L’archivage audiovisuel : assurer la pérennité du patrimoine culturel polynésien

La durée de vie des supports audiovisuels et des machines associées à leur lecture n’est pas infinie. C’est ce qui pousse les archivistes, garants de la mémoire patrimoniale, à trouver de nouvelles façons de stocker les documents pour en assurer leur conservation.

Depuis deux ans, l’Institut de la Communication Audiovisuelle (ICA) a commencé la numérisation de tous les supports audiovisuels que compte l’Etablissement. Un archivage en deux étapes : d’abord le stockage sur des serveurs informatiques, ensuite, le référencement et la documentation de tous les fichiers numérisés. Eric Bourgeois, Directeur de l’ICA, nous en dit plus sur ce travail essentiel pour l’avenir et la préservation de notre patrimoine audiovisuel.

En quoi consiste la numérisation des documents audiovisuels ?

Il s’agit de transformer un support physique en un fichier informatique. C’est l’équivalent du passage du vinyle au fichier mp3. Dans l’archivage audiovisuel, la « dématérialisation » et la numérisation ne font qu’un. En effet, dans notre processus de sauvegarde, la cassette vidéo est numérisée directement sur disque dur et conservée dans des serveurs informatiques.

Pour quelles raisons choisissez-vous de numériser les documents pour les archiver ?

La première est économique. La numérisation sur des disques durs coûte moins cher que le stockage sur des bandes vidéo. C’est surtout vrai depuis que les prix de vente des disques durs ont considérablement diminué, il y a deux ou trois ans. C’est d’autant plus déterminant que l’archivage sur supports DVD n’est pas non plus envisageable, car même s’il coûte moins cher que celui sur bandes vidéo, il n’est pas assez fiable dans le temps. La gravure des données est trop aléatoire.

La deuxième raison est purement pratique. Il est beaucoup plus facile de manipuler des documents numérisés. C’est moins contraignant, plus rapide, et plus adapté à l’évolution technologique des supports : la chaîne vidéo est pratiquement entièrement dématérialisée. Demain, toutes les caméras « professionnelles » enregistreront directement sur des mémoires type « flash » (comme c’est déjà le cas pour de petits caméscopes). Les systèmes de montage qui existent aujourd’hui sont eux aussi exclusivement sur ordinateur. Pour pouvoir monter une vidéo, il faut donc qu’elle soit dématérialisée.

Il n’y a, en somme, que des avantages à numériser pour archiver ?

Oui… L’autre avantage de la numérisation est que l’on peut transporter géographiquement les documents de manière beaucoup plus simple et donc restituer et partager notre patrimoine avec le plus grand nombre. On n’aurait pas pu envisager la valorisation Internet de nos archives si on ne les avait pas numérisées. La numérisation est déployée sur nos deux missions principales que sont la conservation et la valorisation du patrimoine polynésien. A l’ICA, quatre personnes travaillent sur ce plan de sauvegarde numérique. On aura bientôt fini de numériser les masters. Il nous restera tous les rushs et autres programmes. On ne fait pas de sprint, mais plus une course de fond : on ne doit jamais s’arrêter car en plus de ce travail de restauration du passé nous devons conserver le présent.

Vous préparez aussi l’avenir avec l’arrivée du haut débit numérique ?

Tout à fait. Très bientôt les gens vont pouvoir avoir accès de manière fluide aux informations qui sont sur le site Internet de l’ICA (www.ica.pf). Pour retrouver les documents numérisés, il faut donc les documenter et les classer dans une base de données. C’est la deuxième partie de notre travail. Aujourd’hui, on compte plus de 12 000 fichiers déjà numérisés. Autant de documents qui sont les témoins du patrimoine culturel polynésien et qu’il est d’ores et déjà possible de partager.

* ICA : Institut de la Communication Audiovisuelle

ENCADRE

La numérisation du fonds audiovisuel de l’ICA, c’est :

– 1 138 fichiers vidéos consultables sur le site de l’ICA – www.ica.pf ;

– Plus de 12 000 fichiers numérisés stockés sur un serveur ;

– Pour se prémunir de tout éventuel accident (incendie, inondation…), une copie intégrale du serveur de l’ICA sera bientôt délocalisée et mise à l’abri dans un autre établissement.

ENCADRE

Numériser : pourquoi ?

– Assurer la conservation pérenne de la culture polynésienne ;

– Partager et restituer plus rapidement les informations ;

– Valoriser plus facilement le patrimoine.

PRATIQUE

Le public peut avoir accès aux archives stockées qui ne sont pas en ligne simplement en se rendant dans les locaux de l’ICA (à la Mission, immeuble TNTV). C’est gratuit et il suffit de prendre rendez-vous au 50 67 50, du lundi au vendredi, de 7h00 à 17h00.

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