeete, nous passons tous régulièrement devant cette maison en bois verte entre la montagne et la route, délicatement dissimulée par la végétation qui entoure son jardin. Vous avez deviné ? La maison de James Norman Hall bien sûr ! Si elle fait désormais partie du paysage « urbain » et culturel de Tahiti, elle n’en demeure pas moins confidentielle… Connaissez-vous l’histoire de la famille Hall et de cette maison ? Ce trésor bien gardé est entretenu et animé par des passionnés, avec l’aide du Pays.

Au PK 5 de Arue, la Maison de James Norman Hall n’a pas toujours été aussi resplendissante qu’aujourd’hui. L’écrivain américain, auteur, avec Charles Nordhoff, des « Mutinés de la Bounty », de « Hurricane » et de bien d’autres œuvres ayant fait l’objet de films célèbres, s’est installé à Tahiti dans les années 1920. Le district de Arue où James Norman Hall choisi de faire construire sa maison était à l’époque calme et sauvage, idéalement situé face à la baie de Matavai. « Papa Hall » y vécut de longues années avec son épouse tahitienne Sarah Teraureia Winchester, surnommé « Mama Lala », et leurs enfants Nancy et Conrad. L’écrivain, décédé en 1951, est enterré sur la colline au-dessus de sa maison, aux côtés de sa femme disparue en 1985. C’est à partir de cette date que l’histoire de la jolie maison de la famille Hall devint plus tumultueuse ! Achetés en 1991 par le Pays, la maison et son jardin sont classés monument historique en 1993. Mais faute d’occupant et d’entretien, celle-ci tombe progressivement en ruine.

Entre motivation et patience…

Après des années de persévérance de la part des héritiers Hall et autant de ministères de la Culture plus tard, la maison est fastidieusement reconstruite par le Pays à l’identique, jusqu’au plus petit détail et même le jardin retrouva sa gloire passée. Elle est inaugurée le 17 janvier 2002 pour devenir un lieu ouvert au public. Une convention entre le pays et l’association des « amis de la maison James Norman Hall »* est signée, elle stipule que l’association prend à sa charge le fonctionnement, l’entretien et l’aménagement de la maison. La bibliothèque, composée de plus de 3 000 ouvrages, et les affaires personnelles des Hall, empruntées à la famille, furent remis à leur place. Conclusion : le terrain et la maison appartiennent au Pays, mais tout le mobilier et les objets à la famille Hall ! « Une double paternité qui ne rend pas la gestion des lieux très simple », avoue Teriivaea Neuffer, vice-président de l’association… « Si l’accueil, les visites et la gestion quotidienne sont assurées par l’association, les travaux du bâtiment, quand ils sont nécessaires, sont pris en charge par le Pays, via le Service de la Culture et du Patrimoine », poursuit-il. En 2010, les rénovations de la façade extérieure (peinture et réfection) et de la partie cuisine ont été entreprises. « Nous sommes chargés du suivi de la bonne exécution da la convention qui lie le pays et l’association », explique Teddy Tehei, chef du service de la Culture et du Patrimoine. Lorsque vous lirez les pages de cet article, les travaux seront d’ailleurs terminés et la cuisine de Mama Lala réouverte !

Un lieu plein de souvenirs

Aujourd’hui, la maison de James Norman Hall restitue l’environnement quotidien de ce héros de la première Guerre Mondiale, aventurier, poète et écrivain majeur de la littérature contemporaine américaine. Son bureau, sa bibliothèque, sa machine à écrire, le mobilier en bois précieux, quelques objets fétiches, des photos anciennes et ses tableaux préférés, c’est toute l’atmosphère d’une belle demeure du Tahiti des années 1930 que l’on peut découvrir. « La majorité des visiteurs sont des touristes américains, notamment les croisiéristes », précise Teriivaea Nordoff. « James Norman Hall est un écrivain incontournable et unanimement apprécié aux Etats-Unis, autant qu’Ernest Hemingway. Le livre « Les révoltés de la Bounty » est régulièrement au programme des écoles, tout le monde le connaît. Les scolaires sont aussi une part non négligeable de notre public. Hall étant un héro de la première Guerre Mondiale, étudiée au collège, la visite de sa maison permet d’apporter aux élèves un éclairage plus concret. Nous essayons de maintenir la présence de la population locale dans ce lieu en diversifiant nos activités : salon de thé, visites guidées, vente des livres de l’écrivain, etc. Notre patrimoine n’est pas constitué que de marae ou de tiki. Tout comme Brel ou Gauguin, James Norman Hall fait partie des personnalités qui ont marqué ce Pays et ont contribué à le faire rayonner : il a enrichi notre patrimoine et son histoire représente un véritable intérêt pour les Polynésiens ».

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Le ‘uru de la Bounty

Depuis le salon de la maison James Norman Hall, on peut apercevoir un tumu ‘uru pas tout à fait comme les autres… Situé dans la cour de l’ancienne mairie de Arue, cet arbre est l’un des descendants directs de l’un des 2 000 plants que le capitaine Blight envoya en Jamaïque lors de la seconde expédition de 1792, destinés à nourrir les esclaves… La réplique de la « Bounty » recueillit en 1961, à la Jamaïque, l’un de ces pieds d’arbre à pain pour le transporter à Tahiti. Un geste symbolique émouvant ! Celui-ci a été planté par la Société Nationale de Géographie des États-Unis d’Amérique et les élèves de l’école de Arue, le 4 mars 1961, en compagnie de Nancy Hall. Sur la plaque commémorative installée au pied du ‘uru on peut lire l’inscription suivante : « En 1792, le commandant William Bligh (1754-1817) de la Marine Royale d’Angleterre est venu à Tahiti chercher des arbres à pain pour les transplanter aux Antilles. Son premier voyage en 1767 s’est terminé par un désastre : la mutinerie à bord de son navire la Bounty. Le deuxième voyage a réussi et en 1773, Bligh a débarqué ses plantes aux Antilles. » Difficile d’accès et peu valorisé, l’association des amis de la maison James Norman Hall souhaiterait, avec l’accord du Pays et de la commune d’Arue, transférer ce tumu ‘uru dans le jardin de la maison, afin de lui rendre toute son importance. Projet à suivre !

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La cuisine de Maman Lala…

Dans un magnifique jardin de plantes tropicale, des rafraîchissements sur la terrasse ombragée peuvent être servis. Sur réservation (24h avant), il est même possible d’y déguster de délicieux poissons crus ou sashimi, préparés dans la cuisine de Mama Lala tout récemment rénovée ! Réservations  au 500 161.

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Pratique

Maison de la James Normal Hall

Ouvert du mardi au samedi, de 9h à 16h

Informations : 500 160 – [email protected]

* L’association est actuellement présidée par Nancy Hall Rutgers et comprend plus d’une soixantaine de membres locaux, tous des proches de la famille. Elle emploie trois permanents chargés de l’accueil et de la visite des lieux.


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