« Je vis ma culture, tout simplement »

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Chanteur, musicien, auteur, compositeur, producteur, Tapuarii est un artiste complet aussi talentueux que généreux. Il donnera, avec ses amis, un grand concert à To’ata le 1er mai avant de partir pour une tournée aux îles Sous le Vent. Rencontre avec un amoureux de la musique, tout simplement.

Peux-tu nous en dire plus sur le concert que tu vas donner à To’ata le 1er mai ?
Depuis 1988 déjà, avec mon groupe « Cool Morning », nous avions pour habitude de partir en tournée dans les îles et de terminer par un grand concert à To’ata. Le dernier date de 2006. Il est donc temps de remonter sur scène ! Mais cette fois-ci, c’est un peu différent : nous commençons par To’ata avant de partir dans les îles, afin de réunir les fonds pour payer les déplacements…

Qui sera sur scène avec toi ?
Ma sœur Sabrina bien sûr, notre petite sœur Grace aussi, ainsi qu’Angelo, avec qui nous avons récemment fait le duo « Tapiri mai ». Il y aura d’autres surprises que je laisse au public la primeur de découvrir !

La musique et toi : une grande histoire familiale ?
Tous les Polynésiens sont très musicaux. Et puis c’est vrai que j’ai grandi dans une famille de musiciens… Ma mère Linda jouait de la guitare du matin au soir, elle nous a appris quelques accords mais surtout transmis sa passion. Lorsque nous étions tout jeune avec mes frères et mes soeurs, nous jouions à l’Office religieux le dimanche… C’est à partir de là que nous nous sommes plût à composer de la musique et à écrire des paroles de chanson.

Justement, quelles sont tes sources d’inspiration ?
Au risque de paraître banal : l’amour… J’ai eu la chance de vivre dans une famille très unie, nos liens sont forts. Et puis la nature évidement. En tant qu’enfant de la presqu’île, et avec un père agriculteur, nous avons été sensibilisés à ses bienfaits autant qu’à sa fragilité.

Retrace-nous ton parcours musical…
J’ai toujours joué de la musique et chanté, je suis monté pour la première fois sur scène à 11 ans, aux côtés de mon oncle Gabilou, pour participer au concours de chant « A la découverte d’une étoile ». En arrivant en ville à 14 ans, je suis rentré au lycée La Mennais, où il y avait une salle de musique à disposition… C’est là que j’ai rencontré Didier Marty avec qui je collabore toujours. Nous avions monté le groupe « Cool Morning » : on donnait des concerts dans les boîtes de nuit de l’époque, le New Orleans, le Galaxy, le Salvani’s. On a sorti notre premier album en 1991, qui porte le nom du groupe, puis un autre en 1994, « Local Boy ». Progressivement, on s’est fait une petite place dans le monde musical local. En 1996, je suis parti à Los Angeles pour suivre une formation au Musicians Institute d’Hollywood. De retour à Tahiti, j’ai crée mon propre studio d’enregistrement, « Native Studio », et sorti l’album « Tropical », dont le titre « Horo’a i te here » a bien marché… On a vendu plus de 25 000 albums ! C’est à partir de là qu’on est vraiment rentrés dans le cœur des Polynésiens. On a commencé à faire les premières parties de grands artistes comme Jimmy Cliff ou Patrick Bruel. Ca devenait plus sérieux !

Tu exportes ta musique ?
J’ai une petite distribution à Hawaii, en Nouvelle-Zélande et au Japon. Mais c’est difficile… Faire une carrière à l’international est le rêve de tous. En plus de disposer de gros moyens, il faut une structure professionnelle rigoureuse, des managers ; ce que nous n’avons pas à Tahiti. C’est décourageant car le potentiel artistique existe mais il n’est ni reconnu, ni encouragé : pas de statut d’intermittent du spectacle, pas d’encadrement… Pourtant la demande internationale existe. Quand on voit par exemple l’engouement pour la musique et la danse polynésienne au Japon, on se dit qu’il y aurait vraiment de quoi faire…

Personnellement, quels sont tes goûts musicaux ?
J’écoute absolument de tout ! Rock, reggae, musique classique, traditionnelle…. De U2 à Brel en passant par les Himene – je ne rate jamais un Heiva !

Tu maîtrises autant le tahitien que le français et l’anglais. Quel est ton rapport à la culture polynésienne ?
Je vis ma culture, tout simplement. D’après moi, la « culture » n’est pas un discours, elle ne « s’apprend » pas, elle se vit. Sinon c’est superficiel. Comme la majeure partie des Polynésiens, j’entretiens un rapport étroit avec la terre, l’océan, la pirogue, la danse, le chant, la musique… Tout ce qui nous rend uniques. Et comme tout le monde aussi, je suis « en prise » avec la modernité, son lot d’exigences et de stress ! Tout ceci fait que je suis à l’aise avec les autres cultures, avec d’autres gens et dans d’autres pays. Tant que l’on a la chance d’être bien avec soi-même et son environnement, on peut l’être partout je crois.

Cette année est celle de l’hommage à Henri Hiro, pour les 20 ans de sa disparition. Que penses-tu de sa philosophie?
J’aurais tellement aimé le rencontrer. C’était un visionnaire. Il a vu ce qui allait se passer avant tout le monde, car il connaissait la nature profonde des Polynésiens. Et pour cela il s’est levé, battu. Ses poèmes sont bouleversants de lucidité et de sagesse. Lorsque je suis allé en cours à l’Université, j’ai eu Turo a Raapoto comme professeur de tahitien. Ils sont dans la même veine : ce sont des piliers et des garants de la culture. Turo m’a beaucoup inspiré.

Si on te donnait un budget pour faire une action culturelle, que mettrais-tu en place ?
Avant de faire quoi que ce soit, je réunirais des piliers de chaque domaine culturel afin de pouvoir donner des axes de travail à ces derniers, une ligne de conduite leur permettant de s’épanouir. Il faut connaître la source avant d’agir !

ENCADRE

NOUVEL ALBUM DE TAPUARII !

« Tahiti », en vente dans les magasins Carrefours au tarif de 2 500 Fcfp.

ENCADRE

Concert de Tapuarii

Lundi 1er mai, à 19h30

Place To’ata

Tarifs : au sol / centrale : 3 000 Fcfp / virage et latérales : 2 000 Fcfp

Vente aux deux Carrefours (Arue et Punaauia)

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