Il était une fois… être conteur

Comment es-tu devenue conteuse ?

Par amour du conte ! Je suis « tombée dedans » par hasard, à 18 ans, en me rendant à un spectacle de conte pour adulte. Ce fut une véritable révélation. J’ai compris ce jour-là le sens de l’expression « être suspendu aux lèvres de quelqu’un » ! Depuis, je n’ai plus cessé de me rendre à tous les spectacles de conte, de rencontrer des conteurs et d’enrichir ma bibliothèque. Je m’amusais à raconter les contes entendus à mes amis et aux enfants du centre socio culturel dans lequel je travaillais à Paris, à l’époque. C’était devenu ma passion, mais je ne pensais pas en faire un métier. Il n’y a qu’en arrivant à Tahiti il y a 8 ans que j’ai décidé de prendre un nouveau départ en me consacrant entièrement à l’univers du conte.

Comment as-tu fait ?

J’ai commencé en me présentant dans les écoles maternelles et primaires de l’île, qui m’ont proposé quelques prestations. Et puis de fil en aiguille, je me suis fait connaître et j’ai fait connaître le conte, on m’a de plus en plus demandé d’animer des ateliers, puis des spectacles publics ou privés.

Explique-nous ton métier…

Il recouvre de nombreuses facettes, de la recherche à l’écriture en passant par la transmission orale. Ce n’est pas le même travail d’animer un atelier pour des élèves de primaire, collège ou lycée, ou de donner des spectacles, ou encore de raconter des contes aux petits, aux grands, etc. Chacun de ces aspects requiert une préparation différente et conduit à un objectif spécifique. Celui des ateliers, par exemple, est d’amener les enfants, par l’oralité, à prendre le goût de lire afin de mieux maîtriser la langue. J’anime également un atelier à l’IME* : là, nous faisons un travail de déblocage de certains troubles au travers du conte, en théâtralisant des passages qui « touchent » directement les patients. Alors que pendant un spectacle, le but est de permettre au public de s’évader, de rêver… Un point commun relie néanmoins toutes ces facettes : le conte permet de faire passer un message. Car un conte n’est jamais écrit pour rien, il y a toujours une finalité : morale, philosophique, politique, féerique, etc.

Conteur, c’est un peu comme professeur, psychologue ou comédien ?

C’est justement un peu des trois !

Racontes-tu des contes polynésiens ?

Bien sûr, mais ceux du domaine public uniquement. Rien que le livre de Teuira Henry, Tahiti aux temps anciens, constitue une source inépuisable de récits ! Le conte, ou la légende, en Polynésie, appartient aux familles. Il ne peut être raconté que par un membre de la famille en question, au risque de perdre son mana. C’est pourquoi les légendes restent dans le cercle privé et que les anciens refusent bien souvent de les raconter.

Comment raconte-t-on oralement une histoire écrite ?

C’est bien là toute la subtilité du métier de conteur ! Car il ne s’agit pas de lire un texte à haute voix. Autrement, conter ne serait pas un art. Il s’agit de connaître l’histoire, certes, et de respecter sa trame et sa conclusion. Mais après, il faut avoir une imagination débordante et une grande capacité d’improvisation, pour aller plus loin que le conte et parvenir à transporter son public !

Qu’est-ce qui te fait toujours vibrer dans ce métier ?

Le regard des gens. Voir toutes ces émotions passer dans les yeux du public est tout simplement la plus belle des récompenses.

Qu’est-ce qu’un conte ?

Le conte est un récit de faits ou d’aventures imaginaires. A l’origine, un conte est raconté à l’oral. Depuis la Renaissance, il a néanmoins fait l’objet de réécritures, devenant au fil des siècles un genre écrit à part entière en Occident. Mais en Polynésie par exemple, l’art du conte demeure une tradition orale. On peut ainsi distinguer deux pratiques du genre littéraire du conte : orale et écrite. Ces deux pratiques diffèrent dans leur fonctionnement (modes de création, de diffusion) comme dans leur contenu, ce qui amène à les considérer de manière séparée.

Devenir conteur

Voici une profession qui compte sans doute autant de parcours que de conteurs. Une diversité qui contribue certainement à leur talent, mais qui complique un peu les démarches des débutants ! La première étape est, bien sûr, d’être un inconditionnel de la lecture. Mais il faudra certainement vous expatrier de Tahiti un moment afin de participer à des événements organisés autour du conte, pour découvrir les différentes pratiques et rencontrer des professionnels. L’apprenti conteur a aussi intérêt à suivre des stages pour apprendre les techniques du métier, en même temps qu’il s’entraîne au récit auprès de ses proches. Beaucoup de conteurs ont débuté comme amateurs. Le passage au statut de professionnel se fait progressivement, quand le conteur se fait rémunérer de plus en plus régulièrement.

L’heure du conte à la Maison de la Culture

Chaque mois, Léonore Canéri émerveille vos petits pendant « L’heure du conte », proposée à la Bibliothèque pour Enfants de la Maison de la Culture. Une animation à ne pas manquer, pour des instants d’évasion magiques au travers des récits qui feront voyager les enfants aux quatre coins du monde.

Où et quand ?

  • – Bibliothèque pour enfants de la Maison de la Culture
  • – Un mercredi par mois à 14h30
  • – Entrée libre
  • Renseignements au 544 544
  • www.maisondelaculture.pf

* IME : Institut Médico Educatif

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